Depuis des décennies, les flics d’un bout à l’autre du pays brutalisent en toute impunité les travailleurs et, de façon disproportionnée, les travailleurs qui sont des Noirs. Ils le font pour défendre les intérêts de la classe dirigeante possédante afin de maintenir la domination capitaliste contre des millions de travailleurs que leur système exploite et opprime.
Il ne s’agit pas de policiers « voyous », comme l’a expliqué Jack Barnes, le secrétaire national du Parti socialiste des travailleurs, au sujet des policiers de Los Angeles qui avaient battu Rodney King en 1991. « Nous parlons d’un phénomène social, a ajouté Jack Barnes, le résultat d’une politique qui forme et endurcit les flics et rend l’imposition de punitions aussi brutales avantageuse pour leurs auteurs. »
Mais un vent de changement souffle aujourd’hui. Les manifestations contre les meurtres et les passages à tabac de travailleurs par les flics au cours de la dernière année ont permis de forger une alliance de plus en plus importante entre syndicalistes, combattants pour les droits des Noirs et d’autres qui défilent dans les rues pour protester contre chaque nouvelle agression. Les manifestations publiques obtiennent davantage de couverture médiatique, encouragent d’autres à agir, développent une solidarité plus large, augmentent la confiance des combattants et renforcent les luttes en cours.
Et ces combats sont fortifiés par la résistance grandissante de la classe ouvrière contre l’offensive continue des patrons visant à nous faire payer pour la crise actuelle de leur système capitaliste. Les travailleurs qui luttent pour 15 $ de l’heure et un syndicat, ou qui participent aux lignes de piquetage de la première grève nationale de l’industrie du pétrole depuis plus de 30 ans, voient les liens entre leur lutte et celle de leurs frères et sœurs qui se battent contre la violence policière. Et l’inverse est aussi vrai.
Lorsque des manifestants sont descendus dans la rue après le meurtre de sang froid de Walter Scott à North Charleston en Caroline du Sud, et qu’un passant courageux a donné à la famille de la victime une vidéo du flic Michael Slager en train de lui tirer huit balles dans le dos alors qu’il fuyait sans arme, la nouvelle a rapidement fait le tour du monde. La vidéo a été vue par des millions de personnes. Les autorités n’ont eu d’autre choix que d’arrêter, mettre en accusation et licencier le flic.
Cela ne veut pas dire que la lutte est terminée. Comme l’a dit le débardeur syndicaliste Leonard Riley : « Nous ne sommes pas impressionnés outre mesure par l’arrestation et les chefs d’accusation. Le plus important pour nous maintenant, c’est qu’ils mènent réellement à bien la poursuite judiciaire. »
La fonction de la police dans la société capitaliste est de servir et de protéger la classe dirigeante capitaliste et d’intimider et de diviser la classe ouvrière. Les policiers visent de façon disproportionnée les couches de la classe qui possèdent une histoire de résistance.
Depuis la guerre civile à la reconstruction radicale, au mouvement prolétarien de masse qui a aboli le système de ségrégation Jim Crow dans les années 1950 et 1960, de même que dans l’organisation du mouvement des syndicats industriels dans les années 1930, les travailleurs noirs ont été parmi les combattants les plus déterminés des luttes de classe aux États-Unis.
Participer dans la bataille contre la brutalité policière est une question centrale pour la classe ouvrière. C’est notre lutte. Cela fait partie de l’éveil à notre humanité, à notre estime de nous-mêmes, comme le disait Malcolm X. Cela fait partie de la construction d’un mouvement prolétarien révolutionnaire qui peut renverser la dictature du capital et éliminer la cause fondamentale de la violence et de l’oppression capitalistes.
Nous devons être prêts à aller à Charleston, à Ferguson, à Staten Island ou à n’importe quel endroit où éclate la résistance contre la brutalité policière.