TEXAS CITY, Texas — Le 7 février, plusieurs milliers de travailleurs du pétrole et de leurs partisans ont participé à des rassemblements très animés dans des dizaines de raffineries à travers le pays alors qu’une grève nationale, centrée sur la sécurité au travail, entrait dans sa deuxième semaine. Quelque 1 400 membres du syndicat des Métallos dans deux installations BP en Ohio et Indiana ont décidé de participer à la grève le lendemain, s’ajoutant aux 3 800 travailleurs déjà sur les lignes de piquetage dans neuf usines du Texas, de la Californie, du Kentucky et de l’État de Washington. C’est la plus grande grève des travailleurs des raffineries depuis 35 ans.
Quatre raffineries sont en grève dans la région de Houston, le plus grand centre de raffinage de pétrole aux États-Unis.
« Marathon veut complètement régir et diriger la sécurité, » a dit au Militant Dale Battiste, qui travaille depuis 27 ans dans l’usine et est co-président du comité de sécurité du syndicat, tandis que 300 personnes étaient rassemblées devant le siège social de la société.
« Pour eux, ce sont les profits avant les vies, » a dit Bill Patton, un tuyauteur à Marathon Oil.
« C’est un mensonge, » a déclaré Leslie Dillon sur le piquet de grève, commentant les panneaux de sécurité que l’on voit lorsqu’on entre dans la raffinerie. « J’ai été pompier et ambulancier pendant 16 ans et j’ai sorti des corps de cet endroit. » Une explosion massive dans la raffinerie en 2005 a tué 15 travailleurs et a blessé plus de 100 personnes parmi les travailleurs et la population avoisinante.
Randy Rodriguez a déclaré que son beau-père Ray Gonzalez est mort brûlé ici à la raffinerie en 2004. Randy Rodriguez a participé à un rassemblement de 250 personnes au siège social de Shell dans le centre de Houston le 6 février. Il avait une photo de son beau-père et une pancarte disant : « Mon père a perdu la vie au travail. Un contrat équitable sauve des vies. »
Un contingent de travailleurs du rail est également venu apporter sa solidarité à la manifestation. Ils ont discuté de la campagne des patrons des chemins de fer pour réduire à une seule personne l’équipage des trains. Des syndicalistes de l’Association internationale des dockers, des Travailleurs en communications d’Amérique et des Travailleurs unis de l’alimentation et du commerce étaient présents.
« La plus grande préoccupation en matière de sécurité est la fatigue »
« Notre plus grande préoccupation en matière de sécurité est la fatigue, » a dit Chris Sharpe, qui travaille à la cokerie de LyondellBassell et qui est vice-président du syndicat local. « Ils refusent d’embaucher plus de personnes et nous sommes obligés de travailler 13 jours d’affilée, 12 heures par jour, suivis d’un jour de congé. C’est comme ça depuis le jour de l’Action de grâce. »
Les raffineries touchées par la grève représentent 13 pour cent de la capacité de raffinage des États-Unis. Les patrons du pétrole font fonctionner toutes les raffineries sauf une avec des cadres et des briseurs de grève sous contrat. Les raffineries qui ne sont pas en grève fonctionnent avec des extensions quotidiennes des contrats.
« Cette grève n’est PAS à propos d’argent. Il s’agit de résoudre les problèmes de sécurité qui ont été ignorés depuis trop longtemps. En 2012, 138 travailleurs ont été tués au travail alors qu’ils travaillaient à l’extraction, à la production ou à d’autres activités autour du pétrole et du gaz, » ont écrit sur leur page Facebook les travailleurs en grève de BP à Toledo, en Ohio, après avoir rejoint la grève à minuit et une minute le 8 février.
Au cours du rassemblement du 7 février, « nous avons eu près de 300 travailleurs à l’entrée principale, » a dit Dave Martin, vice-président du local 8-719 du syndicat des Métallos à la raffinerie de Marathon à Catlettsburg, au Kentucky, dans un courriel au Militant. « Les trois autres portes et le local étaient également couverts. Les membres des syndicats de plusieurs autres locaux sont venus — travailleurs des services publics, mécaniciens de locomotive, maçons, travailleurs des services et des communications et d’autres sections locales du syndicat des Métallos. »
À Carson, en Californie, au sud de Los Angeles, plus d’un millier de personnes ont marché un mile (1,6 km) depuis un parc près de la section locale 675 du syndicat des Métallos jusqu’à la raffinerie Tesoro pour y soutenir la grève. « Nous nous battons pour la sécurité, pas seulement pour nous mais aussi pour la communauté, » a dit au Militant George Leon, un opérateur en grève âgé de 40 ans. « Toute catastrophe a des effets sur la communauté, pas seulement sur nous à l’intérieur. »
Au nord de la Californie, à la raffinerie Tesoro à Martinez, plusieurs centaines de personnes ont grossi les lignes de piquetage à l’extérieur de l’usine. Une pancarte faite à la main disait « Soyez prêts, ne prenez pas l’avion, » pour protester contre la compagnie qui oblige les travailleurs à rester en attente sans solde, même pendant leurs jours de congé.
Des rassemblements de solidarité à travers le pays
À El Dorado, au Kansas, plus d’une centaine de Métallos et d’autres personnes se sont rassemblés en solidarité avec la grève. « Nous ne sommes pas en grève dans cette raffinerie, mais nous ne signerons aucun accord tant que les questions nationales ne seront pas réglées, » a dit au Militant Robert Cammarn, président de la section locale 241.
Le syndicat des Métallos de la région de Philadelphie a organisé des rassemblements dans des raffineries au sud de Philadelphie; à Trainor, en Pennsylvanie; et à Delaware City, au Delaware. À l’usine Energy Solutions de Philadelphie, le président de la section locale 10-1 Jim Savage, membre du comité national de négociation, a dit au Militant que « les patrons des sociétés pétrolières sont très arrogants. Lorsque nous faisons part de nos préoccupations au sujet des heures supplémentaires forcées, ils disent que nous n’allons pas leur dire comment gérer leurs raffineries. »
Au total, le site Web du syndicat a rapporté des actions de solidarité dans plus de 200 usines et raffineries.
Ellie García à Carson, en Californie ; John Naubert à Anacortes, dans l’État de Washington ; Linda Avers à Whiting, en Indiana; Mitchel Rosenberg à Philadelphie ; Eric Simpson, Betsey Stone et Gerardo Sánchez à Martinez, en Californie ; Andy Parkhurst et Julie Anderson à El Dorado, au Kansas ; et Anne Parker à Chicago ont contribué à cet article.