Les travailleurs en Grèce sont confrontés à une « nouvelle normalité » de hausse des taux de mortalité, de pires emplois, si vous avez la chance d’en avoir un, de plus bas salaires, d’avantages sociaux réduits et de qualité de vie inférieure. C’est le résultat d’une décennie d’assauts du gouvernement au milieu de la crise la plus profonde du capitalisme mondial depuis des décennies.
Cette crise est aussi le produit des réalités sous-jacentes de « l’union toujours plus grande » de l’Union européenne. Celle-ci devait bénéficier à tous, mais elle est en fait un mariage de régimes capitalistes concurrents inégaux qui assure des profits continus pour les classes dirigeantes à Berlin et dans d’autres régions du Nord aux dépens des peuples de la Grèce, de l’Italie, de l’Espagne et d’autres économies plus faibles dans le Sud de l’Europe.
Cette inégalité, exacerbée par la crise capitaliste mondiale, a poussé l’énorme dette nationale des dirigeants grecs jusqu’à la catastrophe. L’insolvabilité du gouvernement, approfondie par une pression implacable pour forcer les paiements sur les obligations grecques détenues par des banques et des profiteurs privés, a menacé de briser l’UE.
L’UE, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international ont fourni de l’aide, mais ont exigé que les dirigeants grecs déclenchent des attaques incessantes contre les travailleurs et les agriculteurs pour leur faire payer la crise.
Le 7 juillet, les responsables de l’UE ont approuvé une autre aide financière de 9,7 milliards de dollars au gouvernement grec, reportant à nouveau une crise de défaut de paiement qui aurait menacé la survie de l’Union européenne de 28 membres.
L’action, prise par le conseil d’administration du Mécanisme européen de stabilité, démasque le mythe promu par les politiciens capitalistes libéraux selon lequel l’UE est un contrepoids stable et « progressif » sur la scène mondiale aux États-Unis protectionnistes sous l’administration du président Donald Trump.
L’aide financière d’urgence a simplement permis au gouvernement grec de la Coalition de la gauche radicale du premier ministre Alexis Tsipras d’immédiatement payer 7,9 milliards de dollars dus au FMI et à la Banque centrale européenne, qui détiennent la plus grande partie de sa dette de près de 367 milliards de dollars.
À genoux, le gouvernement d’Alexis Tsipras supplie « nos partenaires de respecter les sacrifices faits par le peuple grec » en permettant à la Grèce de vendre des obligations sur le marché obligataire de l’UE. Comme représentante des porteurs d’obligations allemands, la chancelière Angela Merkel s’oppose à toute concession. Les tensions entre Berlin et Athènes augmentent.
« Le gouvernement et le peuple de la Grèce, » a déclaré le directeur général du MES Klaus Regling, « devraient continuer d’avancer vers la reconstruction d’une économie compétitive et regagner la confiance des investisseurs. »
Des millions de travailleurs et d’agriculteurs grecs ont appris de leurs propres expériences amères que les circonlocutions bureaucratiques de Klaus Regling se traduisent par un ordre au gouvernement de Tsipras de redoubler son offensive « d’austérité » qui a dévasté la vie des travailleurs et des agriculteurs grecs.
Sur une période de sept ans, l’économie grecque s’est contractée d’un cinquième. Le taux de chômage officiel se maintient à légèrement moins de 25 pour cent, mais en réalité la moitié de la population a été chassée du marché du travail. Plus de 45 pour cent des jeunes sont au chômage, forcés de vivre chez leurs parents et dans l’impossibilité d’être indépendants, de se marier ou d’acheter une maison.
Le pourcentage d’emplois à temps partiel involontaires a augmenté de 45 à 72 pour cent au cours des 10 dernières années. Les pensions ont été réduites considérablement, des écoles et des hôpitaux ont fermé, le système de soins de santé public est en ruines. De 2009 jusqu’en 2015, les salaires moyens ont diminué de 20 pour cent.
Le dernier sauvetage financier a mené à l’engagement pris par le gouvernement d’imposer d’autres diminutions aux pensions en 2019.
Les contradictions fatales de l’UE
Malgré l’hyper médiatisation qui l’a entouré, l’établissement de l’Union européenne n’a jamais représenté le début d’une ère européenne de « paix et de prospérité » aux lendemains de la guerre. À la suite de la deuxième guerre mondiale, alors que le capital US s’étendait rapidement avec peu de concurrence, les capitalistes français, allemands et autres ont commencé des discussions en vue d’établir un bloc protectionniste commun pour acquérir une position concurrentielle plus forte sur les marchés mondiaux. C’est ce qui a mené à l’établissement de l’UE en 1993.
Mais l’UE est née avec une contradiction inhérente, déstabilisante et fatale. Les dirigeants capitalistes de chaque nation membre protègent leurs profits et leurs privilèges, y compris contre leurs partenaires de l’UE.
Les niveaux radicalement différents de développement social et économique entre les puissances industrielles comme l’Allemagne et la France et les pays moins développés comme le Portugal, l’Italie, la Grèce et autres désintègrent l’Union. Berlin est dominant, muni de la base industrielle la plus productive et développée et, par conséquent, du poids économique et politique lui permettant de dominer les économies des pays moins développés au sein de l’UE. Les capitalistes allemands vendent. Les Grecs achètent et s’endettent pour payer.
Toutes ces contradictions ont pris de l’importance sous la pression de la crise économique, menaçant de dissoudre l’UE. Des pourparlers ont débuté le 19 juin entre Bruxelles et Londres concernant la sortie du Royaume-Uni de l’UE, en raison du vote du Brexit de l’an dernier.
Et partout, comme en Grèce, le fardeau de la concurrence capitaliste prônant les valeurs du chacun pour soi retombe sur les travailleurs.