VANCOUVER , Colombie-Britannique — Après avoir conduit un convoi de semi-remorques de Delta, une ville voisine, des centaines de camionneurs en grève se sont rassemblés à Port Metro Vancouver le 21 mars pour protester contre les menaces du gouvernement provincial d’adopter une loi les obligeant à reprendre le travail.
« Pensent-ils vraiment que ces menaces vont marcher ? » a demandé Iqbal Grewal, un chauffeur de camion depuis 15 ans. « Nous avons le droit de faire grève et de manifester, » a-t-il dit au Militant.
Iqbar Grewal, un camionneur non syndiqué, a fait remarquer que le gouvernement de la Colombie-Britannique a eu recours à des lois de reprise du travail dans le passé contre des enseignants et des travailleurs de la santé en grève, dont certains étaient présents au rassemblement en solidarité avec les camionneurs. Des représentants de la Fédération du travail de la Colombie-Britannique, des travailleurs du téléphone et de l’électricité et plusieurs autres syndicats y ont également participé.
La grève de quelque 1 500 chauffeurs de camion a réduit de façon substantielle le trafic au plus grand port du Canada où plus de 170 milliards de dollars de marchandises transitent chaque année. La majorité des chauffeurs sont d’origine pendjabie.
Environ 1 200 chauffeurs de camion non syndiqués affiliés à l’Association des camionneurs unis et quelque 250 camionneurs syndiqués dans l’Association des chauffeurs de camion porte-conteneur Unifor-Vancouver participent à la lutte. Environ 60 pour cent des membres de l’Unifor sont également membres de l’Association des camionneurs unis (UTA), selon le représentant de l’UTA Manny Dhillon. Dans les deux organisations il y a des propriétaires-exploitants et des chauffeurs de camion qui conduisent des semi-remorques appartenant à l’entreprise.
Les chauffeurs de camion non syndiqués se sont mis en grève le 26 février. Les syndiqués se sont joints à la grève le 10 mars. « De nos jours, beaucoup de gens ne pensent d’abord qu’à eux-mêmes, » a déclaré Charlie Mann, un ancien répartiteur qui est chauffeur de camion depuis moins d’un an. « Ici syndiqués et non-syndiqués sont unis. Ça nous rend très fort. »
« Il est impossible de vivre de ce que nous gagnons, a expliqué Charlie Mann. C’est à cause des bas taux pour le transport des conteneurs, des temps d’attente non rémunérés et de la hausse des coûts de carburant, d’assurance, d’entretien et de frais, que nous devons tous couvrir nous-mêmes. »
« On ne s’adressera aux questions des taux, permis et du temps d’attente et à tout autre préoccupation des camionneurs qu’après la reprise du travail des chauffeurs de camion, » a déclaré le ministre des Transports Todd Stone avant le rassemblement du 21 mars.
Les tribunaux ont déjà interdit les piquets de grève au port et aux parcs de conteneurs de la compagnie de chemin de fer Canadien National. Le 24 mars, le gouvernement a déposé un projet de loi pour la reprise du travail. Si la loi est adoptée, elle imposerait des amendes de 10 000 $ par jour au syndicat tant que la grève se poursuit et 400 $ par jour à chaque gréviste. Entretemps, les autorités du Port Metro Vancouver ont annoncé qu’elles commencent à suspendre les licences et les permis des camionneurs en grève.
Des responsables de l’Autorité portuaire de Vancouver prétendent que jusqu’à 40 pour cent des chauffeurs de camion sont en train de reprendre le travail suite aux menaces. Mais les représentants des chauffeurs disent que ces affirmations sont exagérées.
« Nous ne reprenons pas le travail, » a déclaré Raj Dhami, un chauffeur de camion non-syndiqué. « Nous restons sur les piquets de grève. »
Mike Barker a contribué à cet article