Après des semaines de protestations dirigées par l’opposition dans le but de faire tomber le gouvernement du Venezuela, Washington accroît sa pression sur le président Nicolás Maduro.
Les dernières protestations viennent en réponse à la décision de Maduro de mettre en place une assemblée constituante et élaborer une nouvelle constitution. Cette décision a déclenché une salve de critiques de la Maison-Blanche et de quelques gouvernements latino-américains, y compris l’Argentine, le Brésil, la Colombie, le Costa Rica, le Guatemala, le Honduras, le Mexique et le Paraguay. Ils se joignent à l’opposition dans leur critique de la mesure prise par Maduro de repousser les élections nationales.
En fort contraste, Ulises Guilarte de Nacimiento, secrétaire général de la Fédération des travailleurs cubains (CTC), a réaffirmé le « soutien indéfectible » de Cuba révolutionnaire au combat pour la souveraineté et l’indépendance du Venezuela, dans son discours devant les centaines de milliers de Cubains à La Havane le 1er mai en soutien à leur révolution socialiste.
Washington s’est opposé à la fois à Maduro et à son prédécesseur Hugo Chávez principalement en raison de leurs relations avec le gouvernement révolutionnaire de Cuba. Les dirigeants US aimeraient bien remplacer Maduro par un gouvernement plus docile, et le faire sans aggraver l’effondrement économique et les conflits de classe.
Les protestations de rue sont dirigées par des partis pro-impérialistes, organisés dans la Table de l’unité démocratique (MUD). Beaucoup de ces protestations ont été marquées par des affrontements violents entre les opposants de Maduro et les forces du gouvernement, faisant 36 morts jusqu’à présent. Des bâtiments publics et des entreprises ont été attaqués, des tankers de gaz détournés et des commerces pillés dans plusieurs États.
Les appels par les dirigeants d’opposition à plus de démocratie ne convainquent pas beaucoup de travailleurs, qui se rappellent le rôle de ces forces dans le coup d’État manqué contre le gouvernement Chávez en 2002 et savent qu’ils viennent des mêmes familles qui ont dirigé le Venezuela de manière dictatoriale pendant des années.
Ces dirigeants n’abordent pas non plus la crise économique dévastatrice pesant sur les travailleurs, qui font face à un chômage massif, une inflation galopante et une pénurie de nourriture, de médicaments et d’autres biens de première nécessité.
Les travailleurs font face à la crise économique
Les conditions de vie se sont détériorées depuis plusieurs années alors même que la crise économique capitaliste mondiale frappe le Venezuela et que le prix du pétrole a diminué de moitié depuis 2014. Le pétrole compte pour 95 pour cent des revenus d’exportation du pays et a été utilisé à la fois par Chávez et Maduro pour financer les programmes sociaux.
Des mesures ont été prises pour tenter de faire face aux pénuries alimentaires et la spirale des prix des biens. Des Comités locaux d’approvisionnement et de production ont été mis en place pour fournir des sacs de nourriture subventionnée et d’autres produits de base à près de six millions de ménages. Une augmentation de salaire de 60 pour cent, la troisième cette année, a été instituée le 1er mai.
Depuis 2003, quelque 135 000 bénévoles cubains ont fourni des soins de santé dans des régions où il n’y avait jamais eu de cliniques et ont aidé à former 22 000 nouveaux professionnels de la santé. Quand la mission Barrio Adentro a commencé, 57 pour cent de la population n’avait pas accès aux services de santé, a expliqué le docteur Roberto González Martín, responsable de la mission médicale cubaine au Venezuela, au quotidien cubain Granma le 16 avril.
Avec l’augmentation de la mortalité infantile, la mortalité maternelle et les cas de paludisme, la diphtérie et le Zika, il y a un grand besoin pour l’aide médicale cubaine. Selon la Fédération pharmaceutique du Venezuela, les pénuries de médicaments ont atteint 85 pour cent en 2016, affectant sérieusement la disponibilité des soins hospitaliers et spécialisés.
Le gouvernement vénézuélien est accablé de dettes considérables envers des détenteurs d’obligations aux États-Unis, en Chine et ailleurs. Il donne la priorité à leur remboursement en temps voulu. Il a remboursé 2,2 milliards de dollars en avril. Un montant supplémentaire de 3,5 milliards de dollars arrive à échéance plus tard cette année, sur une dette totale de 120 milliards de dollars. Le gouvernement n’a plus que 10 milliards de dollars dans ses réserves en devises étrangères.
Défendre la souveraineté du Venezuela
Luis Almagro, secrétaire général de l’Organisation des États américains (OÉA), soutenu par Washington, a dirigé des attaques contre le gouvernement Maduro. Le 27 avril, Nicolás Maduro a annoncé que le Venezuela quitterait l’OÉA. Le ministère des Affaires étrangères de Cuba a exprimé son « soutien et sa solidarité envers le peuple et le gouvernement vénézuélien » pour leur décision de rompre avec le groupe pro-Washington.
Le 2 mai, Luis Almagro a prétendu que l’appel à une assemblée constituante au Venezuela était « un nouveau coup d’État. » Environ la moitié des représentants de la nouvelle assemblée seraient directement élus. Cela comprendrait des représentants des travailleurs, des agriculteurs, des jeunes et des organisations de femmes, a indiqué le réseau de nouvelles CNN.
Un projet de loi bipartite visant à accroître les sanctions contre le Venezuela a été introduit au Sénat américain le 3 mai.
À la demande du gouvernement vénézuélien, la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes s’est réunie au Salvador le 2 mai. S’adressant aux représentants des 26 pays présents, le ministre cubain des Affaires étrangères Bruno Rodríguez Parrilla a souligné à la fois la complicité de l’OÉA dans les coups d’État soutenus par les États-Unis dans l’hémisphère et les appels à des pourparlers faites par le pape François. Il a appelé à la reprise des négociations et à une solution politique dans le cadre de la souveraineté nationale du Venezuela.