La croissance économique aux États-Unis et les initiatives de Washington pour défendre les intérêts impérialistes US à travers le monde ont renforcé le soutien des classes dirigeantes pour le cours de la Maison-Blanche de Donald Trump. Cela n’a pas empêché les libéraux et autres membres de la gauche de la classe moyenne, qui ne se sont jamais réconciliés avec la victoire de Trump, d’intensifier leurs demandes pour qu’il soit chassé de ses fonctions.
La presse des patrons a publié des articles élogieux. « Pour les entreprises, la première année de Donald Trump est un franc succès, » a affirmé le Wall Street Journal le 16 janvier.
« Ce que les critiques ne reconnaissent pas, c’est que Trump et son équipe de sécurité nationale ont en fait obtenu de véritables victoires en politique étrangère, » a dit CNN le 27 décembre.
Les patrons applaudissent Donald Trump pour réduire les impôts sur les grands propriétaires. Les commandes des usines augmentent à mesure que les patrons prédisent une nouvelle croissance capitaliste sur le dos des travailleurs. Il a réduit le nombre de règlements fédéraux et les charges administratives des entreprises et des banques et dit qu’il réduira la taille de la bureaucratie à Washington.
Son administration tente d’obtenir un accord bipartisan sur les mesures qui aideront les patrons à exploiter le travail des immigrants et, en même temps, à utiliser les travailleurs nés à l’étranger comme boucs émissaires.
Le carnage économique et l’intensification de la concurrence auxquels la classe ouvrière est confrontée depuis plusieurs années continuent de peser lourd. Le nombre de travailleurs qui ont renoncé à chercher du travail et le nombre de travailleurs à temps partiel qui ne peuvent pas trouver de travail à temps plein se chiffrent en millions. L’expansion capitaliste actuelle commence seulement à affecter cette situation. Et plus de travailleurs cherchent un moyen de répondre à ce qui leur a été fait.
Trump préconise la politique étrangère de la classe dirigeante
L’administration fait avancer les intérêts des dirigeants capitalistes au Moyen-Orient, en renforçant le poids militaire et politique de Washington contre ses concurrents :Moscou, Téhéran, Damas et Ankara.
Trump a mené à bien la guerre contre l’État islamique entamée par l’ancien président Barack Obama, mais a donné aux commandants US une plus grande liberté dans les opérations et augmenté l’approvisionnement d’armes aux Forces démocratiques syriennes (SDF) dirigées par les Kurdes, qui ont chassé l’État islamique de sa capitale, Raqqa, en octobre.
Le 14 janvier, Washington a annoncé qu’il mettrait en place une force de sécurité frontalière de 30 000 hommes basée sur les cadres des SDF. Ils seront déployés le long de la frontière avec la Turquie et le long de l’Euphrate, la ligne qui sépare les forces des SDF soutenues par les États-Unis des troupes du gouvernement syrien et du Hezbollah, soutenues par Moscou et Téhéran.
Washington a également annoncé le déploiement de 1 000 « conseillers » de combat supplémentaires pour rejoindre les 14 000 soldats déployés en Afghanistan, tout en maintenant plus de 5 000 soldats en Syrie et en Irak, selon les chiffres du Pentagone. Ces deux décisions visent à endiguer l’influence croissante de Téhéran dans la région. Et contrairement à Obama, Trump n’a imposé aucun calendrier pour le retrait des États-Unis de l’Afghanistan.
Les conséquences de ces conflits continuent de dévaster les travailleurs. Plus de la moitié de la population syrienne a été contrainte de fuir depuis 2011, beaucoup au cours des derniers mois. La guerre sanglante du régime syrien contre les forces rebelles et les civils dans la province d’Idlib et autour de Damas se poursuit.
L’administration a fait progresser les intérêts impérialistes de Washington en imposant des sanctions de plus en plus sévères du Conseil de sécurité des États-Unis contre la Corée du Nord, qui ont frappé le plus durement les travailleurs. En même temps, alors que les gouvernements du Nord et du Sud de la Corée ont commencé à discuter d’une participation conjointe aux prochains Jeux olympiques d’hiver, Washington maintient des ouvertures quant aux perspectives de négociations avec Pyongyang pour l’inciter à mettre fin à ses programmes de missiles nucléaires et intercontinentaux
Washington reste de très loin la plus grande puissance impérialiste dans le monde, mais sa puissance a baissé relativement à Beijing et à Moscou. Trump allie la pression sur ces régimes avec des efforts pour bâtir des relations qui peuvent ouvrir des portes pour avancer les intérêts politiques et économiques de la classe dirigeante aux États-Unis.
L’administration Trump a fait pression sur les membres européens de l’OTAN pour prendre plus de responsabilité financière et militaire. Le 22 décembre, Washington a annoncé qu’il allait fournir des armes au gouvernement ukrainien dans son combat contre les forces soutenues par Moscou qui opèrent dans l’Est du pays.
Les libéraux maintiennent leur appel à virer le président
Les libéraux, les radicaux des classes moyennes et certains républicains qui cherchent à gagner du soutien aux efforts pour chasser Trump de ses fonctions se sont emparés des allégations démocrates selon lesquelles, dans une réunion à la Maison-Blanche le 11 janvier, Trump a utilisé un langage qui, selon eux, était raciste et qui dénigrait des nations africaines.
Selon le chroniqueur du New York Times Charles Blow, le problème est que des millions de travailleurs qui ont voté pour Trump « partagent son racisme. »
En réalité, à cause des victoires remportées par le mouvement prolétarien de masse qui a mis fin au système de ségrégation raciale Jim Crow et à cause des décennies d’expérience commune de salariés qui travaillent et vivent avec des travailleurs immigrés, il y a moins de racisme et de chauvinisme anti-immigré parmi les travailleurs et les agriculteurs que jamais auparavant, ce qui constitue un atout à mesure que les travailleurs cherchent des moyens pour se dresser contre les attaques des patrons contre leurs emplois, salaires et conditions de travail et contre des attaques des flics.
Le récent livre de Michael Wolff sur la Maison-Blanche de Trump, Fire and Fury [Le Feu et la Fureur], un bestseller immédiat, comprend l’aveu de l’auteur qu’il ne pouvait vérifier aucune information avancée dans le livre et qu’il fournit seulement ce qu’il appelle une « vérité notionnelle. »
Pendant que les appels indignés de ces couches des classes moyennes pour se débarrasser de Trump deviennent plus stridents, les chances réelles de le chasser de ses fonctions diminuent.
Leur chasse aux sorcières compte principalement sur l’investigation juridique sans limites, dirigée par l’ancien patron du FBI Robert Mueller. Jusqu’à présent elle n’a pas réussi à produire de preuves de la collusion entre la campagne électorale de Trump de 2016 et Moscou qui pourraient être utilisées pour destituer le président. En décembre, Robert Mueller a révélé qu’il avait évincé de l’investigation l’agent du FBI Peter Strzok après avoir appris que Strzok avait appelé le FBI à se procurer « une police d’assurance » contre une victoire de Trump à l’élection.
Et maintenant ?
Il reste à voir combien de temps l’amélioration économique durera et quelle sera sa portée. On ignore aussi quand les bulles des spéculations financières de la classe possédante, des actions à Wall Street au marché à terme du bitcoin, éclateront.
Les dirigeants capitalistes n’ont aucune solution à la crise à long terme de la production et du commerce, qui est enracinée dans la baisse des taux de profit, à part de continuer à faire payer les travailleurs. Et les conditions de dépression économique d’aujourd’hui poussent plus de travailleurs à chercher les moyens pour se dresser contre les attaques des employeurs et de leur gouvernement.
La reprise nous donne plus de confiance. Admettant cela, les patrons de Walmart ont annoncé qu’ils relèveront le salaire minimum des travailleurs.
Les membres du Parti socialiste des travailleurs, dont les efforts pour construire un parti se basent sur le porte-à-porte dans les quartiers ouvriers des villes grandes et petites, rencontrent un intérêt pour discuter de comment nous, les travailleurs, pouvons nous défendre et comment construire un parti qui peut mener le combat pour renverser la domination capitaliste.
Un regard sur la remontée des protestations et du mécontentement ouvriers en Iran indique que ceci est vrai ailleurs dans le monde.