Alors que ce numéro allait sous presse, nous et des millions de personnes dans le monde avons appris avec joie que les Cinq Cubains sont maintenant tous ensemble — à Cuba.
C’est un grand moment de célébration pour tous ceux qui ont lutté depuis 16 ans pour gagner leur liberté. Les lecteurs du Militant, qui ont joué un rôle actif dans cette campagne internationale depuis le tout début, sont parmi ceux qui doivent être salués.
Le grand révolutionnaire portoricain Rafael Cancel Miranda a exprimé avec justesse les enjeux dans cette bataille il y a environ deux ans lorsqu’il a demandé : « Pourquoi défendons-nous les Cinq ? » Et a répondu : « Parce que nous luttons pour nous-mêmes, pour notre propre liberté. »
Aujourd’hui nous pouvons dire que cette victoire place les travailleurs aux États-Unis et dans le monde en meilleure position pour défendre et faire avancer nos intérêts. Nous sommes maintenant en meilleure position pour amplifier la lutte pour mettre fin à la guerre économique brutale contre Cuba depuis plus d’un demi-siècle, pour lutter pour la normalisation des relations avec La Havane et mettre fin à la violation du droit des résidants des États-Unis de voyager à Cuba. Nous sommes en meilleure position pour empêcher ceux qui s’opposent à de telles mesures d’utiliser les cordons de la bourse du Congrès et empêcher la mise en place d’une ambassade à La Havane, pour la première fois depuis 1961, ou pour refuser la nomination d’un ambassadeur américain.
Par-dessus tout, la victoire que représente la libération des Cinq Cubains encourage tous ceux qui, de Ferguson au Missouri à Staten Island, dans l’État de New York, et ailleurs descendent dans les rues pour exiger l’arrêt de la brutalité et des assassinats par la police. Le courage, la dignité et la discipline des Cinq tout au long de leurs 16 années d’incarcération ont contribué à braquer les projecteurs sur le caractère de classe de la « justice » capitaliste dont des millions de travailleurs aux États-Unis font l’expérience directe : la brutalité de la police et des gardiens de prison qui appliquent « la loi, » « les sentences négociées » et le refus de tout semblant de présomption d’innocence et du droit à un procès par un jury de ses pairs.
La lutte pour les Cinq a renforcé et a été renforcée par les luttes des travailleurs à Walmart et ailleurs pour la dignité, un travail à plein temps et un syndicat, et la lutte des cheminots pour défendre la vie et la santé des travailleurs face à la course effrénée aux profits des patrons des chemins de fer.
Dès le début du coup monté et de la bataille qu’il a engendrée à la fin des années 1990, le Militant a aidé, semaine après semaine, à révéler la vérité sur la révolution cubaine et la lutte pour gagner la liberté des Cinq. Nous avons écrit au sujet de leurs activités sur les lignes de front de la lutte de classe dans les prisons US et sur le cours internationaliste prolétarien de la révolution cubaine. Car c’est justement parce qu’ils défendaient la révolution cubaine et qu’ils étaient à son avant-garde qu’ils ont été emprisonnés. Ils continueront maintenant de la défendre sur un terrain différent.
Beaucoup de ces articles issus des pages du Militant se retrouvent dans des livres publiés dans de nombreuses langues et distribués dans le monde entier et qui transmettent avec éloquence la vérité sur la révolution cubaine et sur les Cinq. Parmi ceux-ci on trouve : Cuba et l’Angola : la lutte pour la libération de l’Afrique et la nôtre ; Voix depuis la prison : les Cinq Cubains ; Je mourrai comme j’ai vécu ; et un livre de peintures d’Antonio Guerrero à paraître bientôt : Absous par la solidarité : 16 aquarelles pour 16 ans d’emprisonnement injuste.
Ces livres « de cas de défense » ne seront pas relégués dans des cartons comme tant de brochures périmées. Ils restent des outils précieux pour les luttes et l’activité politique — en tant qu’exemples politiques — d’un nombre croissant de travailleurs qui résistent aux agressions commises par les dirigeants capitalistes, leurs partis politiques et leurs gouvernements.
Les travailleurs sont à la recherche d’alternatives aux valeurs de compétition impitoyable du système capitaliste, à la létalité des rouages de l’exploitation et de l’oppression. L’histoire des hommes et des femmes qui ont fait la révolution cubaine et qui se battent aujourd’hui pour la défendre et la renforcer est plus que jamais nécessaire.
Partout aux États-Unis et dans d’autres parties du monde, les combattants qui ont fait campagne pour libérer les Cinq Cubains se réuniront autour du 1er janvier 2015, cinquante-sixième anniversaire de la révolution cubaine, pour célébrer la victoire que nous avons tous gagnée.
Nous encourageons les lecteurs du Militant à contribuer à prendre l’initiative et construire de tels évènements. Ils font partie de ce que Gerardo Hernández, tout juste libéré d’une double sentence à vie sans libération conditionnelle, a appelé le « jury des millions, » non seulement celui qui était nécessaire pour libérer les Cinq mais le seul jury qui puisse défendre et émuler l’exemple du peuple cubain.