Nous avons gagné un autre tour contre la censure des prisons en Floride ! Le Comité de révision de la littérature du Département correctionnel de Floride a informé l’avocat du Militant, David Goldstein, le 7 décembre, que les saisies du 30 octobre et du 6 novembre « sont annulées. Ces numéros seront autorisés dans les institutions correctionnelles de Floride. »
C’est une victoire pour la liberté d’expression, la liberté de la presse et pour les droits des travailleurs derrière les barreaux.
Le Militant voit les travailleurs derrière les barreaux exactement comme les travailleurs dans les usines, les mines, les moulins et les commerces de détail, c’est-à-dire comme des gens politiques qui sont la cible des patrons qui tentent sans relâche d’intimider, punir, diviser et affaiblir la classe ouvrière, afin de nous empêcher de nous organiser pour nous soulever contre leur domination politique et leur système capitaliste basé sur le chacun pour soi. Nous faisons des efforts particuliers, notamment en offrant des abonnements à des taux réduits, pour engager des discussions politiques avec nos collègues travailleurs en prison et pour les informer de la perspective révolutionnaire et des activités du Parti socialiste des travailleurs. Cela comprend la publication de livres écrits par les dirigeants du parti, offerts aux détenus à des taux réduits par les éditions Pathfinder.
Le numéro du 30 octobre a été interdit pour un article rapportant que le Comité de révision de la littérature avait renversé l’interdiction dans les prisons de Floride cette année de quatre numéros de ce journal et l’avait maintenu pour trois numéros. L’interdiction de l’édition du 6 novembre était plus vaste, car les autorités pénitentiaires accusaient le Militant lui-même « d’encourager les protestations et les conflits de groupe » et est « dangereusement incendiaire en préconisant ou encourageant émeute, insurrection » et « peut conduire à la violence physique. »
Le renversement rapide de l’interdiction, grâce à la réponse du Militant soutenue par un nombre croissant de lettres de groupes de défense des libertés civiles, d’églises et d’autres, souligne le fait que la tentative de garder le Militant hors de portée des abonnés derrière les barreaux était arbitraire et inconstitutionnelle.
Amnesty International USA, PEN America, le Ministère des prisons de l’église Riverside à New York, l’Alianza Martiana en Floride et le Comité d’amitié Seattle-Cuba ont été parmi ceux qui ont envoyé des lettres pour demander l’annulation de l’interdiction.
Lettre de travailleurs de Walmart
Trois employés d’un magasin Walmart de Philadelphie étaient sur le point d’envoyer leur lettre lorsqu’ils ont appris la victoire. « Nous lisons le Militant nous-mêmes et pensons que c’est un très bon journal, ont-ils écrit. Lire le Militant est une merveilleuse opportunité pour les travailleurs en prison de s’informer de ce qui se passe dans le monde. »
Dean Peterson, chef du Comité de révision de la littérature, a répondu à plusieurs des lettres en affirmant que « les actions du Comité sont gérées par les règles énoncées dans les sections pertinentes du Code administratif de la Floride (AEC ), duquel nous ne pouvons pas dévier. »
En outre, écrit-il, le code « ne prévoit aucune disposition dans ce processus pour la participation de tiers, mais votre soutien au « Militant » a été noté. »
Les États-Unis ont à la fois le nombre absolu le plus élevé de prisonniers au monde et le taux d’incarcération par habitant le plus élevé. Selon les derniers chiffres, il y a environ 7 millions de personnes, soit un adulte sur trente-cinq, dans les prisons fédérales ou étatiques, dans les prisons locales ou en libération conditionnelle ou en probation.
L’écrasante majorité n’a jamais eu la chance de se retrouver en face d’un jury de ses pairs : 97 pour cent des condamnations dans le cas d’affaires criminelles au niveau fédéral et 94 pour cent au niveau de l’État sont le résultat de soi-disant négociations de peine. De haut en bas, le système de « justice » criminelle capitaliste est injuste pour les travailleurs.
Les travailleurs perçus comme « déplorables »
Qui sont les personnes incarcérées ? Ce sont les mêmes personnes que Hillary Clinton a incluses dans le « panier des déplorables » et des « irrécupérables » pendant sa course à la présidence. Ce sont les travailleurs des régions rurales et des petites villes ainsi que ceux des ghettos ouvriers, composés de façon disproportionnée d’Américains africains, dans les grandes villes, divisées selon des lignes de classe. Ces travailleurs sont ceux qui sont les plus touchés par la crise des taux de profit, de la production et du commerce capitalistes aujourd’hui.
Ils sont aussi bien nés aux États-Unis qu’à l’étranger. Ils sont aussi bien caucasiens que Noirs, latinos, asiatiques ou nés aux États-Unis. Ceux qui ont vécu dans des villes où les fermetures d’usine ont laissé des millions de personnes sans emploi, des quartiers ravagés par la dépendance aux drogues.
Le Militant compte actuellement 119 abonnés derrière les barreaux dans 64 prisons fédérales ou d’État à travers le pays. La victoire en Floride peut encourager un plus grand nombre de prisonniers à s’abonner au journal. Montrez-le à des codétenus, à des membres de la famille et à des amis. Montrez-leur comment s’abonner. Utilisez le journal pour organiser des discussions politiques. Écrivez-nous sur ce que vous pensez.
« Aux États-Unis, l’emprisonnement est un moyen de déshumaniser un être humain. C’est un moyen de vous isoler de la société, y compris de votre famille, » disait Ramón Labañino, un des cinq révolutionnaires cubains victimes d’un coup monté et emprisonnés aux États-Unis en 1998, dans une entrevue publiée dans le livre Ce sont les pauvres qui font face à la sauvagerie du système de « justice » US.
« Un individu finit par être isolé de tout, ne sachant plus comment affronter ce monstre, » disait Labañino.
Le Militant, en faisant connaître le programme du Parti socialiste des travailleurs, en soutenant ses candidats aux postes officiels et en se faisant l’écho des luttes des travailleurs dans le monde, aide à briser les barrières entre la vie des prisonniers et la vie au-delà de ces murs.
Les conditions en prison sont souvent atroces et les prisons en Floride ne font pas exception. Le Miami Herald a publié une série d’articles détaillant les conditions abusives des prisons en Floride. Dans son édition du 19 juillet, un article rapportait comment « dans toutes des prisons, l’une après l’autre […] le papier toilette, les brosses à dent, le dentifrice, les coussins, les draps, les chemises et le savon étaient fréquemment enlevés aux détenus. »
Le 29 novembre, le journal a enquêté sur le cas de Randall Jordan-Aparo, mort en prison en 2010 après que les gardiens l’ont aspergé de gaz au poivre parce qu’il avait demandé à être transporté à l’hôpital à cause de son mauvais état de santé.
Les prisonniers et le Militant ont le droit de faire connaître les conditions abusives et de travailler à les modifier.
Le Parti socialiste des travailleurs utilise le Militant et les livres publiés par les éditions Pathfinder pour aider les travailleurs à mieux comprendre comment fonctionne le capitalisme, pourquoi les travailleurs ont besoin de s’unir et mener une action indépendante des partis capitalistes sur la voie de la prise du pouvoir politique des mains des dirigeants propriétaires.
Le parti collabore avec les travailleurs dans les luttes d’aujourd’hui et cherche à les convaincre d’adhérer au SWP.
Les travailleurs derrière les barreaux ne sont pas différents de ceux en dehors des prisons. Ils ont besoin d’un parti révolutionnaire pour les batailles de classe à venir.
« Nous avons l’intention d’utiliser cette victoire pour défendre la liberté de la presse et de parole et pour aider les autres à faire de même, » affirmait John Studer, directeur de publication du Militant le 8 décembre dernier. « Nous utiliserons aussi cette victoire pour approfondir le travail du Parti socialiste des travailleurs dans la classe ouvrière, y compris cette section de la classe à l’intérieur des murs des prisons. »