L’attaque terroriste du 2 décembre, qui a fait 14 morts à San Bernardino en Californie, et les attaques meurtrières à Paris près de trois semaines plus tôt par le groupe réactionnaire État islamique, qui ont tué 130 personnes, sont utilisées par Washington, Paris et d’autres puissances impérialistes pour cibler les musulmans et les mosquées et intensifier les manœuvres de guerre en Syrie et en Irak.
Dans une allocution télévisée spéciale le 6 décembre, le président Barack Obama a proposé d’interdire l’achat d’armes par quiconque est sur la liste « d’interdiction de vol » établie par Washington, liste arbitraire et antidémocratique. Il a de plus appelé à des vérifications d’antécédents plus intrusives pour les personnes entrant aux États-Unis.
Après les tueries de San Bernardino, le candidat présidentiel républicain Donald Trump a appelé à interdire l’entrée aux États-Unis de tous les musulmans qui ne sont pas citoyens américains et à créer un registre des musulmans qui vivent ici. Face aux critiques des autres candidats à la présidentielle, il a expliqué que son plan est similaire à celui du président Franklin Roosevelt qui a envoyé des milliers de Japonais-Américains dans des camps de concentration pendant la seconde guerre mondiale impérialiste.
Ses opposants ont présenté leurs propres plans pour transformer les musulmans en boucs émissaires. Le sénateur du Texas Ted Cruz, qui mène maintenant dans les sondages en Iowa, a proposé sa loi de Prévention de l’infiltration de réfugiés terroristes qui interdirait l’entrée de tous les réfugiés venant de Syrie et d’Irak.
Tout en dénonçant Donald Trump, la candidate démocrate Hillary Clinton a soutenu la mesure d’Obama, qui jette aux orties les droits constitutionnels de ceux que Washington a mis sur la liste d’interdiction de vol.
Liste arbitraire d’interdiction de vol
« Personne ne sait comment vous vous retrouvez sur la liste ou comment en sortir. Elle est totalement arbitraire et anticonstitutionnelle, » a dit au Militant, James Harris, deux fois candidat à la présidentielle pour le Parti socialiste des travailleurs. James Harris a constaté qu’il était sur la liste pendant cinq ans lorsqu’ils ont commencé à le mettre à l’écart quand il essayait de prendre un avion. « Vous pouvez être sur la liste parce que vous êtes musulman, parce que votre nom est le même que celui d’une autre personne qu’ils ont dans le collimateur ou pour toutes sortes d’autres raisons. »
Le candidat républicain Ben Carson dont la popularité dans les sondages a diminué, a déclaré que les États-Unis ne devraient pas discriminer les individus en raison de leur religion et que donc il faudrait exiger que chaque personne visitant les États-Unis soit listée et surveillée.
Depuis juin 2014, lorsque l’État islamique a commencé à prendre le contrôle de certaines parties de l’Irak, Obama y a envoyé 3 500 soldats américains. Le Pentagone a récemment annoncé l’envoi en Irak de 100 membres supplémentaires des forces spéciales, qui visent des « individus à haute valeur ajoutée, cibles de grande valeur, » ainsi que 50 autres en Syrie.
« Quand j’ai dit « pas de soldats sur le terrain, » je pense que le peuple américain en général a compris que nous n’allions pas refaire en Irak ou en Syrie une invasion du type de celle de l’Irak, avec des bataillons qui traversent le désert, » a dit Barak Obama sur la chaîne CBS News le 3 décembre, mais pas que nous n’allions plus envoyer de soldats.
Le même jour, le secrétaire d’État John Kerry a dit aux ministres européens de la défense réunis à Belgrade, en Serbie, que Washington et ses alliés ont besoin de « trouver quelques forces terrestres prêtes à confronter Daesh. Cette guerre ne sera pas gagnée seulement par les voies aériennes. » Daesh est un acronyme arabe pour désigner l’État islamique.
Dans les titres de journaux à travers le pays, la fusillade à San Bernardino est qualifiée de « plus grande attaque terroriste aux États-Unis depuis le 11 septembre. » La classe possédante cherche à approfondir l’anxiété et la peur parmi les travailleurs et fournir un soutien aux attaques contre les musulmans et les droits politiques.
Le FBI affirme que Syed Farook, un citoyen pakistanais-américain, et son épouse Tashfeen Malik, qui a grandi au Pakistan et en Arabie Saoudite et a obtenu un visa américain après son mariage avec Farook, se sont préparés bien à l’avance avant de se diriger vers une fête de fin d’année à San Bernardino et ouvrir le feu avec des fusils d’assaut. Le FBI dit que Tashfeen Malik a posté sur Facebook un hommage à l’État islamique au moment où l’attaque a commencé.
La campagne de la classe dirigeante pour faire des musulmans des boucs émissaires et attaquer les droits politiques engendre des agressions brutales. Après avoir été battu dans son restaurant Fatima Food à Astoria, Queens, le 5 décembre, par un homme qui lui disait « Je vais tuer les musulmans, » Sarker Haque a été emmené à l’hôpital meurtri, en sang et avec une main disloquée. « Je pensais que j’allais mourir, » a-t-il dit au Conseil de New York sur les relations américano-islamiques.
À Philadelphie, une tête de cochon coupée a été lancée sur la mosquée Al-Aqsa.
Le New York Times a publié un article le 25 novembre disant que les agents de la patrouille frontalière et « certains résidents » s’inquiètent des plans du Canada d’accepter 25 000 réfugiés syriens car ils pourraient représenter une menace pour les États-Unis. Il n’y a que 2 200 agents américains à la frontière canadienne, la frontière terrestre partagée la plus longue dans le monde, a noté le Times, comparés aux 18 000 à la frontière avec le Mexique.
En France, le gouvernement a prolongé l’état d’urgence jusqu’en février 2016 à la suite de l’attaque de Paris et l’a utilisé pour fermer trois mosquées et quatre salles de prière islamique, perquisitionner 2 200 appartements et entreprises, assigner 330 personnes en résidence surveillée et maintenir en détention la plupart des 263 personnes qu’ils ont arrêtées pour interrogatoire. Le président français François Hollande dit qu’il veut modifier la constitution du pays afin de donner au président des pouvoirs d’exception plus importants.
L’escalade de la guerre en Irak et la Syrie
Dans le cadre de l’opération militaire menée par les États-Unis, 5 639 cibles en Irak et 2 934 en Syrie ont été bombardées depuis le 1er décembre, en plus des 59 000 sorties aériennes depuis août 2014. Malgré les tentatives de Washington d’obtenir des partenaires de la coalition qu’ils accroissent leur participation, 78 pour cent des attaques ont été menées par les forces américaines.
Le 2 décembre, seulement une heure après que le Parlement britannique a voté de se joindre à la campagne impérialiste, des avions de combats de la Royal Air Force ont attaqué les infrastructures pétrolières contrôlées par l’État islamique dans l’est de la Syrie. L’armée britannique a engagé 16 avions dans le combat.
Tandis que Paris et Londres sont des partenaires mineurs dans le cadre des attaques de Washington, Obama cherche à rassembler une plus grande coalition pour parvenir à une solution politique et pacifier la région afin d’y protéger les intérêts impérialistes US.
« Cela permettra au peuple syrien et à tous les pays, y compris nos alliés, mais aussi à des pays comme la Russie, de se concentrer sur l’objectif commun de détruire l’État islamique, un groupe qui nous menace tous, » at-il dit dans son allocution du 6 décembre.
Mais Moscou, Damas, Ankara, Téhéran et les monarchies du Golfe, avec Washington et d’autres puissances impérialistes ont tous des intérêts contradictoires, et la grande coalition se montre équivoque. Pendant ce temps, les travailleurs et les agriculteurs musulmans sont les premières victimes des attentats et des agressions menées par l’État islamique, par les forces du dictateur syrien Bachar el-Assad, par la Russie, par la Turquie et par la coalition impérialiste.
Moscou a également accéléré son bombardement en Syrie et a principalement ciblé non pas l’État islamique mais d’autres groupes armés opposés au régime Assad. Les avions russes lancent principalement des bombes non guidées, ce qui entraîne des centaines de victimes civiles. Les frappes américaines « de précision » au cours de la dernière année ont également tué des centaines de civils, selon Airwars, un groupe de journalistes indépendants.