Des milliers de manifestants en Haïti réclament la démission du président et du premier ministre

Roy Landersen
le 4 mars 2019

Les travailleurs en Haïti organisent de larges manifestations depuis le 7 février pour réclamer la démission du président Jovenel Moïse et du premier ministre Jean-Henry Céant. Une crise sociale secoue le pays depuis les ouragans de 2008, 2012 et 2016, un tremblement de terre meurtrier en 2010 et une épidémie de choléra. Tout ceci après des décennies de pillage colonial aux mains de la classe dirigeante capitaliste aux États-Unis.

La jeunesse d’Haïti a explosé en colère. Des milliers de jeunes ont proclamé : « Nous en avons ras-le-bol ! » Ils protestent contre l’inflation et le chômage galopants, ainsi que la corruption endémique.

Malgré ses promesses de combattre la corruption, le gouvernement de Jovenel Moïse n’a pas poursuivi les hauts responsables accusés de détournement de fonds.

Dans la capitale de Port-au-Prince et dans la plupart des plus grandes villes d’Haïti, des rues sont bloquées par des pneus ou des voitures enflammées. Au moins sept personnes ont été tuées quand la police a entrepris de disperser les manifestants de façon violente. Des commerces, des bureaux et des écoles ont été fermés. Il y a des pénuries de carburant, de nourriture, de médicaments et de fournitures pour les hôpitaux.

Après une semaine de silence, Jovenel Moïse a fait un discours en créole le 14 février enregistré à l’avance. Il a annoncé qu’il n’allait pas partir et « laisser le pays aux mains de bandes armées et des trafiquants de drogue. » Il a prétendu qu’il allait prendre des mesures économiques non précisées pour « soulager notre douleur. »

Loin de calmer l’agitation, ces déclarations ont alimenté de nouvelles manifestations. Des dirigeants de l’opposition bourgeoise ont caractérisé l’annonce de Moïse comme « une déclaration de guerre » contre le peuple haïtien. Ils cherchent à profiter des protestations, mais n’offrent pas d’alternative.

Jovenel Moïse a été élu président en février 2017 en promettant de créer des emplois et de combattre la corruption. C’étaient des promesses creuses. Il est surnommé « l’homme-banane », car il possède plusieurs entreprises qui comprennent des plantations.

Jean-Henry Céant, qui a été nommé nouveau premier ministre par Moïse en septembre dernier après une série de manifestations similaires, a promis le 16 février de réduire de 30 pour cent les dépenses de la bureaucratie du gouvernement.

« La situation a empiré, » a déclaré à l’Associated Press, Widler Saintil, un commerçant âgé de 35 ans en ajoutant qu’il allait manifester jusqu’à la démission de Moïse.

Tracy Hotta, une infirmière canadienne, a dit à CNN : « Ils sont très démunis ici. Ils prennent des mesures désespérées pour tenter d’apporter un changement eux-mêmes. »

Washington a réagi en évacuant du personnel « non essentiel » de son ambassade et en envoyant des forces de sécurité supplémentaires.

Les dirigeants US ont une longue histoire d’interventions militaires et politiques en Haïti. L’administration du président Donald Trump tente de mettre fin au statut de protection temporaire accordé aux Haïtiens qui sont venus aux États-Unis après le tremblement de terre et les dégâts causés par l’ouragan.

Cuba révolutionnaire, en revanche a une mission médicale internationaliste en Haïti depuis 1998, composée de médecins et d’infirmières volontaires. De telles missions à travers le monde sont la marque de l’internationalisme des travailleurs cubains. Elles ont été décisives pour offrir des soins médicaux à des dizaines de milliers de personnes pendant des catastrophes sociales. Il y a aujourd’hui près de 600 travailleurs médicaux cubains en Haïti, qui continuent d’offrir des soins gratuits dans les villages et les villes à travers le pays.