L’économie américaine va « drôlement bien en ce moment, » a dit le président Barack Obama le 4 mars lors d’une conférence de presse qui a présenté les estimations officielles d’emploi du gouvernement pour février.
Mais de nombreux travailleurs savent, à partir de leur propre expérience et celle d’autres travailleurs, que la réalité n’est pas aussi rose. Le chômage réel est beaucoup plus élevé que le chiffre de 5 pour cent vanté par le gouvernement et les salaires réels restent à leur niveau de 1970 alors que la production par travailleur a plus que doublé.
Et un regard sur ce qui se passe dans la production et le commerce montre qu’un autre ralentissement se profile au sein de la crise capitaliste mondiale, qui couve depuis près d’une décennie.
La production industrielle des États-Unis continue de se contracter, en baisse au cours de six des sept derniers mois, selon la Banque fédérale de réserve. Les nouvelles commandes de biens manufacturés ont diminué de 1,7 pour cent en mars, tandis que l’utilisation de la capacité industrielle des entreprises a chuté à 74,8 pour cent, le plus bas niveau en cinq ans et demi.
Au Royaume-Uni, la production industrielle a connu sa « plus forte baisse en quatre ans » en février, a rapporté le Spectator. La production manufacturière a chuté de 1,8 pour cent, sa neuvième baisse mensuelle consécutive.
La baisse de production de la Chine au Brésil, combinée à la chute libre des prix des matières premières, a ralenti les échanges commerciaux jusqu’à leur niveau le plus bas depuis 2009. Le Baltic Dry Index, un indice du commerce mondial des produits bruts, y compris le charbon, le minerai de fer et des céréales, a chuté en février à son plus bas niveau jamais enregistré.
L’année dernière, la valeur des marchandises qui ont traversé des frontières internationales exprimée en dollars a diminué de 13,8 pour cent. Les exportations américaines ont fléchi de 6,3 pour cent. L’effondrement de 41,4 pour cent des exportations en provenance d’Afrique et du Moyen-Orient, en raison de la chute des prix du pétrole, a été particulièrement dévastateur.
L’effondrement du commerce avec la Chine ralentit la production industrielle en Allemagne, la puissance capitaliste dominante en Europe. Selon l’Office fédéral allemand des statistiques, 9 des 10 plus grandes exportations de l’Allemagne vers la Chine ont chuté l’an dernier, y compris de 29 pour cent dans le cas des exportations d’automobiles.
Avec le déclin, depuis des décennies, des taux moyens de profits industriels, en partie en raison du fonctionnement normal du marché capitaliste, la grande majorité des patrons ont hésité à investir dans l’expansion de la capacité de production et à embaucher des travailleurs. En fait, depuis les années 1980, moins de 10 cents par dollar emprunté sont investis dans la production, a rapporté Bloomberg News. Au lieu de cela, les dirigeants déplacent péniblement leur argent dans des actions, obligations et autres formes de titres commerciaux à la recherche de rendements plus élevés, ce qui a ainsi gonflé des bulles de dettes corporatives à des niveaux jamais vus de près de 30 milliers de milliards de dollars.
Faillites des compagnies de charbon et de pétrole
Un nombre croissant d’entreprises, en particulier dans l’industrie minière, utilisent la faillite pour s’attaquer aux emplois, aux salaires, aux régimes de retraite et aux conventions collectives, tandis que les riches détenteurs d’obligations insistent pour obtenir en premier le paiement de leurs intérêts.
Peabody Energy Corp., la plus grande compagnie minière de charbon des États-Unis, a déclaré faillite le 13 avril, après des actions similaires d’Arch Coal Inc., Alpha Natural Resources Inc., Patriot Coal Corp. et Walter Energy Inc. Selon le ministère du Travail, les emplois de 185 000 mineurs ont été éliminés depuis septembre 2014. Les mineurs dans les Appalaches et le Wyoming ont été particulièrement touchés.
Le 15 avril, Goodrich Petroleum Corp. a déclaré faillite, tout comme 51 autres entreprises nord-américaines de pétrole et de gaz depuis le début de 2015. Le Wall Street Journal note que le tiers de tous les producteurs de pétrole américains pourrait se retrouver en faillite. Dans le monde, un quart de million de travailleurs du secteur pétrolier ont été licenciés alors que les prix du pétrole ont chuté de 70 pour cent à partir de 100 $ le baril il y a près de deux ans.
Les trois plus grandes sociétés automobiles américaines ont fait état de ventes records de 17,5 millions de véhicules l’année dernière. Mais les chiffres peuvent être trompeurs. « Les constructeurs automobiles ont dopé les ventes, a écrit le Bloomberg News, avec la poussée de crédits-baux considérés comme « ventes », et le dumping de leurs berlines aux entreprises de location de voiture et à d’autres acheteurs en vrac. »
Les ventes de voitures sont de plus en plus alimentées par les prêts à haut risque, qui sont traités et vendus comme titres, tout comme l’étaient les prêts à l’habitation à haut risque qui se sont effondrés en 2007 et qui ont contribué au déclenchement d’une sévère récession. La durée moyenne des nouveaux prêts-automobiles à haut risque est de six ans à 10 pour cent d’intérêt. En février, près de 5 pour cent de ces prêts étaient en souffrance de 60 jours ou plus, soit le niveau le plus élevé depuis 2009.
Parallèlement, jusqu’à un million de travailleurs ne recevront plus de coupons alimentaires au cours des prochains mois. En invoquant des taux de chômage officiels inférieurs, 22 gouvernements d’État appliquent une fois de plus une réglementation fédérale adoptée il y a 20 ans, qui dit que les adultes sans enfant ou sans incapacité doivent avoir un emploi afin d’obtenir des coupons d’alimentation. Si vous êtes sans emploi, vous n’avez droit à l’aide alimentaire que pendant trois mois sur une période de trois ans. La durée moyenne de chômage d’un travailleur est de près de 30 semaines. De nombreuses personnes ont atteint cette limite de trois mois le 1er avril.