NEW YORK — Des milliers de travailleurs qui luttent pour 15 $ de l’heure et un syndicat ont manifesté sur Broadway le 15 avril aux acclamations de passants et de travailleurs des magasins tout au long du parcours. Des travailleurs de la restauration rapide, de Walmart, des soins de santé à domicile, de l’aéroport, des syndicalistes, des militants contre la brutalité policière et d’autres personnes qui soutiennent la lutte ont participé à la manifestation.
Des marches, des grèves, des grèves avec occupation et des rassemblements autour de la « Lutte pour 15 $ », qualitativement plus grands et plus larges qu’en décembre dernier, ont eu lieu dans plus de 200 villes à travers les États-Unis ainsi qu’à Hong Kong, en Belgique, au Brésil, au Canada, en Grèce, en Nouvelle-Zélande, aux Philippines et au Royaume-Uni.
Ce qui était frappant, c’est la présence accrue de membres de plusieurs syndicats y compris de nombreux travailleurs ayant des salaires plus élevés. Il y avait des contingents de travailleurs des métiers de la construction à New York, de travailleurs d’hôpitaux et d’employés d’immeubles, membres du Syndicat international des employés de service (SEIU), du Conseil des métiers de l’hôtellerie et de beaucoup d’autres.
« Je suis venue pour soutenir les travailleurs de soins de santé à domicile, » a dit Joyce Austin, une infirmière manifestant avec la section 1199 du syndicat SEIU. « Ils sont surchargés de travail et sont sous-payés pour un travail qui est si important. Ils deviennent comme une famille pour les personnes dont ils s’occupent mais ils ne peuvent même pas se permettre de prendre des vacances ou de manquer le travail quand ils sont malades. »
Il y a 150 000 auxiliaires de soins de santé à domicile à New York. Environ 80 000 d’entre eux sont membres du SEIU et gagnent 10 $ de l’heure. Les auxiliaires non syndiqués gagnent moins. De nombreux travailleurs de soins à domicile portaient des pancartes disant : « Nous ne sommes plus invisibles. »
On pouvait noter une plus grande confiance au cours des actions à travers les États-Unis. Beaucoup de travailleurs ont remarqué que Walmart et McDonald’s sentent la pression monter et ont récemment augmenté les salaires de certains travailleurs.
« Nous voulons plus, maintenant »
David Soriano, 39 ans, un préposé aux fauteuils roulants qui travaille pour PrimeFlight Aviation Services à l’aéroport de LaGuardia, gagne 9,10 $ de l’heure et a pris part à des manifestations et des grèves d’une journée. « Nous visions 10,10 $ de l’heure mais maintenant nous voulons 15 $, » a-t-il dit au Militant pendant la manifestation.
Dans le centre-ville de Brooklyn, une action à 6 h organisée par les travailleurs de la section locale 79 a attiré environ 500 personnes. Des plombiers, des électriciens et des ouvriers portant des bottes et des casques de sécurité ont défilé avec les travailleurs de la restauration rapide, des employés de lave-auto et des livreurs.
À Chicago, 125 personnes se sont rassemblées devant un restaurant McDonald’s dans le West Side. Doug Hunter et trois autres travailleurs du restaurant s’y sont joints.
« Le directeur nous intimide, a dit Doug Hunter. Il a réduit nos heures et mis la pagaille dans les horaires de ceux d’entre nous qui ont protesté. Je dis à mes collègues qu’ils ont le droit de manifester. »
« Nous voulons plus que 15 $ de l’heure maintenant, a-t-il dit. Nous voulons la justice sociale. Nous voulons mettre fin à la brutalité policière. Nous voulons des services de garde pour les enfants. Nous n’allons pas rester en bas de l’humanité. Nous nous défendons ! »
Environ 45 travailleurs du transport blindé Brink’s ont quitté leur travail pour se joindre à la manifestation. « Nous luttons tous ensemble, » a dit Terrance Garrett, qui est âgé de 25 ans et est un coursier et chauffeur. « Je suis prêt. Une fois que tu prends position, il faut continuer. »
Quelque 200 travailleurs ont manifesté devant un McDonald’s dans le South Side à 6 h en scandant : « Levez-vous ! Descendez ! Chicago est une ville syndicale ! » Les automobilistes klaxonnaient en signe d’encouragement.
Au cours des protestations à travers le pays, les travailleurs ont dit qu’ils se sentaient encouragés par les manifestations récentes contre le meurtre de Walter Scott par un flic en Caroline du Sud et contre d’autres agressions de la police.
Des travailleurs de Dallas, San Antonio, Austin et de la vallée du Rio Grande se sont joints aux manifestations à Houston. « Les jours d’esclavage sont terminés mais nous travaillons encore dur pour pas grand-chose, » a dit Tanzie Dorough, un travailleur de Burger King. « Ma première grève a été en décembre dernier. »
« Chacun mérite un salaire plus élevé, » a dit Santa Rubio, une travailleuse de McDonald’s. « Je travaille ici depuis 11 ans et je gagne 8,50 $ de l’heure. Mon mari travaille depuis 21 ans dans la construction et il gagne encore 8 $ de l’heure. »
Des centaines de personnes ont manifesté dans l’État de Washington. En plus des travailleurs de la restauration rapide, des chauffeurs d’Uber, des employés de Macy’s et de Walmart, des professeurs substituts (vacataires) à l’Université de Seattle et des travailleurs agricoles de l’est de l’État de Washington ont manifesté dans le centre de Seattle.
« Même si nous avons besoin d’argent, nous avons pris une journée de congé, » a dit un travailleur agricole qui a demandé à ne pas être identifié. « Nous ne pouvons pas vivre avec le salaire qu’ils nous paient. »
Près de 1 000 travailleurs ont manifesté depuis une église de la communauté noire d’Overtown jusqu’au centre-ville de Miami. Tout près, à l’aéroport de Fort Lauderdale, des manifestants pour la lutte des 15 $ se sont rassemblés dans le terminal.
Le débat sur les salaires dans la presse capitaliste
Les protestations suscitent des débats dans les medias capitalistes sur l’augmentation des salaires. Dans un article du 15 avril du Washington Post intitulé « Les Américains dépensent 153 milliards de dollars par an pour subventionner les travailleurs à bas salaires de McDonald’s et Walmart, » Ken Jacobs, président du centre Berkeley de l’Université de Californie sur la recherche et l’éducation au travail, critiquait « le coût public important des bas salaires » et plaidait pour une augmentation des salaires « afin de générer des économies importantes pour les gouvernements provinciaux et fédéraux. » En d’autres termes, les libéraux peuvent permettre aux « contribuables » de faire des économies en imposant par la loi des salaires légèrement plus élevés pour les travailleurs, qu’ils considèrent comme des victimes passives.
Michael Strain, un chercheur résident à l’American Enterprise Institute, répondait le 17 avril dans une lettre à la rédaction : « Si un travailleur ne peut rapporter, par exemple, que 9 $ de l’heure de recettes à son entreprise, il est tout simplement irréaliste de croire que son entreprise le paiera, disons, 15 $ de l’heure. »
McDonald’s, qui a enregistré un profit net de 1,09 milliards de dollars au quatrième trimestre de 2014, et Walmart, qui a reversé 12,8 milliards de dollars à ses actionnaires en 2014, ne sont pas en train de perdre de l’argent. Ils profitent de l’exploitation du travail salarié et ne font aucune faveur aux travailleurs.
La vigueur et la solidarité affichées lors des actions du 15 avril ont montré une classe ouvrière de plus en plus confiante dans sa capacité de se battre et de gagner du soutien, qui n’a pas besoin de la charité méprisante de la gauche ou de la condescendance « douce mais ferme » de la droite.
Anne Parker à Chicago, Edward Foote à Seattle, Deborah Liatos à Houston, Anthony Dutrow à Miami et Naomi Craine à New York ont contribué à cet article.