La version 2019 du New Deal de Franklin Roosevelt n’est pas la voie en avant pour les travailleurs

Brian Williams
le 10 juin 2019

Au moins cinq des candidats à la présidence du Parti démocrate appuient le « Green New Deal, » le projet de la membre des Socialistes démocratiques d’Amérique et favorite des médias libéraux Alexandria Ocasio-Cortez et d’autres jeunes qui se proclament progressistes. Ce projet, prétend répondre à des problèmes réels auxquels les travailleurs font face, dont les emplois, le niveau de vie et les dommages causés à la nature par le capitalisme. Mais cet « accord » n’est pas la voie en avant pour les travailleurs.

Alexandria Ocasio-Cortez prétend que personne avant elle n’a « réellement conçu » la « solution plus globale » aux problèmes aux États-Unis et que c’est ce que son « Green New Deal » fera.

C’est un plan de « mobilisation nationale sur 10 ans » visant à stabiliser le règne capitaliste avec une série de réformes, inspiré par le « New Deal » des années 1930 du président Franklin Delano Roosevelt et le « War Deal » de la deuxième boucherie impérialiste mondiale qui en a résulté et a stabilisé le capitalisme aux États-Unis.

Le projet de loi n’est pas un ensemble de mesures à voter, mais une déclaration de principes qui n’engage à rien. Il augmenterait le pouvoir de la bureaucratie fédérale du gouvernement capitaliste de réglementer la vie des travailleurs, en nous imposant des sacrifices que les libéraux jugent nécessaires sous prétexte de sauver la planète. Il propose de mobiliser le gouvernement fédéral « à un niveau jamais vu depuis la deuxième guerre mondiale et le New Deal » pour mettre fin à l’usage de tous les combustibles fossiles dans l’industrie et l’agriculture. Il vise à éliminer toutes les voitures, le transport aérien et les vaches, et à construire ou réaménager tous les édifices dans le pays.

Ce plan éliminerait l’énergie nucléaire. Il priverait ainsi des milliards de personnes dans le monde semi-colonial de la possibilité d’accéder à l’électricité et la culture. Tout cela pour sauvegarder de meilleures conditions pour ceux qui vivent dans les pays développés.

Catastrophisme bourgeois

« C’est un gros projet de loi parce que c’est un énorme [juron] problème ! Nous allons tous mourir, » s’est exclamé Sean McElwee, co-fondateur du groupe de réflexion Data for Progress.

Mais un tel catastrophisme écologique vise seulement à nous convaincre que les travailleurs doivent faire des sacrifices.

C’est pourquoi Alexandria Ocasio-Cortes et les autres socialistes démocratiques évoquent Franklin Delano Roosevelt et comment une « Amérique » sans classes sociales s’est constituée dans les années 1940.

« Quand Franklin Delano Roosevelt a appelé l’Amérique à construire 185 000 avions pour la deuxième guerre mondiale, à la fin de la guerre, nous avons produit 300 000 avions, » indique la foire aux questions publiée en complément au projet de loi.

Mais il n’y a pas de « nous » ou « d’Amérique ». Il y a deux classes : les patrons et les banquiers, qui vivent d’exploitation et d’oppression ainsi que leurs laquais de la classe moyenne supérieure, et la grande majorité des travailleurs, qui vivent pour la plupart de chèque de paie en chèque de paie.

Le but de Roosevelt et des dirigeants capitalistes dans la deuxième guerre mondiale était de sécuriser le monde pour leur exploitation et leurs profits au détriment de la classe ouvrière. Il n’y a rien là que nous devrions tenter de reproduire aujourd’hui.

L’effort d’Alexandria Ocasio-Cortez et de ses alliés a fondamentalement le même objectif que celui que Roosevelt avait avec son New Deal et son effort de guerre impérialiste : sauver le règne capitaliste.

Dans sa foire aux questions, Alexandria Ocasio-Cortez explique comment elle défraiera les coûts de son plan : « De la même façon que nous avons payé pour le New Deal, le sauvetage bancaire de 2008 et les programmes d’assouplissements quantitatifs. De la même manière que nous avons payé pour la deuxième guerre mondiale et nos guerres actuelles. »

Les dirigeants capitalistes l’ont fait en augmentant la taille et la portée de leur gouvernement et en creusant plus profondément dans les poches de la classe ouvrière. Les socialistes démocratiques cherchent maintenant à le faire à l’aide d’une campagne hystérique au sujet de catastrophes auxquelles fait face la planète.

Mais c’est précisément « le mode capitaliste de production, l’ordre impérialiste mondial et l’énorme richesse et pouvoir que les dirigeants extorquent de la nature et des producteurs exploités » qui sont à la racine de la crise actuelle à laquelle font face les travailleurs, incluant les dommages à l’environnement. C’est ce qu’explique la résolution du Parti socialiste des travailleurs : « L’intendance de la nature incombe aussi à la classe ouvrière : en défense de la terre et du travail, » publiée dans le no 8 de la revue Nouvelle Internationale.

« Conséquence de la concurrence incessante que se livrent les capitalistes entre eux dans le but de maximiser leurs profits, déclare la résolution, le produit de l’effort du travail finit par aggraver les dangers pour la vie et la santé des travailleurs ; polluer la terre, l’eau et l’air ; et mettre en péril la survie même de la civilisation. »

La classe ouvrière doit aussi rejeter « toutes les formes de pseudo science, d’exagération, de catastrophisme et de théorie excentrique, » a dit Jack Barnes, secrétaire national du Parti socialiste des travailleurs, dans Le désordre mondial du capitalisme. « Les travailleurs ne doivent pas accepter l’opinion générale — c’est-à-dire l’opinion bourgeoise — voulant que l’environnement […] planerait en quelque sorte au-dessus des classes et à l’extérieur de la lutte des classes. »

« Si nous traduisons tout ce qui est communément perçu comme des problèmes environnementaux par la question de comment faire avancer la protection de la classe ouvrière, propose Jack Barnes, et comment la classe ouvrière peut étendre à tous cette protection, nous pouvons alors difficilement faire fausse route. »