Les dirigeants US et Téhéran luttent pour leur influence au Moyen-Orient

Terry Evans
le 21 mai 2018

Le 8 mai, le président Donald Trump, déterminé à protéger les intérêts impérialistes US au Moyen-Orient, à repousser les interventions militaires croissantes de Téhéran et empêcher les dirigeants capitalistes iraniens d’acquérir des armes nucléaires, a retiré le gouvernement des États-Unis de l’accord nucléaire signé par l’ancien président Barack Obama. Cet accord, également signé par les dirigeants de l’Allemagne, de la France, de la Grande-Bretagne, de la Russie et de la Chine avait assoupli les sanctions contre l’Iran en échange de la réduction de son programme nucléaire jusqu’en 2030.

Trump a déclaré que Washington imposera des sanctions et prendra d’autres mesures pour pousser Téhéran à faire des concessions supplémentaires. Des sanctions plus sévères aggraveront la crise des dirigeants capitalistes iraniens et auront des conséquences particulièrement néfastes pour les travailleurs.

Washington détient un vaste arsenal nucléaire. Selon une déclaration de la Maison-Blanche, le président « rassemblera une grande coalition des nations pour interdire à l’Iran toute possibilité de développer des armes nucléaires. » Les entreprises et les banques qui font du commerce avec les entreprises iraniennes ont jusqu’à 180 jours pour mettre fin à ces opérations.

Les porte-paroles des gouvernements de Londres, Berlin, Paris et Téhéran disent tous qu’ils continueront à faire fonctionner l’accord et permettront aux exportations pétrolières et autres échanges commerciaux avec l’Iran de continuer tout en maintenant des restrictions sur l’activité nucléaire de Téhéran. Les trois régimes capitalistes européens ont déclaré qu’ils « défendent les plus de 23,7 milliards d’euros de commerce qui se fait actuellement entre l’Union européenne et l’Iran contre 6,2 milliards d’euros en 2013, » a rapporté le Financial Times du 9 mai.

Depuis la signature de l’entente en 2015, les dirigeants iraniens ont continué à exercer leur rôle contre-révolutionnaire en Syrie, au Liban, en Irak et au Yémen, en s’appuyant sur des décennies d’incursions militaires dans la région. Ils agissent à l’étranger dans le prolongement de leurs efforts à l’intérieur du pays pour repousser les gains réalisés par les travailleurs pendant la révolution de 1979, qui a renversé le shah d’Iran, que soutenaient les États-Unis.

Avec l’aide du Hezbollah et d’autres milices chiites, les Gardiens de la révolution de Téhéran sont intervenus en Syrie pour renforcer le régime de la dictature de Bachar al-Assad après qu’il a renversé le soulèvement populaire. Moscou les a soutenus grâce à sa puissance aérienne. Ceci a permis aux dirigeants iraniens d’établir des bases à travers la Syrie et d’installer des systèmes de missiles et d’armements. Leurs forces militaires sont déployées encore plus près de la frontière d’Israël.

Les autorités syriennes et les forces de l’opposition ont toutes deux indiqué que Tel Aviv avait lancé une attaque de missiles contre une base de l’armée iranienne à Al-Kiswah, à 12,8 km au sud de Damas, le 8 mai. Neuf membres des Gardiens de la révolution ou de la milice chiite ont été tués, a rapporté l’Observatoire syrien des droits de l’homme.

Le Jerusalem Post a soutenu que cette attaque a eu lieu après « qu’on a appris » que les autorités du Hezbollah et des Gardiens de la révolution avaient planifié une attaque de missiles contre Israël.

Après un tir de missile qui a tué sept soldats iraniens au début du mois d’avril, Ali Shirazi, un haut dirigeant religieux iranien, a menacé de « réduire Tel Aviv et Haïfa en poussière. »

Mais jusqu’à présent, les dirigeants iraniens n’ont pas riposté. Ils craignent l’impact au pays du résultat sanglant d’un accroissement des affrontements avec Israël. Pendant des années, ils ont offert des incitations aux Afghans et à d’autres réfugiés pour servir de chair à canon dans leurs guerres en Syrie et en Irak. Ils espèrent réduire le nombre de victimes iraniennes et réprimer l’opposition à leurs conflits meurtriers.

Cependant, le mécontentement généralisé face à l’impact de leurs guerres a provoqué des manifestations de la classe ouvrière à travers l’Iran, fin décembre et début janvier. Depuis lors, le Wall Street Journal a décrit des grèves de travailleurs d’acier, de chemin de fer et du milieu hospitalier ainsi que des enseignants. Les travailleurs étaient furieux lorsqu’on a révélé, en décembre 2017, le budget du gouvernement, qui prévoyait des dépenses énormes pour les guerres alors que les travailleurs font face à des compressions.

Le président iranien Hassan Rouhani a déclaré que Téhéran essaierait de maintenir l’accord avec les autres signataires du pacte. Il a confirmé que les dirigeants du pays n’avaient aucune intention de renoncer à leur « influence dans la région. » Moscou dit que si Washington reprend ses sanctions, il développera ses échanges commerciaux avec l’Iran.

Washington : la plus grande force militaire au Moyen-Orient

Les dirigeants américains ont la plus grande force militaire au Moyen-Orient, avec 2 000 soldats en Syrie et des réserves massives, des forces aériennes et des patrouilles navales dans toute la région. Ils réussissent à obtenir de leurs alliés dans la région qu’ils en fassent davantage. La monarchie saoudienne dit qu’elle enverra des troupes pour faire partie d’une force arabe commune en Syrie. Les dirigeants égyptiens disent qu’ils pourraient également se joindre à eux. Les troupes américaines se trouvent sur des territoires contrôlés par des forces démocratiques syriennes dirigées par les Kurdes, soit environ 25 pour cent du pays.

En même temps, les dirigeants américains cherchent à négocier un accord entre Tel Aviv et les dirigeants palestiniens. La nouvelle ambassade des États-Unis doit ouvrir ses portes le 14 mai à Jérusalem. Les fonctionnaires américains ont nié les rapports du ministre israélien de la défense, Avigdor Liberman, selon lesquels ils avaient demandé au gouvernement israélien de retirer ses forces de quatre quartiers de Jérusalem-Est afin que la future capitale palestinienne puisse s’y trouver. Mais, Liberman a réitéré que « l’ambassade des États-Unis à Jérusalem aura un prix et il vaut la peine de le payer. »

Une déclaration du 11 décembre du Parti socialiste des travailleurs, « Pour la reconnaissance d’un État palestinien et d’Israël, » explique que le gouvernement américain « met sur la table pour ses régimes alliés en Arabie saoudite, dans les États du Golfe, en Égypte et en Jordanie, ainsi que pour les misleaders de l’Autorité palestinienne et du Hamas, une « offre qu’ils ne peuvent pas refuser. » Il ajoute que les dirigeants américains combinent « le bâton d’une ambassade américaine anticipée à Jérusalem avec la carotte d’une plus grande aide économique et militaire aux gouvernements dirigés par les sunnites contre leur redouté rival à Téhéran, dirigé par les chiites. »

Le point de départ, selon la déclaration du SWP, doit être « les intérêts de classe et la solidarité des travailleurs et des petits agriculteurs au Moyen-Orient, qu’ils soient palestiniens, juifs, arabes, kurdes, turcs, persans ou autres, et quelles que soient leurs croyances religieuses ou autres, et des travailleurs aux États-Unis et dans le monde. »