La déclaration suivante a été émise le 21 janvier par John Steele, porte-parole de la Ligue communiste au Canada.
Les travailleurs à travers le pays et au-delà devraient célébrer les verdicts de « non-culpabilité » rendus le 19 janvier dans le procès, monté de toutes pièces, du conducteur de locomotive Tom Harding et du contrôleur de la circulation ferroviaire Richard Labrie, tous deux membres de la section locale 1976 des Métallurgistes unis. Un jury de 12 personnes les a exonérés de toutes les accusations à Sherbrooke. C’est une victoire retentissante pour les droits des travailleurs, la lutte pour la sécurité ferroviaire et la lutte contre la campagne de productivité des patrons qui entraîne une augmentation dramatique des blessures et des décès au travail.
Les deux cheminots, ainsi qu’un petit directeur de la Montreal, Maine and Atlantic Railway, étaient sous le coup de 47 chefs d’accusation de négligence criminelle causant la mort lors du déraillement de juillet 2013 et de l’explosion d’un train pétrolier de 72 wagons à Lac-Mégantic. Tom Harding faisait également face à deux accusations supplémentaires reliées à la conduite dangereuse d’équipement ferroviaire. Après près de neuf jours de délibérations, le jury, grâce au soutien à Harding et à Labrie à Lac-Mégantic, à travers le Québec et de la part de plusieurs travailleurs au Canada et ailleurs, ne s’est pas laissé influencer par la poudre aux yeux que lui a jeté la poursuite ni par la campagne de propagande des patrons et le camouflage par le gouvernement des pratiques mortelles de l’entreprise sur le mode profits-avant-sécurité.
L’impact politique de cette victoire a été confirmée le 23 janvier quand le gouvernement canadien a fait connaître sa décision de fournir des fonds pour la construction d’une voie de contournement ferroviaire autour de la ville, une revendication pour laquelle la population de Lac-Mégantic lutte depuis le désastre.
Les accusations fédérales en instance, en vertu de la Loi sur la sécurité ferroviaire et de la Loi sur les pêches, de même qu’une poursuite en recours collectif qui comprend Tom Harding et Richard Labrie, devraient être abandonnées !
Les patrons, les flics et la poursuite ont ciblé Tom Harding, en prétendant qu’en tant que conducteur du train, il était le seul responsable des wagons qui ont dévalé vers Lac-Mégantic, entraîné la mort de 47 personnes et détruit le centre-ville. Un travailleur ferroviaire soucieux de la sécurité et qui avait des dizaines d’années d’expérience, Tom Harding a donné l’exemple à d’autres travailleurs par son courage et sa dignité dans sa détermination à faire face au coup monté. Les patrons de la MMA et les responsables de Transports Canada l’ont utilisé ainsi que Richard Labrie comme boucs émissaires. Pendant des années, ils ont travaillé main dans la main pour maximiser les profits des actionnaires de la MMA et miné la sécurité des travailleurs ferroviaires et de ceux qui vivent près des voies ferrées.
Les travailleurs peuvent s’identifier à la lutte de Thomas Harding et Richard Labrie pour la justice parce que nous sommes tous confrontés à l’effroyable impact des efforts des classes possédantes pour accroître la productivité. Les patrons forcent moins de travailleurs à produire plus en moins de temps pour un moindre salaire et moins d’avantages sociaux dans des conditions de plus en plus dangereuses. C’est la réponse des employeurs à leur crise capitaliste mondiale, engendrée par la baisse des taux de profit et le ralentissement inévitable de la production et du commerce.
Nous savons que lorsque les accidents et les décès surviennent sur les lieux de travail, que ce soit dans les chemins de fer, dans les mines, sur les chantiers de construction, dans les hôpitaux ou l’industrie de la viande, c’est « la personne sur le terrain » qui écope comme l’a dit l’accusation en décrivant Thomas Harding.
Nous pouvons lutter contre ce carnage en utilisant le pouvoir des syndicats pour lutter pour le contrôle des travailleurs sur la sécurité au travail. Ce faisant, nous transformerons nos syndicats en organisations de lutte de classes et gagnerons la confiance et le savoir-faire pour construire notre propre parti révolutionnaire de la classe ouvrière, le genre de parti dont nous avons besoin dans la lutte pour remplacer le pouvoir politique des patrons par un gouvernement des travailleurs et des agriculteurs semblable au gouvernement créé par les travailleurs cubains pendant leur révolution socialiste de 1959.
Avec ce genre de gouvernement, nous pouvons commencer à organiser et à mobiliser les travailleurs pour déraciner les relations sociales capitalistes fondées sur le chacun pour soi et construire une société où le fruit de notre travail est utilisé pour satisfaire les besoins de la majorité ouvrière au Canada et dans le monde, où aucun travailleur ne doit mourir sur l’autel des profits capitalistes.
Ce sont les leçons de cette victoire qu’il faut discuter avec des collègues, des amis, des parents et en allant rencontrer des travailleurs de seuil en seuil. Joignez-vous à nous pour faire connaître la vérité sur cette victoire et construire la Ligue communiste.