La question juive est au cœur des affrontements au Moyen-Orient

Terry Evans
le 28 mai 2018

Le 10 mai, l’armée de Tel-Aviv a effectué ses plus grandes frappes aériennes contre les forces iraniennes en Syrie depuis que les dirigeants capitalistes iraniens ont consolidé dans ce pays les forces des Gardiens de la révolution et de milices chiites alliées ainsi que leurs systèmes d’armes qui menacent Israël. Les frappes ont eu lieu alors que les dirigeants israéliens faisaient face à une série de provocations délibérées du mouvement islamiste réactionnaire Hamas dans la bande de Gaza.

Les dirigeants iraniens, leur allié au Liban, le Hezbollah, ainsi que le Hamas appellent tous à la destruction d’Israël. Leurs affrontements avec Tel-Aviv reflètent le fait que le droit des Juifs de chercher refuge en Israël contre la haine persistante des Juifs partout dans le monde capitaliste est au cœur de la politique au Moyen-Orient.

Depuis septembre 2015, les frappes aériennes de Moscou et les troupes au sol soutenues par Téhéran ont été essentielles pour permettre au régime dictatorial de Bachar al-Assad de reprendre du terrain dans la guerre civile syrienne. Cela a permis aux dirigeants iraniens de prendre des initiatives pour accroître leur influence contre-révolutionnaire dans la région.

Le ministre israélien de la Défense Avigdor Lieberman a prétendu, en défense des intérêts des dirigeants capitalistes en Israël, que ces frappes ont détruit « presque toute l’infrastructure iranienne en Syrie. » Des sources militaires israéliennes ont dit que leurs avions de combat ont bombardé les entrepôts de munitions, les sites de renseignement et les postes d’observation de Téhéran. L’attaque a eu lieu après l’échec d’une attaque à la roquette lancée par Téhéran depuis la Syrie contre des cibles dans les hauteurs du Golan occupées par Israël. L’armée israélienne a également frappé plusieurs systèmes de défense aériens syriens après que l’armée d’Assad a essayé d’abattre les missiles de Tel-Aviv.

Moscou n’est pas intervenu pendant que Tel-Aviv ciblait les bases de Téhéran. Immédiatement avant ces frappes aériennes, le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’était rendu à Moscou pour s’entretenir avec le président russe Vladimir Poutine.

Moscou veut protéger son influence militaire et politique grandissante au Moyen-Orient et rendre permanentes ses deux bases militaires en Syrie. Tel-Aviv s’est assuré que ses frappes aériennes ne causeraient aucun dommage aux forces russes. Poutine a accepté de renoncer à sa menace de fournir des unités antiaériennes S-300 à Assad. Celles-ci auraient pu aider le régime syrien à protéger les forces de Téhéran contre les frappes aériennes israéliennes.

Par le rôle que Téhéran a joué en défense du régime d’Assad en Syrie et par ses avancées en Irak grâce aux milices chiites qu’il contrôle, les dirigeants capitalistes iraniens cherchent, en passant par ces deux pays, à consolider leurs liens avec le Hezbollah au Liban. Ils soutiennent également les Houthis dans leur guerre contre le gouvernement au Yémen et ses alliés saoudiens et US.

Depuis des décennies, les dirigeants capitalistes iraniens cherchent à accroître leur influence dans la région et à y étendre la contre-révolution qu’ils ont menée contre les travailleurs dans leur pays.

Depuis le début des années 1980, ils ont renversé les acquis substantiels que les travailleurs, les agriculteurs, les femmes et les nationalités opprimées avaient réalisés suite au soulèvement populaire de masse en 1979 qui a renversé la tyrannie détestée du shah d’Iran, qui jouissait pourtant de l’appui des États-Unis.

Les dignitaires religieux iraniens n’ont pas réussi à étendre leur influence sur le gouvernement irakien lors des élections législatives du 12 mai. La liste que soutenait Moktada al-Sadr, l’un des rares dirigeants chiites à s’éloigner de Téhéran, est arrivée en tête. Il avait le soutien du Parti communiste irakien. Sadr s’est également opposé à la présence de Washington en Irak.

La liste d’Hadi al-Amiri, le chef de la milice chiite qu’appuient les dirigeants iraniens, est arrivée deuxième. La liste du premier ministre sortant Haïder al-Abadi, qui était donnée gagnante, a terminé troisième. Le taux de participation a été inférieur à 50 pour cent. Les partisans de Moktada Sadr ont envahi les rues de Bagdad en scandant : « Iran, dehors ! »

Pour ses propres intérêts impérialistes, Washington est opposé à Téhéran. La Maison-Blanche a annoncé le 8 mai qu’elle se retirait du Pacte qu’elle avait signé avec les gouvernements du Royaume-Uni, de France, d’Allemagne, de Russie et de Chine pour restreindre le programme nucléaire iranien. Le conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche John Bolton a réaffirmé le 13 mai que les capitalistes rivaux de Washington en Europe pourraient s’exposer à des sanctions s’ils commercent avec l’Iran. On prévoit que, dès le 6 août, Washington réintroduira ses sanctions, qui frapperont plus particulièrement les travailleurs.

Le Hamas, qui gouverne la bande de Gaza, a conduit les manifestants palestiniens dans des attaques provocatrices à la frontière israélienne. Comme on pouvait le prévoir, Tel-Aviv a répondu de manière mortelle. Au moins 55 manifestants ont été tués et des centaines d’autres blessés le 14 mai. Les manifestants palestiniens ont été plus nombreux ce jour-là parce que le Hamas a fermé les écoles et les lieux de travail.

Les organisateurs du Hamas ont trompé les manifestants, en annonçant par haut-parleurs que les soldats israéliens fuyaient leurs positions quand en fait ils les renforçaient. Cela a conduit les manifestants à se précipiter à la frontière, où ils se sont trouvés confrontés à des soldats israéliens armés. Les membres du Hamas mêlés à la foule ont pris les soldats en cible avec des frondes, des pierres et des cerfs-volants chargés de cocktails Molotov.

Depuis des années, le Hamas prend des initiatives qui visent à provoquer le feu des dirigeants israéliens, avec des conséquences mortelles pour les travailleurs palestiniens. La stratégie du Hamas consiste à créer des « martyrs » palestiniens pour se gagner la sympathie de sections de l’opinion publique bourgeoise. Ils ont obtenu la réponse qu’ils souhaitaient de la part des rédacteurs en chef libéraux de journaux comme le New York Times et le Daily News.

Le co-fondateur du Hamas, Mahmoud al-Zahar, a déclaré que l’objectif du groupe est « de faire disparaitre les Juifs » du Moyen-Orient. Il a exhorté les fidèles à « les tuer partout où vous pouvez les trouver. »

Les dirigeants US cherchent un accord de paix entre Israël et les Palestiniens

Washington a ouvert sa nouvelle ambassade à Jérusalem le 14 mai. Quelques jours plus tôt, le département d’État avait déclaré que le gouvernement des États-Unis ne considérait pas les limites territoriales de la souveraineté israélienne à Jérusalem comme une question réglée. Il laissait ainsi ouverte la possibilité de futures négociations avec les dirigeants palestiniens, y compris sur l’établissement d’un État palestinien qui aurait Jérusalem-Est pour capitale.

La déclaration du 11 décembre du Parti socialiste des travailleurs, « Pour la reconnaissance d’un État palestinien et d’Israël, » explique que ces négociations « doivent reconnaître le droit des Juifs partout dans le monde de se réfugier en Israël face à la montée mondiale de la haine contre les Juifs et la violence antisémite, ainsi que le droit inconditionnel du peuple palestinien dépossédé à une patrie souveraine, avec un territoire d’un seul tenant comprenant Jérusalem-Est, conquis et occupé par le gouvernement israélien durant la guerre de 1967. »

Le point de départ pour le SWP, explique la déclaration, ce sont « les intérêts de classe et la solidarité des travailleurs et des petits agriculteurs au Moyen-Orient, qu’ils soient palestiniens, juifs, arabes, kurdes, turcs, persans ou autres, quelles que soient leurs croyances religieuses ou autres, et des travailleurs aux États-Unis et dans le monde. »

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