La décision de l’administration du président Barack Obama, en fin de mandat, de permettre l’adoption le 23 décembre d’une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies condamnant Israël affaiblit le droit d’Israël à exister tout comme la lutte pour les intérêts nationaux du peuple palestinien. Elle donne le feu vert aux courants antisémites qui appellent à la destruction de l’État juif, y compris les forces de la campagne Boycott, Désinvestissement, Sanctions, et à ceux, comme le Hamas réactionnaire dans la bande de Gaza palestinienne, qui organisent des actions terroristes contre les Juifs en Israël et dans les colonies de la Cisjordanie. Et elle encourage les courants agressifs anti-arabes en Israël.
La résolution de l’ONU, à laquelle le président républicain élu Donald Trump a pressé Obama d’opposer son veto, déclare que « la création par Israël de colonies de peuplement dans le territoire palestinien occupé depuis 1967, y compris Jérusalem Est, n’a aucun fondement en droit et constitue une violation flagrante du droit international et un obstacle majeur à la réalisation de la solution des deux États. »
Le 28 décembre, le secrétaire d’État John Kerry a ajouté l’insulte à l’injure lorsqu’il a sermonné Israël dans un discours de 70 minutes. Il a accusé Tel Aviv d’avoir coulé la perspective d’un accord de paix négocié et a qualifié le gouvernement de coalition dirigé par le premier ministre Benjamin Netanyahu de « le plus à droite de l’histoire israélienne, dont l’ordre du jour est dicté par ses éléments les plus extrêmes. »
Dans sa critique, Kerry a condamné Tel-Aviv pour avoir volé à Obama son « héritage » en ignorant ses conseils et ses instructions sur ce qu’ils devaient faire. Comme les libéraux et ceux de la gauche petite-bourgeoise qui sont consternés par les travailleurs américains qui ont rejeté Hillary Clinton et ont voté pour Donald Trump, Obama et ses frères méritocratiques n’arrivent pas à comprendre que Netanyahu n’exécute pas fidèlement leurs préceptes pour la politique israélienne.
La question clé ici est la question juive, le droit d’Israël d’exister en tant que patrie pour les Juifs et le droit de retourner en Israël pour les Juifs de partout dans un monde, où la haine des Juifs est en hausse. Comme nous l’enseigne l’histoire, à mesure que la crise du capitalisme et la lutte de classe s’intensifient, les capitalistes perdent confiance dans leur capacité de défendre leur domination par les méthodes « habituelles » et ils se tournent vers la terreur fasciste contre la classe ouvrière. Attiser la haine des juifs et encourager les pogroms pour détourner les travailleurs de la lutte pour le pouvoir devient alors un élément essentiel.
La nécessité d’un refuge pour les Juifs a été gravée dans la conscience des ouvriers du monde entier lors du deuxième massacre impérialiste mondial, quand les Nazis ont marché à travers l’Europe, annihilant six millions de Juifs : les deux tiers de la population juive en Europe. Les dirigeants capitalistes de Washington et de toute l’Europe ont fermé leurs frontières aux Juifs qui tentaient de fuir l’Holocauste.
Israël a été créé suite à cette catastrophe. La population juive mondiale n’a toujours pas atteint son niveau d’avant-guerre. En 1939, il y avait près de 17 millions de Juifs dans le monde, principalement en Europe. Aujourd’hui, il y en a peu plus de 14 millions.
« Pendant plus de 2 000 ans, ils ont été soumis à de terribles persécutions, puis aux pogroms, » a dit Fidel Castro, le chef historique de la révolution cubaine, à propos du peuple juif en 2010. « Je pense que leur culture et leur religion les ont maintenus ensemble. »
La lutte entre les autorités israéliennes et l’administration Obama à la fin de son mandat, a lieu alors que les alliances politiques entre les régimes capitalistes au Moyen-Orient traversent des changements tectoniques. Téhéran a augmenté sa présence militaire et son influence politique, de l’Afghanistan au Liban. Les régimes dirigés par des chiites et des sunnites s’alignent pour s’affronter. Alors que l’influence de Washington diminue, Moscou tente de s’installer dans la région.
Israël est une nation du Moyen-Orient. Aujourd’hui Tel Aviv est forcé de jeter un autre regard sur qui sont ses alliés et ses ennemis. Alors que la plupart des gouvernements du Moyen-Orient ne reconnaissent pas Israël, de nombreux régimes dirigés par des sunnites, y compris l’Arabie saoudite et la Jordanie, cherchent à travailler avec Tel Aviv, partageant des intérêts communs pour bloquer Téhéran.
L’année dernière, le gouvernement israélien a repris ses relations diplomatiques avec la Turquie après un gel de six ans à la suite d’un raid israélien mortel contre un navire turc fournissant de l’aide à Gaza.
Tel-Aviv se rapproche de Moscou et cherche à établir des relations plus étroites avec la prochaine administration US de Donald Trump.
La haine des Juifs en hausse
La haine des Juifs et les attaques antisémites sont en hausse dans de nombreuses régions du monde. C’est pourquoi le droit d’Israël d’exister et pour les Juifs de partout d’y vivre est encore plus important aujourd’hui. Et cette approche est la seule voie pour reconstruire un mouvement capable de gagner la reconnaissance d’un État palestinien aujourd’hui, ouvrant la porte à la lutte pour une patrie contiguë et viable pour le peuple palestinien.
La résolution des Nations unies encourage la campagne de Boycott, Désinvestissement et Sanctions, qui bénéficie d’un soutien croissant dans les milieux libéraux, universitaires et gouvernementaux aux États-Unis et en Europe. Les partisans de cette campagne cherchent à transformer Israël en paria international, traitant sa population juive comme une masse réactionnaire et l’étiquetant d’« État d’apartheid. » Ils exigent le boycott des produits israéliens et la fin des échanges artistiques, musicaux et académiques avec Israël.
Mais Israël aujourd’hui ne ressemble pas au régime d’apartheid d’Afrique du Sud et la position des Juifs en Israël et à travers le monde n’est pas comparable à celle des seigneurs meurtriers Boers qui gouvernaient Pretoria avant Nelson Mandela.
Le Hamas et les dirigeants de l’Autorité palestinienne ont salué la résolution de l’ONU et le discours de Kerry. Celle-ci renforce le cours qu’ils suivent depuis des décennies, y compris l’utilisation d’attaques terroristes pour tenter d’attirer l’attention de Washington et d’autres puissances impérialistes afin de faire pression sur Tel-Aviv. Ce cours réduit les masses palestiniennes au rôle de spectateurs passifs.
La reconnaissance de l’État d’Israël est cruciale pour défendre les Juifs en Israël et dans le monde entier et constitue la seule voie qui puisse ouvrir la porte à la mobilisation des travailleurs et des agriculteurs palestiniens pour lutter pour leurs droits.