Les sanctions US frappent le plus durement les travailleurs

Terry Evans
le 8 juillet 2019

Le gouvernement US intensifie les menaces d’utiliser sa puissance militaire contre l’Iran et renforce les sanctions économiques, dont les conséquences pèsent le plus lourdement sur les travailleurs iraniens. Pour employer ces mesures qui servent les intérêts impérialistes au Moyen-Orient, Washington prend prétexte du fait qu’une unité de la Garde révolutionnaire de Téhéran a abattu un drone de surveillance US.

Le 21 juin, le président Trump a écrit que « la nuit dernière, nous étions armés et prêts à tirer contre trois sites différents » en Iran, mais nous l’avons annulé 10 minutes avant. Il a ajouté que le Pentagone lui avait dit que ces frappes « tueraient 150 Iraniens » et qu’il avait décidé que la destruction d’un drone sans pilote ne pouvait justifier une attaque aussi « disproportionnée ».

Quelques heures plus tard, le président a déclaré à la chaîne NBC : « Je ne cherche pas la guerre. » Mais il a joint à cela une menace : « S’il y en a une, ce sera une destruction totale [de l’Iran] comme vous ne l’avez jamais vue auparavant. »

La destruction du drone est venue trois jours après que Washington a annoncé le déploiement de 1 000 soldats US dans la région, qui viennent s’ajouter à plus de 20 000 soldats et à un arsenal de navires de guerre, bombardiers et missiles terrestres et maritimes déjà stationnés au Moyen-Orient pour défendre les exploitations pétrolières des dirigeants US et leurs autres intérêts économiques et politiques rentables.

En même temps que Washington resserre l’étau sur l’Iran, pressurant les travailleurs et les agriculteurs là-bas, il exige que le gouvernement iranien accepte d’entreprendre des négociations.

Le Pentagone a envoyé des troupes supplémentaires après que deux pétroliers, l’un norvégien et l’autre japonais, ont été attaqués le 13 juin dans le golfe d’Oman. Washington affirme que Téhéran a orchestré ces attaques, qui ont endommagé les navires sans blesser personne sérieusement. Les attaques ont eu lieu alors que le premier ministre japonais Shinzo Abe rencontrait des dirigeants à Téhéran dans le but de « faire office de médiateur » dans le conflit au nom de Washington.

Le secrétaire d’État à la Défense par intérim, Patrick Shanahan, a déclaré que les 1 000 soldats étaient nécessaires pour contrer « le comportement hostile des forces iraniennes et de leurs groupes par procuration. » Il faisait alors référence aux milices armées et entraînées par Téhéran au Liban, en Irak, en Syrie et au Yémen pour faire avancer son cours contre-révolutionnaire dans la région.

L’administration Trump espère que ses menaces militaires et ses sanctions économiques contraindront les dirigeants iraniens à freiner leurs milices et à mettre fin aux programmes permettant le développement d’armes nucléaires et de missiles à longue portée.

Divisions entre les dirigeants iraniens

Des divisions apparaissent au sein du régime iranien et de la Garde révolutionnaire, notamment concernant le bien-fondé de la décision d’abattre un drone US. Le New York Times a rapporté qu’au moins un commandant supérieur de la Garde révolutionnaire ainsi que d’autres dirigeants du gouvernement étaient « frustrés ou furieux contre le commandant tactique qui a pris la décision d’abattre le drone américain. »

La Garde révolutionnaire, qui fonctionne indépendamment des forces armées gouvernementales, a été à l’avant-garde des efforts pour étendre l’influence du régime clérical bourgeois partout dans la région. La force d’élite Qods, dont le guide suprême Ayatollah Ali Khamenei est le responsable officiel, est divisée en factions qui défendent des intérêts divergents au sein de la hiérarchie cléricale et de la bureaucratie d’État. Certains membres de cette force souhaitent un conflit armé avec Washington.

Les Gardiens de la révolution islamique comptent 100 000 soldats, ils contrôlent 600 000 miliciens et possèdent leur propre force aérienne et leur propre marine de guerre, qui est plus importante que la marine de guerre régulière de l’Iran. Ils contrôlent leur propre empire commercial, qui comprend la construction et la gestion de l’aéroport national.

En avril, le gouvernement US a mis la Garde révolutionnaire sur sa liste « d’organisations terroristes » et a imposé des sanctions contre ses hauts responsables.

Resserrement économique

Le 24 juin, avec l’appui bipartisan du Congrès, Washington a imposé de nouvelles sanctions visant Ali Khamenei, des représentants gouvernementaux et huit commandants de la Garde révolutionnaire iranienne.

Les mesures de représailles économiques détériorent les conditions difficiles auxquelles font face les travailleurs en Iran. Le taux d’inflation annuelle a atteint 50 pour cent le mois passé, son niveau le plus élevé depuis 1980. Plus d’un quart des jeunes sont sans emploi.

Les travailleurs subissent aussi les ravages causés par les guerres destructrices que les dirigeants capitalistes d’Iran mènent à l’étranger. Téhéran incite les travailleurs et les agriculteurs en Iran, en Afghanistan, au Pakistan et ailleurs, à se porter « volontaires » pour se joindre aux milices, qu’il utilise pour intervenir dans les conflits de la région.

Les politiciens et les commentateurs dans l’ensemble de l’éventail bourgeois de la politique US cherchent à tirer un signe d’égalité entre le régime clérical réactionnaire actuel en Iran et la révolution iranienne, lors de laquelle des millions de travailleurs ont renversé le shah détesté d’Iran, que soutenaient les États-Unis. Mais en fait, ce régime est le produit de la contre-révolution sanglante du début des années 1980 qui a renversé les nombreux gains que les travailleurs avaient réalisés durant les premières années qui ont suivi le soulèvement populaire de 1979.

Les pressions croissantes des dirigeants US n’empêchent pas les dirigeants iraniens de poursuivre leurs opérations militaires contre-révolutionnaires à l’étranger. Le 24 juin, les commandants militaires iraniens ont proposé au gouvernement irakien d’entreprendre de nouveaux exercices militaires conjoints des forces organisées par Téhéran et de l’armée irakienne. Cette dernière mène également des opérations avec plus de 5 000 soldats US stationnés en Irak.