À l’insistance de Washington, le Conseil de sécurité a décidé le 7 mars d’imposer des sanctions plus sévères contre la Corée du Nord, alors que l’armée U.S. mène des exercices militaires à grande échelle avec les forces sud-coréennes sur la péninsule, dans son ciel et ses eaux. Utilisant le prétexte de la technologie nucléaire et balistique de Pyongyang, les dirigeants U.S. rajoutent ces mesures à plus de six décennies d’agression contre la souveraineté coréenne, dans le but de mettre en quarantaine la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et d’infliger des privations au peuple coréen.
Entre autres choses, les dernières sanctions, adoptées à l’unanimité, imposent de nouvelles restrictions sur les transactions financières de la RPDC, le crédit, et les voyages à l’étranger : elles appellent à une interdiction plus stricte de ses navires et avions ; et élargissent la liste des importations interdites.
Le gouvernement U.S. et la République populaire de Chine, le pays voisin au nord de la RPDC et son principal partenaire commercial, ont rédigé la résolution.
Un essai de détonation nucléaire par Pyongyang le 12 février a servi de prétexte. En décembre dernier, la RPDC a lancé une fusée à longue portée qui a mis un satellite en orbite, ce que seulement une poignée de pays ont réussi à faire. Washington et le Conseil de sécurité qu’il malmène et dirige ont réagi avec une résolution le 22 janvier qui impose de nouvelles sanctions contre les banques, les entreprises, les organisations et les individus de la Corée du Nord. Pyongyang a déclaré qu’il a effectué cet essai nucléaire en réponse à cette résolution.
Il y a eu des milliers d’essais nucléaires et de lancements de satellites, principalement par Washington, depuis que l’ONU a été fondée en 1945, a souligné le ministère des Affaires étrangères nord-coréen, qui a qualifié les sanctions d’une « atteinte à la souveraineté de la RPDC. » Une semaine après la résolution de l’ONU, le gouvernement de la Corée du Sud a lancé son premier satellite sans un murmure de Washington.
Une longue histoire de souveraineté coréenne foulée aux pieds
La souveraineté coréenne est bafouée par l’impérialisme depuis plus d’un siècle. Dans le sillage de la deuxième guerre mondiale, après 50 ans de domination coloniale japonaise et de pillage de la Corée, Washington a imposé de force une partition du pays au trente-huitième parallèle. Le Sud a été placé sous l’administration directe de l’armée U.S. jusqu’à ce que des élections truquées effectuées sous le couvert de l’ONU en 1948 ont consolidé la dictature servile de Syngman Rhee.
Après le déclenchement d’un conflit militaire entre le Nord et le Sud en 1950, Washington a manigancé un vote à l’ONU comme couverture pour lancer une guerre sanglante impliquant près de 6 millions de soldats U.S. En trois ans de guerre, les forces U.S. ont largué 635 000 tonnes de bombes, rasant presque tous les bâtiments dans le Nord et dévastant des régions du Sud : plus de tonnage que dans l’ensemble du théâtre du Pacifique pendant la deuxième guerre mondiale. L’administration U.S. d’Harry Truman a menacé d’utiliser des armes nucléaires à plusieurs reprises. Quelque 4 millions de Coréens ont été tués, dont la vaste majorité étaient des civils.
Malgré l’ampleur de la destruction de Washington, le peuple coréen a infligé à l’impérialisme U.S. sa première défaite militaire, le forçant à accepter un cessez-le-feu en juillet 1953. Cependant, les dirigeants des États-Unis refusent toujours de signer un traité de paix et demeurent officiellement en guerre avec la Corée du Nord. Washington maintient quelque 28 500 soldats en Corée. La division de la Corée au trente-huitième parallèle est la seule partition d’un pays, imposée contre la volonté de son peuple au sortir de la deuxième guerre mondiale, à ne pas être réglée.
Les exercices militaires de l’armée U.S. ciblent la RPDC
Entre le 1er mars et le 30 avril, des forces U.S. et sud-coréennes sont engagées dans Foal Eagle, une manoeuvre militaire conjointe impliquant une dizaine de milliers de soldats U.S. dont la plupart n’opèrent pas depuis la Corée, et jusqu’à 200 000 soldats sud-coréens. Une autre manœuvre militaire conjointe, Key Resolve, se déroule simultanément du 11 au 21 mars. Elle implique environ 10 000 soldats sud coréens et 3 500 soldats U.S.
Peu de temps avant que ne commencent les manœuvres, l’agence de nouvelles sud-coréenne Yonhap a rapporté que Washington et Séoul envisagent le déploiement cette année d’un porte-avions à propulsion nucléaire et des bombardiers B-52 à capacité nucléaire. Le quotidien sud-coréen Le Hankyoreh a rapporté que les manœuvres incluent des bombardiers B-52, des chasseurs furtifs F-22 et deux destroyers Aegis à capacité nucléaire.
Dans le cadre de son opération « pivot d’Asie » dirigée contre la Chine et la Corée du Nord, Washington a redéployé quatorze sous-marins nucléaires Trident, qui transportent un millier d’ogives nucléaires, soit plus de la moitié de l’arsenal U.S. Neuf d’entre eux voguent dans l’océan Pacifique et cinq dans l’Atlantique, un changement par rapport au partage précédent de sept et sept, selon un rapport publié de 14 janvier par le Service de recherche du Congrès. « Le changement permet aux États-Unis d’améliorer leur couverture de cibles en Chine et en Corée du Nord, » indique le rapport.
Le gouvernement nord-coréen a répondu aux plus récentes sanctions et manœuvres militaires en déclarant nul l’accord de cessez le feu de 1953 et en coupant quelques lignes directes de communication militaires avec l’ONU et les forces sud-coréennes. En même temps, la RDPC maintient les opérations et les communications au sein du complexe industriel de Kaesong, une entreprise commune dans le Nord qui implique d’importants capitaux sud-coréens.
La RPDC a également réitéré son engagement à lutter pour la réunification nationale de la Corée.
« Si nous regardons l’histoire, le peuple coréen n’a jamais tiré la moindre flèche, ni jeté une seule pierre en direction du sol U.S., » a déclaré la RPDC, dans un communiqué le 5 mars.