Le soutien grandissant pour Bernie Sanders, au moment où commence le vote pour les primaires présidentielles, est une indication de la profondeur de la crise sociale du capitalisme et du désarroi qu’elle provoque au sein des principaux partis de l’impérialisme US. Bernie Sanders, qui fait campagne sur la base de la plate-forme du mouvement Occupons Wall Street, est arrivé presque à égalité avec Hillary Clinton dans les caucus du Parti démocrate en Iowa le 1er février.
Simultanément, la campagne de Donald Trump pour l’investiture républicaine n’est pas en train de disparaître, bien qu’il soit arrivé en seconde position en Iowa juste derrière Ted Cruz, membre de l’aile « Tea Party » des républicains.
Ce qui met du vent dans les voiles de Donald Trump et de Bernie Sanders, c’est le mécontentement et la colère largement répandus entre autres parmi les travailleurs et qui sont alimentés par des années de conditions de dépression économique qui se consument lentement et dans lesquelles les emplois, les salaires et les conditions de vie ont stagné ou se sont empirés.
Hillary Clinton, pour qui l’investiture du Parti démocrate semblait être dans la poche, doit maintenant se presser pour contrer Bernie Sanders en se présentant elle-même comme le moyen le plus pratique pour réaliser la plate-forme Sanders. Dans son discours de « victoire » en Iowa, où elle a battu Sanders d’un cheveu, Hillary Clinton a dit : « Je suis une progressiste, qui obtient des résultats. »
Les rédacteurs du New York Times et du Washington Post ont déclaré leur soutien à Hillary Clinton dans les jours qui ont précédé le vote de l’Iowa. « La campagne pleine de fiction de Bernie Sanders, » tel était le titre de l’éditorial du Post du 27 janvier. Il l’accusait de promouvoir « des prétentions fantaisistes » et de « jouer le rôle d’un croisé incorruptible contre l’établissement. »
« C’est le point de vue de l’établissement, » a répondu Jane Sanders, conseillère politique et femme de Bernie Sanders, dans une interview le 29 janvier à la chaîne de télévision MSNBC. Ils disent que « tout ce qui est audacieux n’est pas faisable. Nous ne sommes simplement pas d’accord. »
Jane Sanders a également contesté l’opinion d’un commentateur qui a comparé la campagne de son mari à celle de 1972, lorsque George McGovern, profitant de la vague du sentiment contre la guerre au Vietnam, a obtenu l’investiture du Parti démocrate, mais a perdu l’élection de façon écrasante contre Richard Nixon. La meilleure analogie est avec celle de 1932, a-t-elle dit, quand Franklin Delano Roosevelt a remporté l’élection à la présidence pendant la grande dépression. « Les gens étaient à la recherche d’un dirigeant audacieux et c’est ce qui se passe maintenant. » Le « New Deal » de Franklin Roosevelt était un ensemble de réformes pour sauver le capitalisme de l’effondrement et empêcher que la combativité syndicale croissante ne se transforme en action politique ouvrière indépendante.
Sous l’impact des conditions de dépression auxquelles les travailleurs font face, Donald Trump obtient du soutien aussi bien dans le Parti républicain que le Parti démocrate. Selon Working America, qui est affilié à la centrale syndicale AFL-CIO, une étude récente réalisée auprès des ménages dans les quartiers ouvriers autour de Cleveland et de Pittsburgh a montré qu’un peu plus de la moitié des électeurs étaient indécis, mais que 38 pour cent de ceux qui avaient fait leur choix soutenaient Donald Trump. Le pourcentage suivant le plus élevé était de 22 pour cent pour Hillary Clinton.
Les dirigeants du Syndicat international des employés de service (SIEU), qui regroupe deux millions de membres, ont déclaré leur soutien à Hillary Clinton au mois de novembre. Mais Donald Trump réussit à se faire entendre parmi certains membres de ce syndicat. « Il y a beaucoup d’anxiété économique parmi nos membres et les gens que nous essayons de syndiquer et je crois que le message de Donald Trump l’exploite, » a dit Mary Kay Henry, la présidente du SEIU, au Times le 29 janvier.
L’ancien maire de New York Michael Bloomberg envisage de se lancer dans la course comme un soi-disant « indépendant ». S’il paraît que Donald Trump ou Ted Cruz remportera la primaire républicaine et que Bernie Sanders sera le candidat démocrate, Michael Bloomberg « a dit à ses partisans que probablement il se présentera, » selon le New York Times. Il s’est fixé une échéance du début du mois de mars pour prendre une décision, après les résultats de quelques primaires.
Michael Bloomberg, qui a été maire de New York de 2002 à 2013, était au premier rang de la campagne des patrons contre les droits et conditions de vie des travailleurs dans cette ville. Il s’est présenté comme un républicain libéral en 2001 et 2005 et quatre ans plus tard comme un « indépendant », mais était aussi le candidat du Parti républicain. Pendant ce temps il a caressé le projet de se présenter à l’élection présidentielle.
S’il se présente, Michael Bloomberg pense qu’il dépensera au moins un milliard de dollars de sa propre fortune afin de pouvoir se présenter dans l’ensemble des 50 États, selon le Times. C’est tout à fait différent de ce à quoi les partis ouvriers font face lorsqu’ils tentent de se présenter sous les lois restrictives dans de nombreux États.