Si une guerre éclatait dans la péninsule coréenne, a affirmé le dirigeant cubain Fidel Castro dans une déclaration publiée le 4 avril dans le quotidien Granma, le président des États-Unis Barack Obama et le gouvernement U.S. en seraient tenus pour responsables. « [L]es peuples des deux parties de la péninsule seraient horriblement sacrifiés, sans bénéfice pour aucun d’eux. »
Après des semaines de tensions croissantes, les dirigeants à Washington ont atténué les déclarations publiques belliqueuses à propos des exercices militaires des États Unis et de la Corée du Sud qui sont menés en ce moment contre le Nord. Ils ont rendu public un plan de « contre-provocation » visant à accroître la pression sur la République populaire démocratique de Corée tout en diminuant les risques de conflit armé.
La Corée du Nord a réagi aux récentes provocations américaines par des déclarations sur son intention de se défendre et en déclarant nul le cessez-le-feu de 1953. La Corée du Nord a aussi coupé sa ligne téléphonique militaire directe avec la Corée du Sud et retiré les travailleurs nord-coréens du parc industriel conjoint de Kaesong dans le Nord en barrant l’accès aux installations à partir du Sud. Pyongyang a également annoncé qu’elle prendrait des mesures pour renforcer sa capacité de se doter d’armes nucléaires mais qu’elle travaillerait à réduire davantage la prolifération nucléaire s’il y avait une « amélioration des relations avec les nations hostiles possédant des armes nucléaires. »
Le nouveau plan de contre-provocation des États-Unis avec la Corée du Sud appelle à une riposte forte mais « proportionnelle » à toute réponse de la Corée du Nord.
« Une guerre avec la Corée doit être évitée »
« En 1950, une guerre a été déclenchée, qui a coûté la vie à des millions de personnes, » a déclaré Fidel Castro dans un communiqué intitulé « Le devoir d’éviter une guerre en Corée. »
« Elle est survenue à peine cinq ans après l’explosion de deux bombes atomiques au-dessus de deux villes sans défense, Hiroshima et Nagasaki, tuant et irradiant des centaines de milliers de personnes.
« Le général Douglas MacArthur voulait utiliser des armes atomiques contre la République populaire démocratique de Corée [Corée du Nord]. Même Harry Truman ne l’a pas permis, a déclaré Fidel Castro. La République populaire de Chine a perdu un million de soldats vaillants afin d’empêcher qu’une armée ennemie s’installe à la frontière de la Corée du Nord avec sa patrie. »
La crise actuelle est enracinée dans la division de la nation coréenne datant de 1945, imposée contre la volonté de son peuple par l’impérialisme U.S., avec l’accord de la direction stalinienne en Union soviétique. Après avoir imposé une dictature fantoche brutale dans le Sud, Washington a mené une guerre sanglante mais n’a pas réussi à renverser le gouvernement dans le Nord. À ce jour, Washington refuse de signer un traité de paix avec la Corée du Nord et entretient quelque 28 000 soldats dans le Sud. L’armée américaine maintient des missiles stratégiques à longue portée dirigés contre la Corée du Nord.
« La République populaire démocratique de Corée a toujours été amicale envers Cuba, a dit Fidel Castro, comme Cuba l’a toujours été envers elle, et continuera de l’être.
« Maintenant que le pays a démontré ses réalisations techniques et scientifiques, » a dit Fidel Castro, faisant référence à la technologie nucléaire et balistique de Pyongyang, « nous lui rappelons ses obligations envers les pays qui ont été ses grands amis, et il serait injuste d’oublier qu’une telle guerre affecterait tout particulièrement 70 pour cent de la population de la planète. »
Séoul, la sixième ville la plus peuplée au monde, serait rapidement et massivement dévastée si la guerre éclatait dans la péninsule, a déclaré Pyongyang dans ses déclarations publiques.
« Si un conflit de cette nature devait survenir là-bas, le gouvernement du deuxième mandat de Barak Obama serait enseveli sous un déluge d’images qui le présenteraient comme le personnage le plus sinistre de l’histoire des États-Unis, a dit Fidel Castro. Le devoir d’éviter la guerre est aussi le sien et celui du peuple des États-Unis. »
Contrairement au passé, le nouveau plan de contre-provocation U.S. a été dévoilé publiquement.
Gary Samore, qui était jusqu’à récemment le plus important conseiller de Barack Obama sur les questions nucléaires, a confié au New York Times le 7 avril que « mener une contre-attaque proportionnelle, sans provoquer de conflit général ou une attaque sur Séoul, est la partie la plus difficile. »
David Maxwell, directeur associé du Centre pour les études sur la sécurité de l’université Georgetown et colonel de l’armée à la retraite, qui a servi en Corée du Sud à cinq reprises, a dit dans le même article que les ripostes « doivent être exécutées de manière décisive, au moment et à l’endroit choisis. »
Le secrétaire à la Défense Chuck Hagel a reporté à plus tard des tests de missiles balistiques intercontinentaux, craignant qu’ils « exacerbent la crise avec la Corée du Nord, » a rapporté le Times.
Les États-Unis pressent la Chine, sa principale rivale en Asie, de faire pression sur la Corée du Nord pour qu’elle abandonne ses armes nucléaires. Les porte-parole de l’administration Obama ont dit au Times que « Beijing doit choisir entre sévir contre la Corée du Nord ou faire face à une présence militaire américaine accrue en Asie du Sud-Est. » Une guerre dans la péninsule qui pourrait entrainer la présence de troupes U.S. à ses frontières n’est pas dans l’intérêt de Beijing.
Le secrétaire d’État John Kerry débutera sa tournée en Asie à Beijing, le 13 avril, puis se rendra en Corée du Sud et au Japon.
Une semaine plus tard, le général Martin Dempsey, chef de l’état-major des forces interarmées, fera un voyage de quatre jours en Chine pour une série de discussions avec les militaires chinois.