LA HAVANE — La révolution cubaine « est sortie victorieuse et renforcée » de la mission internationaliste de 1975-1991 en Angola, a déclaré le général de brigade Harry Villegas le 18 février lors du lancement du livre Cuba and Angola: Fighting for Africa’s Freedom and Our Own.
Le nouveau livre est publié par les éditions Pathfinder en anglais et en espagnol. Il raconte la réponse des travailleurs de Cuba et de leur direction révolutionnaire au gouvernement de l’Angola qui demandait de l’aide, juste après avoir gagné son indépendance du Portugal, pour repousser une invasion du régime de la suprématie blanche de l’Afrique du Sud soutenue par les États-Unis. Plus de 425 000 volontaires cubains ont pris part à cette mission internationaliste, qui a duré près de 16 ans et dont la victoire a assuré la souveraineté de l’Angola, obtenu l’indépendance de la Namibie et accéléré l’effondrement de l’apartheid en Afrique du Sud.
L’événement faisait partie de dizaines de présentations de livres, de tables rondes et de séances de lecture de poésie et de littérature en lien avec l’Angola lors de la Foire internationale du livre de La Havane, qui s’est tenue ici du 14 au 24 février. L’Angola a été le pays d’honneur cette année dans cet immense festival culturel annuel.
Ceux qui ont aussi pris la parole aux côtés de Harry Villegas à l’événement Cuba et l’Angola sont le général de brigade Gustavo Chui (Harry Villegas et Gustavo Chui étaient tous deux officiers en première ligne dans les batailles menées en Angola) ; Jorge Sutil, un membre de la direction nationale de l’Union des jeunes communistes (UJC) ; et Mary-Alice Waters, la rédactrice du livre et une membre du Comité national du Parti socialiste des travailleurs. Martín Koppel, responsable de la préparation du livre en espagnol, a présidé la réunion.
Parmi les 80 personnes présentes il y avait de nombreux autres internationalistes cubains qui avaient servi en Angola ou dans d’autres pays africains. L’un d’eux était Víctor Dreke, commandant en second de la mission dirigée par Che Guevara au Congo en 1965. L’année suivante, Victor Dreke a dirigé la première colonne de combattants cubains qui se sont joints à ceux qui se battaient contre la domination coloniale portugaise en Guinée-Bissau. Il est aujourd’hui le vice-président exécutif de l’Association des combattants de la révolution cubaine.
Y participaient également des délégations de dirigeants de l’Union des jeunes communistes et de l’Institut cubain de l’amitié avec les peuples, y compris sa présidente, Kenia Serrano. Nombre de jeunes faisaient aussi partie du public, les parents de certains d’entre eux ayant servi en Angola.
Cuba and Angola, a expliqué Mary-Alice Waters, fait vivre l’exemple de la révolution cubaine pour les travailleurs et les jeunes dans le monde entier. Aujourd’hui, face à l’extension de la crise capitaliste internationale de production et du commerce, a-t-elle dit, les travailleurs et les agriculteurs aux États-Unis et ailleurs « deviennent plus ouverts à considérer cet exemple dans toute la richesse de ses détails qu’à n’importe quel autre moment au cours des 60 dernières années. Plus ouverts grâce à leurs propres expériences. »
La contribution des internationalistes cubains en Angola « n’était pas une faveur faite à d’autres, » a déclaré Jorge Sutil, membre du bureau national de l’UJC, en citant l’introduction du livre. « C’était aussi la révolution cubaine elle-même qui était en jeu ainsi que la force de son noyau prolétarien. » Jorge Sutil est responsable du travail de l’organisation de la jeunesse communiste parmi les jeunes travailleurs, les paysans et les soldats.
Il a rappelé comment les activités pour dire au revoir aux volontaires internationalistes pour l’Angola et pour célébrer leur retour avaient eu un impact profond sur lui, alors enfant grandissant dans une ville de raffineries de sucre dans la province de Camagüey.
Parmi les jeunes Cubains « dont la vie a été transformée en se battant coude à coude avec le peuple d’Angola, » a déclaré Jorge Sutil, il y avait Gerardo Hernández, Fernando González et René González, « trois de nos cinq héros et frères injustement enfermés dans les prisons de l’empire. »
Jorge Sutil a choisi une observation de Fidel Castro dans un discours de 1975 reproduit dans le livre : « L’attitude d’un homme envers la guerre dépend de son niveau culturel et de son développement politique. » Cette déclaration, a affirmé Jorge Sutil à la réunion, souligne l’importance du travail de l’UJC pour faire avancer la compréhension politique de jeunes combattants présents aujourd’hui dans les forces armées révolutionnaires de Cuba.
Se battre pour l’indépendance de l’Angola
Le général de brigade Gustavo Chui a parlé du rôle dirigeant de Fidel Castro en tant que commandant en chef des soldats cubains pendant les premières batailles en Angola à la fin de 1975. L’Afrique du Sud et d’autres forces pro-impérialistes avançaient alors rapidement en direction de Luanda, la capitale. Ils cherchaient à installer au pouvoir des groupes angolais qui leur étaient redevables avant que les dirigeants portugais abandonnent leur domination coloniale de près de 500 ans le 11 novembre 1975 et que l’Angola devienne indépendant.
En réponse, a expliqué Gustavo Chui, des centaines et plus tard des milliers de volontaires cubains ont traversé l’océan Atlantique dans de vieux avions à turbopropulseur Britannia et des cargos et paquebots aménagés. Le nouveau livre contient un entretien avec Gustavo Chui.
Gustavo Chui a affirmé que lui et d’autres officiers au quartier général de La Havane de l’état major cubain de la mission au début « avaient des doutes sur notre capacité de sauver l’Angola. Notre commandant en chef nous disait toujours de ne pas nous laisser décourager, que nous allions gagner la guerre. Et je me suis dit : « Oh mon dieu ! Notre commandant est devenu fou ! »
Mais Fidel avait raison, a raconté Gustavo Chui. Ils ont gagné. Et la vision stratégique de Fidel Castro, sa confiance dans les combattants et dans les peuples cubain et angolais, ainsi que son implication quotidienne dans la direction des opérations militaires ont été d’une importance décisive.
La principale présentation à l’événement Cuba et l’Angola a été faite par le général de brigade Harry Villegas, qui comme Gustavo Chui avait été un combattant de l’armée Rebelle dans la guerre révolutionnaire qui a fait tomber la dictature de Batista soutenu par les États-Unis en 1959. Connu ici comme Pombo, son nom de guerre, Harry Villegas a servi dans des missions de combat internationalistes dirigées par Che Guevara au Congo en 1965 et en Bolivie en 1966-1967. Il s’est proposé pour des missions multiples en Angola, servant pendant la période finale et décisive de la guerre comme officier de liaison avec le haut commandement à Cuba. (Des extraits importants des présentations de Harry Villegas et de Gustavo Chui seront publiés dans un prochain numéro du Militant.)
Rôle décisif de la direction cubaine
La mission de combat de Cuba en Angola, a expliqué Harry Villegas, a profité d’actions internationalistes précédentes en Afrique. Cela a commencé au début 1963 avec l’aide apportée au mouvement de libération nationale contre le colonialisme français en Algérie « où nous avons envoyé des médecins avant d’envoyer des soldats, a-t-il dit. Notre coopération en Afrique a véritablement commencé en Algérie. »
Harry Villegas a attiré l’attention sur les volontaires cubains qui avaient combattu ensemble avec des forces anti-impérialistes au Congo et puis dans la guerre d’indépendance de Guinée-Bissau contre le colonialisme portugais. La victoire anti-coloniale en Guinée-Bissau en septembre 1974 a contribué à accélérer la fin de l’empire portugais au Cap-Vert, au Mozambique et enfin en Angola, a noté Pombo.
Il a esquissé la stratégie politico-militaire de la direction révolutionnaire de Cuba qui a mené à la victoire en Angola — 13 ans après le début de la mission — lorsque l’armée sud-africaine a lancé une deuxième invasion importante. Cette attaque a pris fin en mars 1988 avec la défaite écrasante des forces militaires de Pretoria dans la bataille de Cuito Cuanavale.
« Nous n’allions pas laisser les forces angolaises subir une défaite aux mains des Sud-Africains, » a dit Harry Villegas.
La direction cubaine était déterminée à ne jamais risquer une seule vie inutilement, a souligné Harry Villegas, à ne jamais initier un combat pour lequel elle n’avait pas les forces nécessaires pour l’emporter.
Il a terminé en citant un discours de 1991 de Raúl Castro publié dans Cuba and Angola. Raúl Castro était alors ministre des forces armées révolutionnaires. Il est aujourd’hui président de Cuba. Lorsque le peuple cubain « fait face à des défis nouveaux et inattendus, a dit Raúl Castro, nous serons toujours capables de nous souvenir de l’épopée d’Angola avec reconnaissance, car sans l’Angola nous ne serions pas aussi forts que nous sommes aujourd’hui. »
Pendant la foire du livre et des événements en lien avec elle, plus de 500 exemplaires de Cuba and Angola, en anglais et en espagnol, ont été vendus ou distribués.