Le discours sur l’état de l’Union présenté le 12 février par le président Barack Obama, une suite à son deuxième discours d’investiture le 21 janvier, n’a rien proposé pour répondre aux préoccupations des travailleurs concernant le chômage et d’autres ravages de la crise mondiale du capitalisme.
Parmi les choses les plus frappantes, compte tenu de la persistance d’un taux élevé de chômage, est le manque de tout intérêt de la part de l’administration Obama, ou tout autre politicien, pour un programme de travaux publics financé par le gouvernement pour remettre des millions au travail, ou de toute autre mesure pour alléger les effets de la crise sur les travailleurs.
À l’opposé, les présidents Franklin D. Roosevelt dans la seconde moitié des années 1930 et Harry Truman après la deuxième guerre mondiale ont proposé d’importants programmes d’emplois dans le cadre de leurs plateformes New Deal et Fair Deal.
La différence n’est pas idéologique ou politique. La différence réside dans le niveau de la lutte de classe et comment la classe dirigeante y répond.
Après une légère reprise des embauches au milieu des années 1930, les luttes des travailleurs pour se syndiquer et en faveur de mesures visant à atténuer les effets de la dépression ont mis la pression sur Roosevelt pour qu’il fasse des concessions, entre autres sur la question des emplois et du droit de se syndiquer.
Des millions de travailleurs rentrant chez eux après la deuxième guerre mondiale demandaient des emplois, des salaires plus élevés et l’accès à l’éducation. Ils ont forcé Truman à inscrire 10 millions de travailleurs de plus à la sécurité sociale dont il a augmenté les prestations, de majorer le salaire minimum de 100 pour cent et de faire adopter le GI Bill (loi sur les vétérans).
Le fait est qu’il n’existe pas de mesures gouvernementales, qu’elle soit fiscale, monétaire ou autre, pouvant empêcher le ralentissement de la production, du commerce et de l’emploi qui est au cœur des crises économiques et financières. La classe possédante n’a ni solutions, ni plans, ni idées. Ils réagissent de façon pragmatique en s’attaquant à la classe ouvrière et espèrent que leurs problèmes économiques vont disparaître d’une façon ou d’une autre.
Il y a eu peu de luttes ouvrières ou d’autres luttes sociales des travailleurs qui pourraient déstabiliser les propriétaires du capital aujourd’hui. Le chômage élevé qui intensifie la concurrence entre travailleurs et l’absence d’une perspective de lutte de la part des directions syndicales sont parmi les facteurs qui limitent de tels combats en ce moment.
Dans ces conditions, la classe possédante et leurs politiciens ne ressentent pas de pressions politiques pour rediriger une partie de leurs profits vers le financement par le gouvernement d’un véritable programme de travail ou de toute autre mesure visant à atténuer les effets de la crise sur la vie des travailleurs. Tout démontre qu’en dépit de leurs problèmes économiques les dirigeants sont très confiants dans le mode d’attaque actuel.
Barack Obama a axé son discours sur les questions de politique intérieure, mettant l’accent sur une série de petites mesures et de formules vagues dont un grand nombre étaient étonnamment limitées dans leur portée – tout cela en se couvrant d’un vernis libéral et de références répétées à la « classe moyenne » dont il se faisait le porte-parole,
Il se vantait qu’ « après avoir perdu des emplois pendant plus de 10 ans, nos manufacturiers ont créé environ 500 000 emplois au cours des trois dernières années. » Il a cité certaines entreprises ayant rapatrié leur production aux États-Unis, y compris Intel, Apple et Ford.
Mais la raison pour laquelle ces patrons ont décidé de revenir est le succès remporté par leur classe en faisant travailler les ouvriers aux États-Unis plus longtemps, plus dur, et plus rapidement, pour un salaire plus bas.
Barack Obama a élaboré des « initiatives » vides allant de la cartographie du cerveau humain jusqu’à la fabrication de batteries plus puissantes. Il a appelé à prendre d’autres mesures de contrôle climatique et à accorder une plus grande importance à l’apprentissage des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques.
Il a également proposé un effort pour amener le Congrès à augmenter le salaire minimum fédéral de 7,25 $ à 9 $ l’heure. Ce minimum fixé par le gouvernement pour la plupart des travailleurs est augmenté de temps en temps, sous les Démocrates et les Républicains, ce qui reflète une montée de la lutte des classes, de l’inflation et d’autres facteurs.
Bien qu’un tel changement soit le bienvenu, l’échec probable de son adoption dans un avenir proche peut être imputé à un Congrès à majorité républicaine.
Déficits budgétaires et réductions de Medicare
Barack Obama a déclaré que le plus grand défi est de réduire le déficit budgétaire du gouvernement U.S., dont les patrons et banquiers craignent qu’il n’affaiblisse les obligations, la devise et le pouvoir commercial du capital U.S. Il a souligné la nécessité d’un accord bipartisan sur les « réformes » du programme d’assurance-maladie Medicare, qui vise à réduire son financement et de réduire le nombre de services qu’il couvre.
« Nos factures médicales ne devraient pas être basées sur le nombre de tests demandés ou de jours passés à l’hôpital », a-t-il dit. « Elles devraient être basées sur la qualité des soins que reçoivent nos aînés. »
« La qualité des soins » est un euphémisme qui signifie que le gouvernement ne paiera pas pour les visites chez le médecin ou les séjours à l’hôpital si vous y êtes « trop souvent » ou si vous tombez continuellement malade.
Barack Obama a abordé la politique étrangère de l’impérialisme U.S. Il a vanté le retrait continu d’Afghanistan, la réduction de la taille de l’armée et les efforts continus visant à éviter la présence de troupes U.S. dans de nouvelles guerres.
Mais il a aussi souligné des situations explosives qui présentent un défi au contrôle U.S. des marchés et des ressources dans le monde, de l’Afrique à l’Asie, et ce qu’on appelle le printemps arabe au Moyen-Orient dont il a dit que ça devenait « agité ». Il a poussé à la construction du Partenariat trans-Pacifique, une alliance commerciale régionale dont l’objectif est d’isoler la Chine, un complément au « pivot » grandissant de la puissance militaire américaine dans la région, où les tensions et les conflits grandissent.
Mais les développements politiques qui se déroulent partout dans le monde, tout comme le capitalisme lui-même, sont de plus en plus imprévisibles et hors du contrôle de la classe dirigeante. Ils demeurent gros du danger potentiel que les Etats-Unis soient entraînés, même à contrecœur, dans d’interminables guerres à caractère coloniales, qui mènent toujours à des « conséquences imprévisibles ».