MONTRÉAL — « Nous posons la nécessité de construire un mouvement de masse des travailleurs indépendant de tous les partis et politiciens capitalistes aux niveaux fédéral, provincial et municipal — qu’ils soient conservateurs, libéraux, néo-démocrates, du Parti québécois ou « indépendants » — afin de lutter pour un vaste programme de travaux publics financé par le gouvernement pour mettre des millions de personnes au travail à des salaires syndicaux, » a déclaré au Militant le 14 septembre Joe Young, âgé de 66 ans, ouvrier d’usine et candidat de la Ligue communiste à la mairie de Montréal. « Nous constatons également que de nombreux travailleurs sont d’accord lorsque nous disons qu’il faut nous battre pour une augmentation qualitative du salaire minimum. »
Les candidats de la Ligue communiste à l’élection municipale du 3 novembre — Joe Young et Katherine LeRougetel, une travailleuse âgée de 55 ans qui travaille dans une usine de transformation des aliments et qui est candidate à la mairie de l’arrondissement de Verdun — font campagne en faisant du porte-à-porte dans les quartiers ouvriers de la ville. Les deux sont maintenant des candidats officiels après avoir soumis plus que le nombre requis de signatures d’électeurs.
« Je travaille au salaire minimum, en parler est important, » a dit Joselita Yung, travailleuse aux soins à domicile, à Katherine LeRougetel après l’avoir rencontrée à sa porte. « Qu’est-ce que je peux faire pour contribuer à ce mouvement ? »
Joselita Yung s’est abonnée au Militant. Elle et son mari ont donné leurs signatures pour que la candidature de Katherine LeRougetel soit officiellement reconnue.
Les candidats de la Ligue communiste défient une brochette de politiciens capitalistes qui disent tous qu’ils font campagne pour le « changement » ou pour faire de Montréal une « ville gagnante » après la démission à la fois du maire précédent et de son remplaçant provisoire à la suite d’accusations étendues de corruption.
Les favoris selon les médias bourgeois sont l’ancien ministre du cabinet libéral fédéral Denis Coderre ; l’économiste et consultant en gestion Marcel Coté, candidat de la Coalition Montréal ; et Richard Bergeron, chef de Projet Montréal, présenté comme un spécialiste en affaires urbaines.
Les partisans de la campagne ont organisé un effort particulier pour faire du porte-à-porte au cours de la fin de semaine du 14 au 15 septembre afin de récolter des signatures et présenter aux travailleurs le Militant et de la littérature révolutionnaire des éditions Pathfinder sur les luttes des travailleurs et des agriculteurs du monde entier. Margaret Trowe a également participé à cette activité. Elle est travailleuse dans une usine d’équipement automobile et candidate du Parti socialiste des travailleurs au conseil municipal à l’élection du 5 novembre à Des Moines en Iowa aux États-Unis.
La Charte des valeurs québécoises a souvent été au centre des discussions porte-à-porte. La charte est un projet de loi discriminatoire et anti-ouvrier proposé par le gouvernement du Québec du Parti québécois dans le cadre d’une campagne contre les travailleurs immigrés, en particulier ceux de confession musulmane.
Un des temps forts du week-end a été une table ronde organisée par le Forum ouvrier du Militant à laquelle 22 personnes ont assisté. Katherine LeRougetel a présidé la réunion. Les invités étaient Joe Young, Maggie Trowe et François Bradette, étudiant en électromécanique, qui a récemment adhéré à la Ligue communiste après avoir participé pendant des mois à des campagnes porte-à-porte avec les partisans du Militant.
« Lorsque nous faisons du porte-à-porte, nous posons la nécessité de construire un mouvement ouvrier révolutionnaire de masse qui peut prendre le pouvoir des mains des familles dirigeantes possédantes et établir un gouvernement des travailleurs et des agriculteurs, a expliqué Joe Young. Sur ce chemin nous devons construire l’unité ouvrière à travers nos luttes d’aujourd’hui.
« À la manifestation contre la charte j’ai expliqué aux participants qu’il s’agit d’une attaque contre la classe ouvrière qui vise à nous diviser et affaiblir notre capacité à nous organiser et à lutter pour nous défendre contre l’impact de la crise économique capitaliste croissante, » a précisé Joe Young.
« En politique, toutes les questions — les questions raciales, l’environnement, les droits des femmes, la guerre et la paix — sont des questions de classe, a affirmé Maggie Trowe dans ses remarques. Faire campagne porte-à-porte, partager nos opinions avec des travailleurs à partir de ce point de vue, rendent nos propos plus claires. Nous développons nos opinions sur la voie à suivre pour notre classe dans la discussion et dans l’action avec d’autres travailleurs.
« En faisant du porte-à-porte à Des Moines la semaine dernière, nous avons expliqué que lutter contre notre propre gouvernement est la principale façon pour les travailleurs aux États-Unis d’aider les travailleurs syriens à se battre contre le régime Assad pour obtenir de l’espace politique, a-t-elle dit.
« Notre déclaration de campagne en faveur des emplois et un salaire minimum plus élevé et contre la discrimination envers les immigrants, suivant un cours pour renforcer et unifier la classe ouvrière, indique que lutter pour un gouvernement des travailleurs et des agriculteurs est le meilleur moyen pour les travailleurs ici de faire preuve de solidarité avec les travailleurs et les agriculteurs en Syrie qui résistent à l’assaut meurtrier auquel ils sont confrontés. Et cela nous aide à mobiliser une opposition inconditionnelle à l’intervention des États-Unis en Syrie. »
« Aujourd’hui nous avons entendu toutes sortes d’opinions en faisant campagne porte-à-porte dans Verdun, a déclaré François Bradette. La majorité des personnes à qui nous avons parlé étaient contre la charte. Une femme a acheté une copie du Militant après que nous lui avons montré un article traduit en français. Certains ont exprimé des opinions anticommunistes ou n’étaient pas intéressés par la campagne. Un chauffeur de camion que nous avons rencontré nous a parlé de la détérioration des conditions au travail après la perte de représentation syndicale. »
Après une longue discussion animée, les participants ont assisté à un bon dîner visant à récolter des fonds pour lequel beaucoup de personnes avaient préparé chacun un plat.
Pendant la fin de semaine, 4 abonnements et 35 exemplaires du Militant ont été vendus, ainsi qu’un exemplaire du Manifeste communiste. Les 84 signatures récoltées pour Joe Young et les 37 pour Katherine LeRougetel ont permis de dépasser largement les 200 et 100 signatures requises respectivement.