Des manifestations de masse à travers le Burkina Faso, initialement appelées pour empêcher le président Blaise Compaoré de modifier la Constitution afin de prolonger son règne de 27 ans, ont attiré des centaines de milliers de personnes dans les rues, le forçant à fuir en Côte-d’Ivoire le 31 octobre. Des célébrations ont eu lieu dans plusieurs villes africaines, de même qu’à Paris, Montréal et New York.
Le général Honoré Traoré, chef d’état-major de l’armée, s’est auto-déclaré chef d’État. Mais après une nouvelle série de manifestations populaires, il a été remplacé le 1er novembre par un groupe de jeunes officiers dirigé par le lieutenant-colonel de l’armée Isaac Zida qui a promis de remettre le pouvoir à un gouvernement civil. Les mobilisations de rue ont par la suite diminué.
Le 9 novembre, des représentants des partis d’opposition, des chefs religieux et d’autres ont appelé Isaac Zida à former un parlement de transition de 90 membres composé de 10 représentants militaires, 40 représentants des partis de l’opposition, 30 de la « société civile » et 10 d’autres partis, y compris celui de Compaoré.
Le Burkina Faso, un pays d’Afrique de l’Ouest sans accès à la mer, où 72 pour cent de la population vit avec moins de deux dollars par jour, est le deuxième plus grand producteur de coton en Afrique sub-saharienne et le cinquième pour l’extraction de l’or. L’industrie minière a connu un essor fulgurant au cours des 30 dernières années, avec neuf mines d’or d’échelle industrielle appartenant à des entreprises britanniques, canadiennes, australiennes et autres qui emploient plus de 6 000 travailleurs.
Les mobilisations qui ont évincé Compaoré ont créé une ouverture favorable à la lutte des paysans, des travailleurs, des artisans et de leurs alliés pour gagner plus d’espace politique. Elles ont suscité un regain d’intérêt pour la révolution burkinabè de 1983 à 1987 dirigée par Thomas Sankara, un dirigeant communiste remarquable. Ce qui le distinguait par-dessus tout était la confiance qu’il avait dans la capacité révolutionnaire des travailleurs et des paysans de renverser l’exploitation impérialiste, de se transformer eux-mêmes au cours de ce processus et de prendre le contrôle de leur propre destinée.
Thomas Sankara a été assassiné lors d’un coup d’État organisé par Compaoré dans l’intérêt de ceux — au Burkina Faso et à l’étranger — dont les propriétés et la domination de classe étaient menacées par la mobilisation révolutionnaire, la solidarité et l’internationalisme des masses populaires.
La révolution dirigée par Thomas Sankara a suscité l’intérêt des travailleurs et des jeunes révolutionnaires à travers le monde. La chute récente de Compaoré a suscité des débats sur l’héritage politique de Thomas Sankara et sur la façon de construire un parti révolutionnaire capable de prendre le pouvoir, au Burkina Faso et ailleurs.
Le 3 novembre, la Fédération mondiale de la jeunesse démocratique (FMJD), une organisation internationale de jeunes anti-impérialistes, a publié une déclaration en solidarité avec le peuple du Burkina Faso. « La FMJD unit sa voix à celles des organisations de jeunesse de l’Afrique de l’Ouest et encourage nos camarades au Burkina Faso à résister en défense de la paix, de la liberté et des protections constitutionnelles énoncées dans la Déclaration universelle des droits de l’homme. Nous sommes à vos côtés en tant que frères de lutte. »