QUÉBEC — Des centaines de travailleurs de la métallurgie mis en lock-out par Rio Tinto Alcan à Alma au Québec se sont rassemblés devant l’Assemblée nationale du Québec le 3 mai. Ils ont accueilli 24 membres de leur syndicat qui finissaient un marathon de sept jours entre Alma et la capitale provinciale pour présenter au gouvernement une pétition signée par 12 000 personnes. La pétition exige du gouvernement qu’il n’achète plus l’électricité inutilisée par Rio Tinto pendant le lock-out car cela renforce la campagne antisyndicale de la compagnie en mettant plus de 50 millions de dollars dans ses coffres.
Pauline Marois, dirigeante du Parti québécois, un parti nationaliste bourgeois québécois d’opposition au niveau provincial, a pris la parole lors du rassemblement syndical avant de présenter la pétition au gouvernement. Sans perdre de temps, le gouvernement libéral a rejeté les revendications des pétitionnaires. Le maire d’Alma a conservé une neutralité formelle depuis le début.
Rio Tinto a mis en lock-out 780 métallurgistes le 1er janvier. Les travailleurs demandent un nombre minimum garanti d’emplois syndiqués. Les patrons veulent remplacer de nombreux emplois syndiqués au fur et à mesure des départs en retraite par des emplois en sous-traitance payés à moitié prix.
Au cours du rassemblement, Solène Boudrias et sa mère Marlène Boudrias, toutes deux membres de l’Alliance de la fonction publique du Canada, ont raconté au Militant leur participation dans la ligne de « piquetage des épouses » le 21 avril. Quelque 200 parents et amis des syndicalistes mis en lock-out les ont remplacés sur les lignes de piquetage ce jour-là. « Cela a aidé à briser notre isolement. Nous avons appris que nous avions tous la même expérience, a dit Solène Boudrias. C’est difficile d’argumenter tout le temps avec les autres. Les gens pensent que les travailleurs sont en grève et qu’ils le font pour obtenir plus d’argent. »
Rio Tinto emploie environ 77 000 personnes dans 40 pays. Cette compagnie internationale extrait, affine et fait fondre aluminium, cuivre, diamants, charbon, minerai de fer, uranium, or et autres minéraux. C’est le deuxième plus grand producteur d’aluminium au monde et la majorité de ses usines d’aluminium sont au Canada.
« La compagnie voit le conflit dans une perspective à long terme, » a dit le métallo lock-outé Martin Potvin au Militant. « C’est uniquement au Canada que nous avons encore un régime de retraite à prestations déterminées. En 2015 toutes les installations de la compagnie dans la région renégocieront leurs plans de pension. »
L’usine d’Alma fonctionne au tiers de sa production normale et n’a pas été capable de satisfaire les commandes de ses clients, a dit l’attachée de presse de la compagnie Claudine Gagnon au Militant. « Mais nos clients sont au courant de la situation. »
Le 6 avril la compagnie a rompu les négociations initiées par un conciliateur. Claudine Gagnon a informé le Militant que Rio Tinto n’est pas d’accord avec la revendication syndicale de maintenir un minimum garanti de 900 emplois syndiqués.
« Les gens sont écoeurés de voir qu’il ne se passe rien, » a dit le métallo lockouté Danny Bouchard au cours d’un entretien téléphonique. « La compagnie a rompu les négociations lorsqu’elle a vu que la solidarité arrive encore. »
Le 20 avril Rio Tinto a suspendu deux syndiqués accusés d’avoir commis des actes de sabotage l’année passée. Les suspensions entreront en vigueur une fois le lockout terminé.
« Nous défendons fermement ces travailleurs, » a déclaré le président syndical Marc Maltais au Militant. « Nous somme sortis avec 778 membres et nous rentrerons avec 778 membres. Il n’y a pas eu de sabotage. »
Le piquetage continue 24 heures sur 24 et sept jours sur sept à Alma.
Pour tout renseignement concernant les manifestations syndicales prévues dans les semaines à venir ou pour envoyer des messages de soutien, contactez : Métallos local 9490, 830 rue des Pins ouest, Alma, Québec G8B 7R3. Tél : (418) 662-7354. Courriel : syndicat@staalma.org.