Des travailleurs congédiés de Walmart exigent leur réintégration dans un magasin de Californie qui rouvre ses portes

Danielle London
le 5 octobre 2015

PICO RIVERA, Californie — Plus de 150 travailleurs de Walmart et leurs partisans ont tenu une conférence de presse et un rassemblement le 10 septembre près du magasin de cette ville pour exiger la réintégration de 530 travailleurs.

Walmart a mis à pied quelque 2 200 travailleurs le 13 avril lorsque la compagnie a brutalement fermé ce magasin ainsi que quatre autres en Floride, en Oklahoma et au Texas, prétextant des « problèmes de plomberie. » Le géant du commerce de détail a récemment annoncé qu’il rouvrirait le magasin de Pico Rivera fin octobre ou début novembre et a déclaré que les employés pourraient présenter une nouvelle demande d’emploi.

Walmart prétend que 75 pour cent des travailleurs licenciés qui ont demandé un transfert vers un autre magasin ont reçu une telle offre. Un porte-parole de la compagnie, Brian Nick, a déclaré que l’objectif de la compagnie est « de rengager autant d’associés très performants que possible afin de servir nos clients dans ces communautés. »

« Notre magasin était le plus fort, avec le plus d’activité, le plus grand nombre de membres de OUR Walmart, de dirigeants connus pour leur franc-parler. Walmart ne pouvait l’accepter et a donc décidé de fermer le magasin, » a dit Evelin Cruz en s’adressant au rassemblement. Elle a travaillé dans ce magasin pendant presque 11 ans jusqu’à son congédiement en novembre dernier. « Nous étions les plus militants dans la lutte pour obtenir un salaire décent et assez d’heures de travail, a-t-elle ajouté. Nous étions les premiers à faire grève. Nous étions les premiers à faire une grève sur le tas. Nous serons les derniers à nous taire dans cette lutte. »

L’organisation Unis pour le respect chez Walmart, OUR [selon le sigle en anglais] Walmart, est un groupe national luttant pour 15 $ de l’heure, le travail à temps plein et des horaires réguliers.

Jenny Mills a travaillé au magasin Pico Rivera pendant neuf ans et s’est jointe à OUR Walmart il y a deux ans et demi. Au cours du rassemblement, elle a dit être devenue sans-abri il y a deux ans quand elle était incapable de payer son loyer.

Lutte pour le respect et la dignité

« Je veux que tous les travailleurs dans tous les magasins soient traités avec respect et dignité, » a dit au Militant Martha Sellers, une caissière depuis 12 ans au Walmart de Paramount, près d’ici. « Ils dorment dans leurs voitures et mangent grâce aux banques alimentaires. Tout le monde devrait être en mesure de subvenir aux besoins de sa famille. »

« Nous continuerons de nous montrer tant que nous ne sommes pas réintégrés, » a affirmé devant l’assemblée Venanzi Luna, une dirigeante de OUR Walmart qui a travaillé dans ce magasin pendant huit ans.

L’administration « nous a dit qu’ils allaient nous reprendre dans un autre magasin, » a dit Julia Sanchez, une caissière qui soutient les activités de OUR Walmart. « J’ai fait tout ce qu’ils m’ont demandé. Ils m’ont appelée et m’ont dit : « Nous ne trouvons rien pour toi. »

Des membres du syndicat TUAC, les camionneurs portuaires membres des Teamsters et des travailleurs de stations de lavage auto et de restauration rapide actifs dans la lutte pour 15 $ ont participé au rassemblement.

Ont également pris la parole Rusty Hicks, secrétaire trésorier exécutif de la Fédération du travail du comté de Los Angeles, et Gregory Salcido, maire de Pico Rivera.

« Une injustice pour un est une injustice pour tous, » a dit au Militant Mario Gonzalez, un camionneur portuaire membre des Teamsters. « Nous soutenons la lutte pour leur réintégration. Ils nous ont soutenu et ont soutenu la lutte pour 15 $. Leur lutte est notre lutte. Les camionneurs portuaires ont des membres de leur famille qui travaillent chez Walmart. »

Les employés de Walmart, le syndicat TUAC, Making Change at Walmart [Apportez des changements chez Walmart] et OUR Walmart ont annoncé qu’ils avaient déposé des plaintes devant la Commission nationale des relations de travail [NLRB], sur le fait que des travailleurs qui avaient participé à des manifestations contre l’entreprise ont été victimes de discrimination dans le processus de transfert. Une première plainte alléguant que Walmart aurait fermé les cinq magasins en représailles aux activités des partisans de OUR Walmart ici fait l’objet d’une enquête de la NLRB.

Walmart a des antécédents de lutte contre la syndicalisation des travailleurs. En 2004, il a fermé le magasin de Jonquière au Québec, après que les travailleurs ont voté pour se syndiquer. Dix ans plus tard, la Cour suprême du Canada a statué que l’entreprise avait violé les lois du travail. Deux semaines après que les bouchers d’un magasin Walmart à Jacksonville au Texas ont voté pour se joindre au syndicat TUAC en 2000, l’entreprise a fermé 180 boucheries à l’intérieur des magasins dans tout le pays et est passée à la viande préemballée, éliminant tous les emplois de boucher. Plus de 70 travailleurs qui ont participé à des grèves en juin 2013 ont été licenciés et sanctionnés.

En février, en réponse à l’augmentation des activités de OUR Walmart, y compris les actions menées pendant le Black Friday de la fin de semaine de l’Action de grâce et une campagne de pétition, Walmart a annoncé qu’il allait augmenter les salaires pour les employés actuels à 9 $ l’heure en avril et 10 $ en février 2016, une mesure qui touche 500 000 travailleurs.