La classe ouvrière doit diriger la révolte rurale contre les dirigeants capitalistes

Éditorial
le 17 décembre 2018

Partout dans le monde, un sentiment de révolte profond est en train de se répandre chez les « gens de nulle part, » parmi les travailleurs, les petits agriculteurs et les pauvres à la campagne, ceux qui n’ont jamais la parole dans la presse d’affaire. Qu’ils soient salariés ou esclaves de la dette, ils disent de plus en plus : « Assez ! » après avoir été poussés au bord du gouffre pendant des années par un système vorace, basé sur les profits et construit sur leur dos, et avoir été ignorés ou traités comme des déchets par les patrons, les banquiers, les politiciens et les bureaucrates du gouvernement, quel que soit le parti de la classe dirigeante au pouvoir.

Le mouvement des « gilets jaunes » qui a explosé dans les petites villes des zones rurales, dans les banlieues ouvrières de France et dans les rues de Paris est un exemple puissant de ce sentiment de révolte.

Le mépris de classe pour les « déplorables » à la campagne suinte de tous les pores des familles dirigeantes, des couches professionnelles riches et des méritocrates qui siègent au gouvernement des dirigeants capitalistes. Les manifestants ont répliqué par défi, en se faisant appeler « les beaufs » ou « les réactionnaires ».

Les taxes « vertes » du président français Emmanuel Macron, dont il a suspendu l’application depuis, n’étaient que l’étincelle qui a mis le feu aux poudres et attisé la colère profondément ancrée de la population face aux assauts incessants des dirigeants contre nos moyens de subsistance.

Ces travailleurs disent ne suivre aucun des partis politiques bourgeois ni les hauts dirigeants syndicaux, dont aucun ne se soucie le moins du monde de l’impact de la crise croissante du capitalisme sur les travailleurs.

Lors de la manifestation des agriculteurs au Québec, une action nationaliste et protectionniste, couverte dans ce numéro, soutenue par les principales fédérations syndicales, les manifestants ont demandé à leurs dirigeants canadiens d’utiliser les tarifs douaniers et d’autres mesures pour frapper les produits des travailleurs et des agriculteurs d’autres pays. Mais ce qu’il faut, c’est l’internationalisme de la classe ouvrière.

Ces actions posent la question de savoir qui dirigera à la campagne : les dirigeants capitalistes ou la classe ouvrière ?

Le défi auquel font face les travailleurs est de reconstruire le mouvement syndical, qui n’est plus que l’ombre bureaucratique de ce qu’il était, et se battre pour gagner des alliés à la cause de l’émancipation de la majorité opprimée. Pour l’avant-garde révolutionnaire de la classe ouvrière, le défi consiste à donner l’exemple, à agir en tant que tribuns du peuple et à faire valoir des revendications qui défendent les intérêts des travailleurs agricoles, des petits agriculteurs et autres travailleurs à la campagne.

Ce sont les classes laborieuses, y compris les petits agriculteurs et autres travailleurs, qui travaillent les produits de la nature pour créer toutes les richesses et qui sont les gardiennes de toute la culture. Seule la classe ouvrière peut protéger l’environnement des ravages du capitalisme.

Cela n’est possible que si les travailleurs peuvent profiter de la version actuelle d’une révolte paysanne pour former une alliance afin d’arracher le pouvoir politique des mains des dirigeants capitalistes et l’utiliser pour transformer les relations sociales – et nous-mêmes – afin de construire une société fondée sur les besoins humains, pas sur la cupidité capitaliste.