Québec : appui syndical aux travailleurs faussement accusés du désastre ferroviaire

Annette Kouri
et Nicolas Gagnon
le 22 septembre 2014

LAC-MÉGANTIC, Québec — Beaucoup de travailleurs ici appuient la défense par le syndicat des Métallos des travailleurs victimes d’un coup monté qui faussement accusés par les patrons des chemins de fer et le gouvernement canadien d’être responsables de l’explosion du train qui a tué 47 personnes ici le 6 juillet 2013. Ils blâment plutôt la course aux profits des patrons et le mépris qui en résulte pour la sécurité des travailleurs de chemin de fer et des gens qui vivent près des rails.

Le Bureau de la sécurité des transports, un organisme gouvernemental fédéral qui enquête sur les « accidents » de transport, a publié un rapport le 19 août qui porte le blâme pour la catastrophe sur la société Montréal, Maine and Atlantic Railway ; Transports Canada, l’organisme gouvernemental qui régie le transport ferroviaire, maritime et aérien ; et le conducteur du train.

Transports Canada continue de nier toute responsabilité et rejette la faute sur trois employés des chemins de fer. Les trois ont été arrêtés le 12 mai et inculpés de 47 chefs d’accusation pour « négligence criminelle ayant causé la mort. » Ils risquent des peines d’emprisonnement à vie. Le conducteur Thomas Harding et le contrôleur ferroviaire Richard Labrie sont membres du syndicat des Métallos. Le troisième, Jean Demaitre, était le directeur administratif de la compagnie.

Avec 72 wagons-citernes chargés d’un mélange explosif de pétrole brut, le train était garé à environ 11 km au-dessus de Lac-Mégantic. Après qu’un incendie a éclaté dans une locomotive, les pompiers ont arrêté le moteur de la locomotive de tête, ce qui a lentement entraîné le relâchement des freins à air du train. Les freins à main ont ensuite cédé et le train a commencé à descendre la pente et pris de la vitesse, avant de dérailler et exploser dans le centre de la ville.

Le Bureau de sécurité des transports avait déjà signalé plus tôt cette année que la compagnie ferroviaire avait soumis des documents disant que le brut contenu dans les wagons-citernes était moins explosif qu’en réalité. Le Bureau a aussi souligné que tous les wagons-citernes du train étaient d’un modèle ancien, connu pour être vulnérable aux explosions.

En réponse à Montreal, Maine and Atlantic Railway qui se plaignait qu’acheter des wagons plus sûrs diminuerait ses marges de profit, Transports Canada lui a permis d’utiliser les anciens modèles de wagon. Pour la même raison, Transports Canada a aussi autorisé la compagnie à faire rouler ses wagons-citernes avec une équipe d’une seule personne.

Selon le Bureau de la sécurité, le transport de pétrole brut par train au Canada est passé de près de 500 wagons en 2009 à 160 000 en 2013. Cependant, le nombre d’inspecteurs ferroviaires est resté le même depuis 2004.

Dans une déclaration datée du 19 août, le jour même de la publication du dernier rapport du conseil de sécurité, les dirigeants du syndicat des Métallos ont déclaré : « Il est temps de cesser de se servir des travailleurs comme bouc-émissaires. »

La collecte de fonds Justice pour les travailleurs du rail  organisée par le syndicat des Métallos a recueilli plus de 120 000 $ de dix sections locales, ainsi que de la branche québécoise de l’Alliance de la Fonction publique du Canada.

Le 17 août, des partisans du Militant  de Montréal et de Québec se sont rendus à Lac-Mégantic, où ils ont parlé avec beaucoup de gens dans les quartiers ouvriers de la ville. Plusieurs ont dit que Thomas Harding était un héros pour avoir risqué sa vie après le déraillement en détachant cinq wagons qui n’avaient pas encore pris feu, évitant ainsi une catastrophe de plus grande ampleur.

La Croix-Rouge a ramassé plus de 15 millions de dollars dans tout le Québec mais les résidents ont critiqué la manière arbitraire avec laquelle l’aide est distribuée. « Parce ce que je n’ais pas perdu mon logement — j’ai pu y retourner au bout d’un mois — et que je me suis trouvé un travail même s’il était saisonnier et est terminé, je n’ai plus droit à de l’aide de la Croix-Rouge, » a déclaré au Militant  Julie Lessard, qui travaillait au Dollorama détruit par l’incendie.

Le site de l’explosion, toujours contaminé, coupe la ville en deux et oblige un grand nombre d’habitants à faire un détour de six à sept km pour aller travailler ou faire des achats.

Vous pouvez faire une contribution à la défense de Thomas Harding et de Richard Labrie à www.justicemetallosdurail.org.