ALMA, Québec—« Je lâcherai pour rien au monde, » a dit au Militant Carl Larouche, opérateur à la raffinerie d’aluminium de Rio Tinto Alcan ici. Carl Larouche est parmi les 780 membres de la section locale 9490 du syndicat des Métallos qui tiennent bon au moment où le lock-out par le géant minier entame son sixième mois.
L’entreprise veut se donner une grande marge de manœuvre pour remplacer les travailleurs syndiqués qui prennent leur retraite par des sous-traitants payés à la moitié du salaire. Depuis le début du lock-out, le gouvernement du Québec a acheté le surplus d’électricité générée par les barrages que possède Rio Tinto, offrant ainsi à l’entreprise de l’aide pour traverser le lock-out.
« C’est un conflit qui va perdurer, » a expliqué Marc Maltais, président de la section locale 9490 des Métallos, lors d’une entrevue téléphonique.
Le 14 mai au conseil municipal d’Alma, Étienne Jacques, chef des opérations de Rio Tinto Alcan pour le métal primaire en Amérique du Nord, a dit vouloir régler le conflit avant l’été. Deux jours plus tard, les maires d’Alma et de Saguenay ainsi que d’autres élus de la région du Saguenay-Lac-St-Jean ont fait appel au syndicat : « Saisissez cette chance d’en arriver à une entente. »
Rio Tinto Alcan possède six alumineries au Québec, dont celle à Alma, en plus d’une usine d’alumine, six barrages hydro-électriques et deux alumineries en coentreprise. RTA exploite également les installations ferroviaire, à Roberval au Saguenay, et portuaire, à Port-Alfred.
Les 30 et 31 mai, les médiateurs gouvernementaux ont rencontré séparément les représentants du syndicat et ensuite ceux de l’entreprise.
« Quand on arrive pour négocier, ils disent : « Vous voulez encore parler de plancher d’emploi ? » et ils virent de bord, » a dit Luc Côté sur la ligne de piquetage. L’idée « que les syndiqués sont ancrés dans leurs demandes inconcevables n’est qu’un prétexte ».
La production actuelle s’élève à un tiers de sa capacité normale, selon Claudine Gagnon, porte-parole régionale de RTA. La soi-disant loi anti-scab du Québec ne permet qu’aux cadres embauchés avant le conflit de traverser les lignes de piquetage. Mais Laval Larouche, qui a 27 d’ancienneté, a reflété l’opinion d’autres piqueteurs en disant : « Je vois bien des inconnus qui entrent. »
Une enquête gouvernementale confirme l’emploi de briseurs de grève par Rio Tinto, selon un reportage de Radio-Canada le 7 avril. Marc Maltais a dit que le syndicat recueille de l’information pour une possible poursuite légale.
Suzy Fournier, métallos en lock-out et organisatrice du « wife piquetage, » qui a rassemblé 200 femmes le 21 avril, explique que des petits commerçants font régulièrement des dons à la ligne de piquetage. Un traiteur fournit un dîner spaghetti à tous les mercredis et plusieurs fromageries font des contributions.
La convention collective des 1150 travailleurs à la raffinerie d’aluminium de Rio Tinto à Kitimat en Colombie-Britannique arrive à échéance le 23 juillet. « Beaucoup de postes ont été discutés spécifiquement en 2007. Maintenant l’employeur veut les sous-traiter. C’est la même question qu’à Alma, » a expliqué au Militant Richard Belmont, président du syndicat des Travailleurs canadiens de l’automobile représentant les travailleurs de la raffinerie.
Pour envoyer des messages de solidarité et pour obtenir d’autres renseignements, consultez le site web du
syndicat : www.solidaritealma.org.