Les travailleurs du port de Los Angeles se battent pour un syndicat et les droits des immigrants

Les Teamsters et les peintres se prononcent contre les déportations

Bill Arth
le 22 octobre 2018

WILMINGTON, Californie — Plus de 300 camionneurs du port, travailleurs d’entrepôt et leurs partisans ont organisé un rassemblement et une marche dans cette ville portuaire le 3 octobre, à l’issue d’une grève de trois jours contre XPO Logistics et NFI Industries. Les camionneurs et les travailleurs d’entrepôt luttent pour que les Teamsters soient reconnus comme leur syndicat, pour améliorer les conditions de travail des travailleurs temporaires et permanents et pour forcer leur entreprise à admettre que ce qu’on appelle des camionneurs indépendants sont en réalité des employés. Le syndicat a décidé de combiner la grève avec la lutte contre les ordonnances de la Maison-Blanche mettant fin au statut de protection temporaire, qui permet aux travailleurs du Salvador, du Nicaragua, d’Haïti et du Soudan de vivre et de travailler légalement aux États-Unis. De nombreux camionneurs du port et travailleurs d’entrepôts perdront leur droit de travailler et seront menacés d’expulsion si on leur retire le statut de protection temporaire. « Il est très important d’inclure la demande concernant le SPT, » a souligné au Militant, Jose Rodriguez, un travailleur d’entrepôt de Cal Cartage, une compagnie qui emploie également de nombreux camionneurs. Les travailleurs portuaires qui bénéficient du SPT « font face à une terrible crise et s’inquiètent de ce qu’il adviendra de leur famille si on y met fin. » Cal Cartage a récemment été acquis par NFI.

« J’espère que tous les syndicats se joindront à cette cause, » a-t-il poursuivi.

Ce matin-là, six énormes camions semi-remorques conduits par des membres des Teamsters ont amené des travailleurs à une manifestation devant le Metropolitan Detention Center, dans le centre-ville de Los Angeles, où de nombreux immigrants sont détenus avant leur déportation.

« Nous sommes un peu en retard et nous n’avons jamais été à l’avant, mais lorsque nos membres ont commencé à changer, nous avons dû changer avec eux, » a affirmé à BuzzFeed News, Ron Herrera, vice-président de la région Ouest des Teamsters. « Nous avons réalisé que la majorité des travailleurs que nous essayons d’organiser sont des titulaires du SPT et des immigrants. Beaucoup viennent d’Amérique latine. »

Des membres d’autres syndicats et groupes de défense des droits des immigrés ont participé. Le secteur de la construction, qui emploie le plus grand nombre de travailleurs couverts par le SPT, et le Syndicat international des peintres et métiers connexes a soutenu la manifestation.

« Les gens viennent dans ce pays et veulent travailler, et je ne suis pas la police de l’immigration, » a expliqué à BuzzFeed, Ken Rigmaiden, président général du syndicat des peintres. Le syndicat est ouvert à tous, peu importe où ils sont nés et ont grandi, a-t-il ajouté, en soulignant qu’il est important de défendre les intérêts de nos membres quand il s’agit du SPT ou de la Police d’immigration et des douanes.

Les camionneurs du port se battent pour être reconnus comme des employés. La très grande majorité des centaines d’entreprises de camionnage qui déploient 17 000 camions dans les ports de Los Angeles et de Long Beach prétendent que leurs camionneurs sont des entrepreneurs indépendants, que la législation fédérale du travail empêche de s’affilier à un syndicat.

Jose Rodriguez fait partie des travailleurs d’entrepôt de Cal Cartage qui se battent depuis des années pour des salaires plus élevés, des conditions de travail plus sécuritaires et une représentation syndicale. « Nous travaillons au déchargement de camions pour de grandes et riches entreprises – Amazon, Sears, Lowe’s et Home Depot, a-t-il souligné. Après 25 ans, je gagne 16 $ l’heure. Ce n’est pas un salaire juste. »

Un grand nombre de travailleurs sont embauchés par le biais d’une agence de travail temporaire, a-t-il poursuivi, et ils gagnent encore moins.

Après la manifestation au centre de détention, les travailleurs ont organisé une caravane et ont parcouru plus de 30 kilomètres jusqu’aux quais afin de participer à un rassemblement.

La journée s’est terminée par une action de désobéissance civile bloquant l’intersection de l’entrée de Harry Bridges vers l’autoroute I-110. Une cinquantaine de syndicalistes ont été arrêtés, dans le cadre d’un arrangement préalablement établi avec les flics.