Les droits des femmes et la classe ouvrière

Editorial
le 24 juin 2013

La lutte pour défendre le droit des femmes de choisir l’avortement — du Salvador à l’Irlande en passant par les États-Unis et le Canada — est une question cruciale pour la classe ouvrière.

Sans le droit de décider quand et si elles font un enfant, les femmes ne peuvent participer en tant qu’égaux à la vie économique, sociale et politique. Sans faire tomber ces barrières, il est impossible de bâtir la solidarité dont la classe ouvrière a besoin pour combattre les patrons et mener une lutte révolutionnaire victorieuse afin de prendre le pouvoir de leurs mains.

Depuis la deuxième guerre mondiale, des changements significatifs dans le rapport de forces entre les classes se sont produits, qui font progresser la capacité de combat de la classe ouvrière. Les femmes aux États-Unis et dans d’autres pays capitalistes avancés sont entrées de plus en plus massivement sur le marché du travail, ce qui a renforcé la confiance en soi des femmes ainsi que leurs attentes et a transformé les attitudes de leurs compagnons de travail masculins.

À partir de ces changements sociaux, les femmes ont commencé à se battre contre leur statut de seconde classe, revendiquant l’égalité des salaires et de l’accès à l’emploi. Leur combat s’est appuyé sur la bataille prolétarienne massive pour mettre fin au système de ségrégation Jim Crow et sur les mobilisations de rue contre la guerre des États-Unis au Viêt-nam.

La décision de la Cour suprême en 1973 dans Roe contre Wade et le jugement de la Cour suprême canadienne de 1988 pour décriminaliser l’avortement ont codifié ces avancées sociales.

Au cours des dernières décennies, la classe ouvrière, composée plus que jamais à la fois d’hommes et de femmes, s’est considérablement agrandie à travers le monde semi colonial avec l’expansion inexorable de la production et du commerce capitalistes. Cela a conduit inévitablement à de plus en plus de combats ouvriers, dont des luttes pour les droits des femmes.

La lutte pour le droit des femmes à choisir l’avortement est venue au devant de la scène du Salvador et de l’Uruguay à l’Indonésie, à l’Irlande et au Moyen-Orient. Plus d’un quart de la population mondiale vit dans des pays où la classe possédante restreint sévèrement ou interdit totalement l’avortement pour la majorité laborieuse.

Les avancées dans la lutte pour les droits des femmes se sont heurtées à une vive résistance. Aux États-Unis, les attaques contre l’accès à l’avortement ont pour conséquence que dans 87 pour cent des comtés à travers le pays il n’existe pas de service d’avortement. Les adversaires des droits des femmes essayent de faire adopter des lois qui imposent une « assistance de conseils » humiliante et harcelante ; des périodes d’attente ; des échographies invasives ; et d’autres obstacles.

Pour les patrons, les victoires pour les droits des femmes représentent une menace qui limite les profits qu’ils tirent de l’oppression des femmes ainsi que de leur capacité à imposer à la famille la plus grande partie possible du fardeau pour s’occuper des enfants et des personnes âgées.

La lutte pour les droits des femmes est, et sera de plus en plus, un élément central des luttes ouvrières dans le monde entier.