NEW YORK — Les manifestations du 1er mai de cette année aux États-Unis ont été marquées par les combats contre la brutalité policière, l’opposition à l’expulsion de travailleurs immigrés et des actions de travailleurs de McDonald’s et Walmart (la plus grande chaîne de commerce au détail), et dans d’autres emplois peu rémunérés pour obtenir 15 $ de l’heure et un syndicat — luttes qui se renforcent mutuellement. Les mises en accusation des flics de Baltimore responsables de la mort de Freddie Gray pendant sa détention ont apporté un air de fête.
Ce qui est frappant, c’est que de nombreuses actions ont été organisées par les syndicats : il y a à peine 10 ans, la plupart des responsables syndicaux auraient considéré toute action du 1er mai comme trop radicale pour que les syndicats y participent.
La section locale 10 du Syndicat international des débardeurs a organisé le défilé du 1er mai et un rassemblement de 750 personnes à Oakland, en Californie. Sur la banderole de tête on pouvait lire : « Arrêtez la brutalité policière » et « Une attaque contre un est une attaque contre tous. »
La section 10 a organisé la manifestation à la place de sa « réunion-arrêt de travail » mensuelle de huit heures, qui a pour effet de fermer le port d’Oakland pour la journée.
Des parents de jeunes tués par des flics dans la région de la baie de San Francisco ont pris la parole à la manifestation. « Nous avons fait en sorte que le flic qui a tué Oscar Grant soit mis en examen, condamné et envoyé en prison, » a dit à la foule l’oncle d’Oscar Grant, Cephus Johnson. Un flic des transports en commun de la région a tué Oscar Grant par balle en 2009 alors qu’il était couché face contre terre. « Il faut que la communauté et les syndicats travaillent ensemble. »
La Journée internationale des travailleurs, le 1er mai, est née aux États-Unis en 1886 dans le cadre de la lutte pour la journée de huit heures et est devenue une journée de protestation internationale de la classe ouvrière.
En raison de ces traditions et de la manipulation de la journée par les régimes staliniens en Union soviétique et en Europe de l’Est, les responsables syndicaux conservateurs aux États-Unis ont boycotté le 1er mai et la classe dirigeante a organisé la « Fête du travail » annuelle en septembre.
Cela a changé en 2006, lorsque des millions d’immigrants sont descendus dans les rues contre un projet de loi draconien anti-immigration devant le Congrès. Proclamant : « Nous sommes des travailleurs, pas des criminels ! » ils ont organisé la première grève politique dans l’histoire des États-Unis, reconquérant le 1er mai pour l’ensemble de la classe ouvrière.
Cette année, deux manifestations du 1er mai ont eu lieu à New York, chacune avec environ 1 000 participants. L’une était organisée par les Droits des travailleurs, droits des immigrants, un emploi pour tous, une coalition des conseils intersyndicaux de la ville et de l’État de New York et de plus de deux douzaines de sections syndicales locales. Elle a commencé devant la maison d’Alice Walton, une des propriétaires de Walmart.
Des centaines de travailleurs de la construction, membres de l’Union internationale des journaliers, dont un certain nombre de syndicalistes femmes, ont défilé au côté de fonctionnaires, de conducteurs d’engins de construction, d’infirmières, de gardiens d’immeubles et de groupes communautaires. Une salariée de Walmart a pris la parole au rassemblement. Elle est l’une de plus de 500 travailleurs qui ont perdu leur emploi lorsque la chaîne de distribution a fermé son magasin de Pico Rivera, en Californie, le 13 avril, pour exercer des représailles contre les travailleurs qui participaient aux actions syndicales.
La manifestation organisée par la Coalition du 1er mai pour les droits des immigrés s’est rassemblée au Union Square et a attiré un grand nombre d’organisations d’immigrés, d’étudiants et de manifestants contre les brutalités policières, qui scandaient : « La vie des Noirs compte » et appelaient à la poursuite et la condamnation des policiers qui ont tué Freddie Gray à Baltimore. Un contingent demandait la libération du prisonnier politique portoricain Oscar López et d’autres réclamaient que justice soit faite pour les 43 étudiants mexicains de Ayotzinapa que la police municipale d’Iguala, au Mexique, a fait disparaître en septembre dernier.
Plusieurs manifestations ont eu lieu dans l’État de Washington. « Ma mère a été expulsée en 2007 et mon frère, un an plus tard, » a expliqué Claudia Loza, une étudiante de l’Université d’Evergreen, au rassemblement de plus de 1 000 personnes à Seattle. « Je suis ici pour défendre ma famille et pour défendre toutes les familles qui ont été séparées. » Plusieurs centaines de travailleurs agricoles et leurs partisans ont défilé à Yakima, derrière la banderole « Non aux expulsions. »
Des centaines d’élèves du secondaire ont quitté leurs classes à Minneapolis pour protester contre le meurtre de Freddie Gray. Ils ont rejoint une manifestation organisée par le Comité d’action du Minnesota pour les droits des immigrés.
D’autres défilés ont eu lieu à Los Angeles, Milwaukee, Boston, Pittsburgh et d’autres villes.
Le 1er mai dans le monde
Des dizaines de milliers de personnes ont participé aux manifestations du 1er mai au Bangladesh, au Brésil, en Équateur, en Indonésie, en Espagne, en Grèce et dans d’autres pays.
Des dizaines de milliers de personnes ont défilé jusqu’à la place du Zócalo à Mexico. Les parents des 43 étudiants disparus et des travailleurs agricoles de la vallée de San Quintín en Basse-Californie qui ont obtenu une augmentation de salaire par une grève en avril ont dirigé un contingent dans la manifestation. Certaines pancartes disaient : « Nous soutenons Baltimore, San Quintín et Ayotzinapa. »
Environ 150 000 personnes ont participé à des manifestations du 1er mai en Corée du Sud, les plus grandes de l’histoire, selon le journal Hankyoreh. L’augmentation du salaire minimum, qui est actuellement à environ 5,17 $ de l’heure, était l’une des principales revendications.
Une centaine de membres de familles des victimes de la catastrophe du ferry Sewol en 2014, qui a coûté la vie à 294 passagers, se sont joints aux manifestants.
La semaine précédente, les flics avaient utilisé des canons à eau et tiré des gaz lacrymogènes contre une manifestation de plusieurs dizaines de milliers de personnes pour soutenir les familles du Sewol qui réclament une enquête sur la responsabilité du gouvernement dans la catastrophe.
Clint Davis dans l’État de Washington et Mark Schaefer à Oakland ont contribué à cet article.