Une fois de plus les rapports sociaux du capitalisme sont responsables de l’impact dévastateur et durable de la catastrophe qui s’est abattue sur les travailleurs, décrite comme une « catastrophe naturelle. »
Pour des centaines de milliers de travailleurs aux Philippines, en particulier ceux qui vivent dans les zones de basse altitude les plus vulnérables, aucune tentative n’a été faite pour les évacuer. Au contraire, ils ont été abandonnés à eux-mêmes face au puissant typhon Haiyan qui s’est abattu sur l’archipel le 8 novembre.
En date du 13 novembre, les chiffres officiels du gouvernement font état d’un peu plus de 2 300 morts, mais le véritable bilan attendu est beaucoup plus élevé, avec plusieurs milliers de personnes encore portées disparues. Selon les rapports du gouvernement, plus de 60 000 personnes ont perdu leur maison et 30 pour cent de toutes les provinces du pays sont sans électricité.
Les plus durement touchées sont les basses terres côtières et les rives de fleuves, zones les plus vulnérables aux inondations. Comme d’habitude, la terre à ces endroits est de faible valeur et densément habitée par les travailleurs, les agriculteurs et les pêcheurs qui vivent dans des maisons faites de bois et d’autres matériaux légers. À Tacloban, « les quartiers pauvres ont payé un prix particulièrement élevé, avec pratiquement aucune structure qui tienne encore, mis à part les bâtiments du gouvernement, » écrit le New York Times du 11 novembre. En 1991, une tempête tropicale moins puissante a tué 5 000 personnes dans un grand nombre des mêmes zones.
« Évacuons nos maisons si nous sommes dans des zones dangereuses, » a déclaré le président Benigno Aquino dans une allocution télévisée le jour précédant le typhon mais sans fournir le moindre moyen ni lieu de refuge pour des centaines de milliers de personnes. De nombreuses écoles, des gymnases et d’autres bâtiments désignés comme centres d’évacuation dans les zones durement touchées ont été détruits.
Les centres d’évacuation se sont transformés en pièges mortels lorsque les personnes entassées dans les sous-sols ont été noyées par la montée brusque de la tempête.
Des centaines de milliers de personnes, piégées dans des zones où les routes sont impraticables ou n’existent plus, font face à des pénuries aiguës d’eau potable, de nourriture et de médicaments et à des conditions insalubres.
« Je connais la résilience incroyable du peuple philippin et je suis convaincu que l’esprit de Bayanihan veillera sur vous pendant cette tragédie, » a dit le président Barack Obama le 10 novembre. Il a déclaré que le gouvernement U.S. « fournit déjà une assistance humanitaire importante » qui, selon la presse, est constituée de 100 000 $ de l’ambassade américaine et d’un avion cargo militaire dépêché de Manille avec un contingent de Marines, de bouteilles d’eau, de générateurs, d’un chariot élévateur et de deux camions.
Le département de la Défense a annoncé dans un communiqué de presse le 11 novembre qu’il envoyait le porte-avions USS George Washington avec « une gamme d’avions conçus pour effectuer des opérations de secours ainsi que d’autres fonctions, [visant à] soutenir les efforts menés par l’armée et le gouvernement des Philippines. » Les navires devraient arriver les 13 et 14 novembre. « Le département de la Défense continue de travailler en étroite collaboration avec le gouvernement philippin afin de déterminer, le cas échéant, si des moyens supplémentaires s’avèrent nécessaires, » a indiqué le Pentagone.
Deux jours après le passage du typhon, le président Aquino a déclaré le pays « sinistré », ce qui, selon le Times, représente « un premier pas vers le déblocage de fonds d’urgence. » Mais, écrit le Times, les fonds d’urgence ont déjà été « épuisés » lors d’autres désastres, en particulier le grand tremblement de terre qui a frappé le centre du pays le mois dernier. Pendant ce temps, des centaines de policiers et de militaires ont été déployés à Tacloban en réponse à « la crainte grandissante d’un effondrement de la loi et de l’ordre à la suite de rapports faisant état de pillages massifs. »
Mark Fernando, un bénévole de la Croix-Rouge philippine, racontait à Reuters que son équipe de secours n’a pas pu se rendre à Tacloban parce que le gouvernement ne voulait pas leur faire de la place sur les vols militaires. « Ils ont dit : « Notre priorité est d’amener des soldats et des policiers, » a-t-il dit.