Les dirigeants US, en violation de la souveraineté du Venezuela et avec le soutien bipartisan et la collaboration de leurs alliés en Europe, au Canada et dans quelques pays latino-américains, avancent dans leurs efforts pour renverser le gouvernement dirigé par le président vénézuélien Nicolás Maduro. Cela n’a été rendu possible qu’à cause du cours suivi par le gouvernement Maduro, qui s’est aliéné et a démoralisé un grand nombre de travailleurs tout en enrichissant une couche de la classe capitaliste.
Après que le nouveau dirigeant élu de l’opposition majoritaire à l’Assemblée nationale, Juan Guaidó, s’est déclaré lui-même président le 23 janvier, Washington a gelé les comptes de banque du Venezuela aux États-Unis, y compris ceux de la compagnie pétrolière d’État PDVSA. Les membres du gouvernement US ont annoncé qu’ils remettraient ces fonds à Guaidó. Celui-ci appelle désormais l’armée du Venezuela à renverser Maduro, leur promettant l’amnistie s’ils agissent dans ce sens.
Les manifestations du 2 février en soutien à Juan Guaidó ont été substantiellement plus grandes que celle qui a été appelée pour soutenir Nicolás Maduro. Les manifestations pro- Guaidó se sont déroulées dans les grandes villes, les petites villes et des quartiers à travers tout le pays, y compris dans beaucoup d’anciens bastions de Maduro et de son prédécesseur Hugo Chávez.
Hugo Chávez, un ancien officier de l’armée, avait été élu président en 1998 au milieu d’un soulèvement de travailleurs et de paysans dans tout le pays. Ils luttaient pour la terre aux paysans pauvres, pour construire des syndicats et pour développer des programmes sociaux en faveur des plus opprimés. Pendant les premières années, Chávez a soutenu leurs combats. Et Cuba révolutionnaire a renforcé cette lutte en envoyant des milliers de volontaires internationalistes afin d’accroître le taux d’alphabétisation dans l’ensemble du pays et offrir des soins de santé.
Ce qui a particulièrement irrité Washington, ce sont ces relations amicales entre Cuba révolutionnaire et le peuple du Venezuela.
Chávez et ensuite Maduro ont clairement dit qu’ils n’avaient pas l’intention de suivre la voie ouverte par les travailleurs et les agriculteurs cubains qui, en faisant une révolution en 1959, ont formé un gouvernement des travailleurs et des agriculteurs, nationalisé les industries et les banques détenues par les capitalistes cubains et étrangers, démantelé la vieille armée et mené à bien une transformation socialiste.
À l’opposé, le gouvernement vénézuélien a tenté de réguler le capitalisme et le marché. Il a utilisé une partie des profits réalisés par la compagnie pétrolière d’État pour financer des programmes sociaux, subventionner la nourriture et construire des habitations.
« Gérer » le capitalisme n’est pas une solution
La corruption généralisée, le manque d’entretien et la mauvaise gestion de la compagnie pétrolière ont entraîné des pannes et un ralentissement de la production. Depuis 2014, la chute des salaires et la détérioration des conditions de travail ont entraîné un exode croissant de travailleurs et un déclin de 45 pour cent de la production.
Ces développements ont été exacerbés par une baisse de prix du pétrole de 50 pour cent durant la même période. Le pétrole représentait 95 pour cent de la monnaie forte du pays. Bien que le gouvernement de Nicolás Maduro ait réussi à maintenir quelques-uns des programmes sociaux, les conditions des travailleurs ont empiré. L’inflation se situe à un million pour cent. Les médicaments de base sont inaccessibles. Les crimes violents sont endémiques, avec un des taux les plus élevés au monde. En général, les besoins essentiels ne sont disponibles que sur le marché noir.
La dégradation des soins de santé, les fermetures d’usines et les attaques paramilitaires, parrainées par les propriétaires terriens contre les paysans qui s’organisent pour la terre, ont fait des ravages. Des millions de personnes ont fui le pays.
Nicolás Maduro accuse l’impérialisme américain, et cela a été un facteur, mais la politique du gouvernement visant à consolider le capitalisme est à l’origine de la crise.
Alors qu’un plus grand nombre de travailleurs se sont joints aux manifestations demandant le départ de Nicolás Maduro, ce dernier a déployé des unités spéciales de police pour attaquer ses adversaires dans les quartiers ouvriers.
Il s’est dit prêt à négocier avec Juan Guaidó. Mais avec l’appui grandissant de la communauté internationale et la pression des dirigeants US contre le gouvernement, Juan Guaído a repoussé Nicolás Maduro du revers de la main.
Profitant de l’impopularité du refus du président d’autoriser l’entrée de l’aide « humanitaire » internationale au Venezuela, Juan Guaidó a annoncé qu’il organisait l’envoi de millions de dollars en produits de première nécessité. Il appelle l’armée à permettre le passage de l’aide.
Répandant la calomnie que des conseillers cubains « dirigent » les forces de sécurité vénézuéliennes, l’administration de Donald Trump a annoncé son intention d’intensifier la pression US sur Cuba révolutionnaire.
Cuba a quelque 21 000 volontaires internationalistes au Venezuela qui offrent des soins médicaux à ceux qui en ont le plus besoin et elle exige que les dirigeants US cessent de porter atteinte à la souveraineté du Venezuela et qu’ils laissent le peuple prendre ses propres décisions.
L’administration de Donald Trump a indiqué qu’elle pourrait ne pas renouveler la suspension du « titre III » de la loi Helms-Burton au mois de mars. Les citoyens des États-Unis, aussi bien les capitalistes nés aux États-Unis que ceux qui ont fui Cuba après la révolution, seraient alors en mesure d’engager des poursuites contre Cuba pour exiger le paiement de propriétés qui ont été nationalisées après 1959.