Les dirigeants syriens intensifient la guerre contre les travailleurs de la Ghouta orientale

Terry Evans
le 12 mars 2018

Le gouvernement syrien de Bachar al-Assad, soutenu par Moscou et Téhéran, a intensifié son assaut meurtrier contre les 400 000 personnes dans la Ghouta orientale, une banlieue assiégée de Damas.

Les mobilisations de masse contre la dictature d’Assad ont secoué la Syrie en 2011. Le régime a riposté avec la violence militaire, remplissant ses prisons de travailleurs. Dans la guerre civile qui a suivi, les forces d’Assad ont perdu du terrain, jusqu’à ce que Moscou intervienne avec des frappes aériennes en 2015. Des milices soutenues par Téhéran et le Hezbollah ont également renforcé Assad. Aujourd’hui, les travailleurs en Syrie continuent de se heurter à des obstacles à la lutte pour faire avancer leurs intérêts : les puissances capitalistes qui interviennent, la dictature détestée d’Assad et plusieurs forces islamistes réactionnaires.

Le 27 février, la récente série de bombardements soutenus du régime contre la Ghouta orientale avait déjà fait plus de 500 morts. Les bombes et l’artillerie ont détruit des hôpitaux, les dernières boulangerie et usine de produits laitiers. Des troupes pro-Assad, y compris des milices soutenues par Téhéran, sont mobilisées aux limites de la région. Certaines forces islamistes au sein de la Ghouta orientale ont riposté en bombardant des quartiers civils à Damas.

Washington et d’autres gouvernements parmi ceux qui siègent au Conseil de sécurité de l’ONU ont obtenu l’appui de Moscou pour une résolution qui vise à avoir un cessez-le-feu dans la Ghouta mais qui laisse la porte ouverte à la poursuite d’attaques contre les « terroristes ». Mais les bombardements ont continué après l’adoption de la résolution le 24 février. La Syrie et ses milices alliées ont massé des troupes en vue d’un assaut.

Ce conflit se déroule alors que des puissances impérialistes et capitalistes opposées se positionnent pour défendre leurs intérêts dans la région. Les dirigeants américains et les Forces démocratiques syriennes, la force dirigée par les Kurdes, qui est un « allié de convenance » de Washington, exercent leur domination sur plus de 25 pour cent de la Syrie, y compris une grande partie de ses ressources pétrolières.

La contre-révolution de Téhéran

Pour maintenir leur cours contre-révolutionnaire contre les travailleurs en Iran, les dirigeants capitalistes de ce pays se doivent d’accroître leur influence dans la région. De concert avec le Hezbollah, son allié basé au Liban, ils ont établi des bases militaires et des usines d’armement en Syrie. L’impact de l’intervention militaire de Téhéran en Syrie, en Irak et dans d’autres parties du Moyen-Orient sur les travailleurs iraniens a provoqué une agitation ouvrière généralisée en décembre et en janvier.

Tel-Aviv cherche à empêcher Téhéran de s’établir de manière permanente en Syrie, ce qu’elle considère comme une menace à son existence. Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a rencontré à plusieurs reprises le président russe Vladimir Poutine pour faire pression sur Moscou afin de limiter la présence des forces iraniennes et du Hezbollah près des frontières israéliennes. Les dirigeants russes veulent préserver leur influence croissante en Syrie et maintenir des relations avec Tel-Aviv.

Moscou et Damas affirment que les zones contrôlées par les Forces démocratiques syriennes devraient être rendues à Assad. Cela comprend les zones où se trouvent des bases militaires de Washington et au moins 2 000 soldats US.

Les dirigeants US représentent la puissance militaire dominante dans la région, avec des milliers de soldats et une force navale et militaire considérable. Ils n’ont aucune intention de renoncer à la moindre partie de la Syrie qu’ils contrôlent. Le 7 février dernier, Washington a répondu avec une puissance de feu considérable à une attaque militaire lancée par les forces pro-Assad à Deir el-Zour. L’aviation et l’artillerie US ont frappé et tué plus de 200 attaquants et les ont ainsi empêchés de reprendre les champs pétroliers présents dans la zone.

Des mercenaires russes se trouvaient parmi les morts. Moscou refuse de dire combien d’entre eux ont été tués et cherche à nier toute implication de sa part, même si les mercenaires se sont entraînés sur des bases russes en Syrie et que les survivants ont été transportés par avion vers Moscou pour y être soignés.

Deutsche Welle affirme que les mercenaires faisaient partie du groupe Wagner qui a combattu aux côtés des séparatistes appuyés par Moscou dans l’est de l’Ukraine après que le soulèvement populaire de Maidan a renversé le régime de Viktor Ianoukovitch, soutenu par la Russie.

La possibilité que les guerres menées par son gouvernement puissent devenir de plus en plus impopulaires en Russie inquiète Poutine. Des protestations pour dénoncer les attaques de Moscou contre la souveraineté ukrainienne ont eu lieu dans plusieurs villes de Russie en 2014.

Ankara envahit Afrin

Les dirigeants turcs ont juré d’expulser les Unités de protection du peuple kurde (YPG) d’Afrin, un canton à majorité kurde séparé des grandes provinces kurdes de l’est. Ils ont menacé d’élargir l’invasion et de balayer les forces kurdes de l’ensemble de la frontière avec la Turquie. À la fois Washington et Moscou ont donné leur feu vert à Ankara pour cet assaut sur Afrin. Les unités de l’armée turque et leurs alliés des Forces syriennes armées, avec l’appui des avions de chasse turcs, ont relativement peu progressé depuis le début de l’invasion le 20 janvier.

Les YPG ont demandé au gouvernement d’Assad d’envoyer ses forces à Afrin. Assad y a envoyé ses milices, entraînées par Téhéran.

Ankara cherche à affaiblir les YPG en Syrie et en même temps la lutte nationale kurde en Turquie. Pendant plusieurs décennies, les dirigeants en Iran, en Iraq, en Syrie et en Turquie, avec l’appui de Washington, ont nié au peuple kurde le droit à leur patrie. Les Kurdes résistent à ces attaques contre leurs droits nationaux.

Mais sans une montée de luttes plus larges, les Kurdes ont peu d’alliés dans leur combat contre les dirigeants de la région, qui restent déterminés à faire reculer les zones autonomes que les Kurdes ont pu délimiter.

Les YPG ont commencé à transférer les combattants de l’Armée syrienne libre depuis Alep, Deir el-Zour et ailleurs pour renforcer ses unités à Afrin. Ils ont cédé le contrôle des quartiers kurdes d’Alep au régime d’Assad.