Le sommet annuel du Groupe des 20 qui s’est tenu à Osaka, au Japon, les 28 et 29 juin, a rassemblé les dirigeants gouvernementaux des États-Unis, de l’Allemagne, du Japon, de la Chine, de la Russie, de tous les principaux pays impérialistes et d’autres grands pays capitalistes. Il a reflété la profondeur des rivalités commerciales, en dépit des prétentions de coopération économique mondiale. Ces conflits illustrent la crise qui ravage la production et le commerce capitalistes aujourd’hui. La déclaration finale du G-20 a reconnu que la croissance mondiale est « faible », avec des risques géopolitiques « qui tendent vers le bas. »
L’ordre impérialiste mondial établi aux lendemains de la deuxième guerre mondiale se disloque lentement mais sûrement sous l’effet du fonctionnement même de l’économie capitaliste.
Lors de cette rencontre, le président Donald Trump a rencontré le président chinois Xi Jinping, puis s’est rendu à la frontière nord-coréenne pour rencontrer le dirigeant de la République populaire démocratique de Corée, Kim Jong Un. Les négociations commerciales interrompues avec Pékin ont été relancées et les pourparlers avec la RPDC sur le désarmement nucléaire ont été remis sur la table.
La classe capitaliste américaine utilise son poids économique inégalé, la taille de son marché intérieur, la centralité de son système financier et le maintien du dollar américain comme monnaie de réserve mondiale, pour préserver sa domination mondiale exploiteuse malgré son déclin continu. Même si la part du dollar dans les opérations de change mondiales a baissé depuis la crise financière il y a dix ans, elle est toujours de 62 pour cent, ce qui éclipse tous ses rivaux.
Dans son discours du G-20 le 29 juin, Xi, dans une référence voilée à l’escalade des droits de douane de l’administration Trump, a dénoncé le protectionnisme des pays riches qui « détruit l’ordre commercial mondial. »
Trump dit que l’ordre économique « mondialisé » a contribué à l’essor du capitalisme chinois au cours des dernières décennies au détriment du capitalisme des États-Unis.
Trump et Xi se sont rencontrés pendant un déjeuner lors du G-20 pour reprendre les négociations commerciales bilatérales. Le président américain a accepté de lever sa menace d’appliquer de nouveaux droits de douane de 25 pour cent sur 300 milliards de dollars de marchandises chinoises qui ne sont pas actuellement frappées par des tarifs douaniers. Il a également levé l’interdiction pour les entreprises américaines de vendre des pièces de haute technologie au géant chinois des télécommunications Huawei dans le cadre d’une bataille plus large pour les parts de marché entre les patrons des entreprises technologiques chinoises et US et leurs bailleurs de fonds publics. En retour, Xi a promis d’acheter plus de produits agricoles américains. Juste avant la réunion, Pékin a commandé un demi-million de tonnes supplémentaires de soja américain. Les deux présidents ont convenu de poursuivre les pourparlers. Les marchés boursiers et les marchés à terme ont rebondi à la suite de cette nouvelle et la monnaie chinoise, le renminbi, s’est renforcée.
Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, les dirigeants US sont la première puissance impérialiste mondiale, y compris dans le Pacifique. Les dirigeants capitalistes chinois se développent rapidement aujourd’hui, installent des bases militaires dans tout le Pacifique occidental, pénètrent de nouveaux marchés internationaux et développent une armée et une marine plus perfectionnées.
En l’absence d’une montée révolutionnaire de la classe ouvrière, les capitalistes chinois se projettent dans l’avenir et se considèrent comme les inéluctables nouveaux maîtres incontestés.
Pendant que se déroulait la conférence, l’affrontement opposant Pékin et son alliée, la directrice générale de Hong Kong, Carrie Lam, aux millions de travailleurs de Hong Kong se poursuivait. Le 1er juillet, jour du vingt-deuxième anniversaire du transfert de la colonie britannique à la Chine, des centaines de milliers de personnes ont défilé dans les rues pour demander la démission du gouvernement pro-Beijing. Quelques centaines de manifestants ont occupé et saccagé l’assemblée législative de Hong Kong en affrontant la police. Cela a donné à Pékin une opportunité inhabituelle de se faire passer pour un gardien de « l’État de droit. »
Les protestations de masse continuent à Hong Kong
Les dirigeants chinois ont imputé les troubles à des pays étrangers sans les nommer, tout en admettant que les énormes manifestations étaient un « défi flagrant » au régime de Beijing. Mais ce qu’ils craignent vraiment, c’est « l’ingérence » de la lutte de classe de l’intérieur, une peur qu’éprouvent également les classes dirigeantes rivales autour du monde.
Après le sommet du G-20, Trump est devenu le premier président américain en poste à se rendre en Corée du Nord le 30 juin. Il a franchi la ligne de démarcation entre les deux Corées lors d’une rencontre surprise avec Kim à la zone très fortifiée qui divise la péninsule. Le président sud-coréen Moon Jae-in les a rejoints pour un discours bref mais sans précédent adressé aux médias.
Malgré les dévastations massives infligées au peuple coréen à la suite de la décision des dirigeants US de s’emparer de la Corée du Sud à la fin de la seconde guerre mondiale, et du Nord entre 1950 et 1953 pendant la guerre de Corée, l’impérialisme US n’a pas réussi à écraser le gouvernement ouvrier et paysan qui est né de la révolution de 1946 dans le Nord. Depuis lors, Washington a refusé de signer un traité de paix. Le retrait des armes nucléaires de la péninsule serait un gain pour tous les travailleurs.
Poursuite du conflit au Moyen-Orient
Les instabilités qui déchirent l’ancien ordre mondial impérialiste ne sont nulle part plus apparentes qu’au Moyen-Orient. La Maison-Blanche a brandi la menace de représailles militaires après qu’un missile iranien a abattu un drone US le 20 juin. De nouvelles troupes ont été envoyées pour renforcer la présence militaire déjà massive de Washington dans la région et les dirigeants US ont resserré leurs sanctions sévères, ce qui a alourdi le fardeau économique qui pèse sur les travailleurs iraniens.
Trump a déclaré aux médias le 28 juin qu’il n’était « pas pressé » d’apaiser les tensions avec l’Iran. Le 1er juillet, Téhéran a annoncé avoir atteint la « limite » de 300 kg d’uranium enrichis fixée par l’accord nucléaire signé en 2015 puis reniée par Washington. Les dirigeants capitalistes en Iran cherchent à faire pression sur la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni, qui ont également signé le traité, pour trouver un moyen de poursuivre les échanges commerciaux et d’alléger l’impact des sanctions de Washington. Les dirigeants européens ont déclaré qu’ils seraient « patients » avec Téhéran, a rapporté le Wall Street Journal le 3 juillet.
Les dirigeants israéliens ont toutefois réagi à la décision de Téhéran par des frappes aériennes le 2 juillet à partir de l’espace aérien libanais, visant des bases militaires syriennes reliées à l’Iran.