Le 14 avril, des actions dans des dizaines de villes à travers les États-Unis exigeront un salaire minimum de 15 $ de l’heure et un syndicat. Au Canada, ces actions auront lieu le lendemain.
Les concierges syndiqués qui luttent pour une convention collective, pour 15 $ de l’heure et la fin du harcèlement sexuel des travailleuses par les patrons, ont manifesté le 31 mars à Oakland, en Californie. Petra Reynaga, une travailleuse de la restauration rapide et membre du Comité d’organisation de la baie Est, a exhorté les manifestants à participer le 14 avril aux actions pour 15 $ de l’heure et un syndicat. « Les loyers augmentent mais les salaires ne suivent pas, » a-t-elle dit.
Ces dernières années, alors que les travailleurs ont cherché des moyens de se défendre contre les conditions écrasantes de la dépression économique, la revendication de 15 $ et un syndicat a été avancée initialement dans les actions des travailleurs de la restauration rapide à New York en novembre 2012. Ce qui a été rejeté par les patrons et leurs médias comme une chimère a commencé à être considéré comme nécessaire et possible par des millions de travailleurs qui ne peuvent pas joindre les deux bouts avec le salaire minimum fédéral de 7,25 $. La revendication s’est propagée aux travailleurs des aéroports, des soins à domicile et du commerce de détail. Des dizaines de milliers de travailleurs se sont joints aux protestations à travers le pays le 15 avril dernier et une autre mobilisation nationale a eu lieu le 10 novembre.
« Les amis des syndicats » cherchent à faire dérailler la lutte
Alors que la lutte gagne du soutien, des politiciens rusés qui défendent les intérêts des patrons ont commencé à se présenter comme des partisans de la lutte pour les 15 $ en faisant la promotion d’une loi pour augmenter le salaire minimum, mais lentement, sur plusieurs années et avec des échappatoires.
À mesure que les élections de 2016 approchent, la pression a augmenté pour assujettir la lutte au soutien aux pseudo-amis des syndicats comme le gouverneur de New York Andrew Cuomo, le gouverneur de la Californie Jerry Brown et les candidats à l’élection présidentielle Hillary Clinton et Bernie Sanders, ce qui a pour effet de minimiser l’importance de la syndicalisation et de mettre l’accent sur l’obtention d’une loi. Les dirigeants syndicaux favorisent cette approche.
Le 4 avril, Jerry Brown a signé un projet de loi fixant provisoirement le salaire minimum dans l’État à 15 $ de l’heure dans six ans à partir de maintenant, au sein des entreprises qui emploient plus de 25 personnes. L’augmentation commencera l’année prochaine avec un maigre 50 cents. Pire encore, la loi prévoit des « dispositions de sortie, » donnant le pouvoir au gouverneur de mettre fin aux augmentations de salaire dans le scénario probable d’un déclin dans l’emploi ou dans les ventes au détail ou d’un déficit dans le budget de l’État.
Le même jour, Andrew Cuomo a signé une loi qui augmente le salaire minimum horaire dans la ville de New York à 15 $ à la fin de 2018 dans les entreprises de plus de 10 salariés et un an plus tard dans les établissements plus petits. Dans les comtés voisins de Long Island et de Westchester, le salaire de 15 $ de l’heure entrera en vigueur à la fin de 2021. Dans le reste de l’État, le minimum horaire s’élèvera seulement à 12,50 dollars et pas avant la fin de 2020. Les 10 communautés les plus pauvres de l’État sont dans le nord de l’État de New York, selon une étude de décembre 2015 de l’American Community Survey.
La loi d’Andrew Cuomo a une « soupape de sécurité, » comme son équivalent de Californie. À partir de 2019, des fonctionnaires de l’État effectueront « une analyse annuelle de l’économie de chaque région […] pour déterminer si une suspension temporaire des augmentations prévues est nécessaire, » affirme le communiqué de presse du gouverneur.
Deux semaines avant l’élection primaire de l’État de New York, Andrew Cuomo, après avoir signé la loi, a organisé un rassemblement avec Hillary Clinton. Elle avait déjà appelé à augmenter le salaire minimum à 12 $ l’heure.
La syndicalisation est la clé
Les millions de travailleurs qui sont employés chez McDonald’s et Walmart, les bagagistes et les agents de nettoyage dans les aéroports, les auxiliaires de soins à domicile, les ouvriers agricoles et d’autres travailleurs ont montré qu’ils veulent lutter ensemble pour augmenter les salaires et améliorer les conditions de travail. Organiser des syndicats, ne pas compter sur les politiciens qui représentent les riches employeurs, est la seule façon de le faire.
Lutter pour des augmentations de salaire, gagner des emplois à temps plein pour ceux qui les veulent et des horaires réguliers affichés bien à l’avance, empêcher les licenciements-sanctions des militants ouvriers, insister sur des conditions de travail sécuritaires et lutter contre la discrimination raciale et sexuelle, tout cela nécessitera de l’action syndicale organisée et collective.
« Nous sommes en grève aujourd’hui pour les salaires et les avantages médicaux, » a dit au Militant Sadaf Subijano, un travailleur contractuel d’aéroport et l’un des organisateurs d’un rassemblement de 250 travailleurs le 31 mars à l’aéroport O’Hare, à Chicago. « Nous n’avons pas de prestations-maladie, ni de congés de maladie. Nous travaillons à l’extérieur dans toutes sortes de conditions météorologiques. »
« Je suis venu soutenir les travailleurs de l’aéroport parce que notre lutte est la même, » a dit Tyree Johnson, un travailleur de McDonald’s âgé de 24 ans. « Il y a des gens qui ont peur de résister, mais nous n’obtiendrons jamais quoi que ce soit si nous ne le faisons pas. »
Betsey Stone à Oakland, en Californie, et Betsy Farley à Chicago ont contribué à cet article.