Tracer une voie en avant pour les travailleurs de Palestine et d’Israël

Éditorial
le 25 août 2014

Les travailleurs du monde entier doivent se joindre aux actions dénonçant les attaques israéliennes contre Gaza soutenues par Washington et appuyer la lutte qui dure depuis des décennies du peuple palestinien, dont le combat contre l’oppression nationale a été entravé par le cycle insensé du terrorisme du Hamas et des représailles meurtrières des forces armées de Tel Aviv.

Une nouvelle ronde de négociations entre le régime israélien et les représentants de l’Autorité palestinienne et du Hamas ont commencé. Dans les conditions actuelles, les assises d’une voie en avant ne peuvent être construites qu’à partir d’un accord qui comprend :

❖La reconnaissance de l’État palestinien, tel qu’il existe aujourd’hui, comme un tremplin pour lutter pour une patrie unique et géographiquement viable pour le peuple palestinien.

❖La reconnaissance d’Israël, tel qu’il existe aujourd’hui, à la fois un État Juif et de plus en plus laïc et multinational. Ceci comprend le droit au retour des Juifs, droit qui deviendra de plus en plus d’actualité à mesure que la crise mondiale du capitalisme attisera la haine des Juifs, utilisée comme une matraque réactionnaire contre le mouvement ouvrier en lutte.

Les travailleurs doivent soutenir aujourd’hui ces revendications essentielles et immédiates afin de briser le cycle de guerres et d’effusion de sang. Un cours de lutte sur cette base stimulerait la confiance des masses palestiniennes et rendrait possible un renouveau de leur implication comme la force motrice de la lutte palestinienne. Il ouvrirait de l’espace pour lutter contre la balkanisation de la Palestine, pour des emplois pour les chômeurs, pour l’accès à la terre et à l’eau, et pour la liberté de circuler des Palestiniens, y compris le droit de traverser la frontière pour aller travailler en Israël. Ce cours offrirait une base plus solide pour le développement économique et social de Gaza et de la Cisjordanie. Et il créerait de l’espace politique pour la lutte de classe et le développement de la solidarité de classe en Israël, en Cisjordanie et à Gaza, ainsi qu’au Liban, en Jordanie et ailleurs dans tout le Moyen-Orient.

Tout cours qui ne met pas un terme aux conflits récurrents de représailles ne fera que perpétuer le sacrifice inutile de vies palestiniennes. Il ne fera que continuer à conduire les travailleurs juifs en Israël à soutenir les guerres de Tel Aviv et à étouffer la conscience de classe et les manifestations de lutte de classe en Israël. Et il amplifiera les pressions exercées sur les travailleurs palestiniens et leurs partisans pour garder le silence sur la stratégie anti-ouvrière du Hamas ou la justifier.

Le cours du Hamas a non seulement accru sa propre impopularité mais aussi l’isolement de la lutte nationale palestinienne. Pour la première fois, pratiquement aucun gouvernement arabe n’a senti de pression suffisante ne serait-ce que pour feindre un soutien à la cause palestinienne. Et le Hamas est de plus en plus impopulaire dans la bande de Gaza, en Cisjordanie et dans tout le Moyen-Orient, alors qu’il réprime violemment l’opposition politique à son régime et lance régulièrement des missiles et construit des tunnels vers Israël en étant pleinement conscient que ses actions provoqueront une réponse militaire israélienne dont le seul résultat sera la mort et la destruction à Gaza. Sa seule « stratégie » est de faire appel à l’opinion publique bourgeoise au prix de vies et de blessures palestiniennes infligées par les attaques israéliennes, dans l’espoir de pousser Washington et les autres puissances impérialistes à suspendre leur aide militaire à Tel-Aviv et à exercer sur lui des pressions diplomatiques.

Israël existe depuis 66 ans. Les travailleurs ayant une conscience révolutionnaire ont cessé il y a un certain temps de pouvoir établir en fait une distinction entre Israël et tous les autres pays de la terre. Les masses palestiniennes et arabes paieront elles aussi un prix élevé à continuer de le faire — et elles prennent plus que jamais conscience de cette réalité et sont prêtes à agir en conséquence, à la condition qu’une direction émerge pour mener la lutte politique.

Une stratégie qui peut faire avancer la cause palestinienne et les intérêts des travailleurs doit également commencer par la lutte de classe et les contradictions sociales croissantes en Israël même. Elle doit tendre la main vers les travailleurs et leurs alliés juifs, arabes ou d’autres origines en Israël, chercher à gagner leur sympathie et leur soutien et se lier aux nouveaux manifestations de résistance ouvrière — aussi bien luttes syndicales, mobilisations de rue contre les politiques du gouvernement, luttes des travailleurs immigrants, luttes contre la brutalité policière ou mouvements de protestation sociale.

Une direction palestinienne qui se ferait la championne de ce cours global et qui lutterait pour lui attirerait l’attention des travailleurs de tout le monde arabe et musulman, aurait un impact important sur les travailleurs en Israël et se gagnerait le soutien des travailleurs et des agriculteurs aux États-Unis et dans les autres pays impérialistes. Elle inspirerait les travailleurs en lutte — chauffeurs de camion qui luttent pour se syndiquer dans les ports, manifestants contre l’assassinat par les flics d’Eric Garner et Michael Brown ou travailleurs des chaînes de restauration rapide qui se battent pour un salaire minimum de 15 $ de l’heure.