MONTRÉAL — « Joyce Meissenheimer était absolument convaincue qu’elle et ceux avec qui elle a lutté étaient du bon côté de l’histoire, » a expliqué Beverly Bernardo, dirigeante de la Ligue communiste, le 20 juillet dernier, lors de la célébration de la vie de Joyce Meissenheimer, une cadre de la Ligue communiste au Canada depuis 54 ans et une militante de la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud durant 20 ans.
Née à Cape Town, en Afrique du Sud, en 1922, Joyce Meissenheimer est décédée le 7 juin à l’âge de 96 ans à Calgary en Alberta. Plus de 40 personne ont assisté à la célébration.
« Joyce Meissenheimer a commencé à être active en politique lorsque son père l’a amenée à un rassemblement contre la ségrégation raciale en 1937 à l’âge de 15 ans et à des réunions où elle a commencé à étudier les livres marxistes, » a expliqué Beverly Bernardo. Joyce Meissenheimer a grandi sous l’autorité du département des Affaires des gens de couleur, un des organismes utilisés par le gouvernement pour priver les non-caucasiens de droits politiques.
Beverly Bernardo a raconté comment en 1948, à l’âge de 26 ans, Joyce Meissenheimer est devenue directrice du Torch, le journal hebdomadaire du Mouvement pour l’unité des non-européens, qui dénonçait les injustices du régime d’apartheid.
Le Torch a fait campagne contre le bannissement des membres du Congrès national africain. Joyce Meissenheimer a elle-même été « bannie » en 1961, ce qui signifiait qu’elle n’avait plus le droit de rencontrer plus de deux personnes à la fois sauf s’il s’agissait de membres de sa famille.
Faisant face à ces restrictions, elle a déménagé à Vancouver, en Colombie-Britannique, en 1965 avec son mari et ses quatre enfants, où elle a adhéré à la Ligue pour l’action socialiste, précurseur de la Ligue communiste.
Construction du parti au Canada
En tant que cadre de la Ligue pour l’action socialiste, Joyce Meissenheimer a contribué à faire avancer le travail du parti en défense de la révolution cubaine, sa participation dans le mouvement contre la guerre du Vietnam, la lutte pour abroger la loi restrictive sur l’avortement du Canada et la lutte contre l’utilisation de la Loi sur des mesures de guerre par le gouvernement en 1970 dans le but d’écraser le mouvement de masse pour les droits nationaux au Québec.
Joyce Meissenheimer a aidé à diriger la fusion de la Ligue pour l’action socialiste avec le Revolutionary Marxist Group et le Groupe marxiste révolutionnaire pour former la Ligue ouvrière révolutionnaire en 1977, « un renforcement qualitatif des forces communistes au Canada, » a ajouté Beverly Bernardo.
« La lutte à laquelle Joyce Meissenheimer a participé en Afrique du Sud est devenue une lutte très importante au sein de nos deux partis, » a ajouté Joel Britton, le candidat du Parti socialiste des travailleurs (SWP) au poste de maire de San Francisco, qui a assisté à la célébration pour représenter le SWP.
« La solidarité que nous manifestions envers cette lutte était une façon de remplir nos devoirs d’internationalistes et le soutien que nous recevions des révolutionnaires sud-africains qui dirigeaient ce combat était une contribution à la lutte de classe en Amérique du Nord qui était bien accueillie.
« À la fin des années 1970, les communistes aux États-Unis et au Canada ont adopté des mesures afin que la grande majorité des membres de nos partis obtiennent des emplois dans l’industrie de base où nous pouvions adhérer aux syndicats industriels, a-t-il ajouté.
« Conjointement à d’autres travailleurs, nous avons construit la solidarité avec les luttes révolutionnaires en Iran, en Grenade et au Nicaragua. Et nous avons aidé à mobiliser l’appui au combat pour la liberté en Afrique du Sud au sein de nos syndicats. »
Joyce Meissenheimer a pleinement soutenu le tournant du parti vers l’industrie. « Joyce a été membre de la branche de la Ligue communiste à Montréal jusqu’en 2001, » a souligné Beverly Bernardo, lorsque la détérioration de son état de santé l’a forcée à déménager en Colombie-Britannique.
« Une vie digne d’être vécue »
« Joyce a adopté à fond la vie de combattante communiste. C’était sa façon de mener une vie digne d’être vécue. Je vous invite à suivre les pas de Joyce et de vous joindre à la Ligue communiste, » a conclu Beverly Bernardo.
Pierre-Luc Filion, candidat de la Ligue communiste aux élections fédérales d’octobre dans la circonscription de Longueuil–Saint-Hubert, a dit qu’il n’avait jamais rencontré Joyce Meissenheimer, mais qu’il apprécie « l’héritage politique qu’elle a légué et qui montre le type de direction nécessaire pour bâtir la Ligue communiste aujourd’hui. »
Il a décrit les activités de sa campagne, qui vont du porte-à-porte pour présenter le Militant et les livres révolutionnaires aux travailleurs afin de susciter l’intérêt pour le parti et son programme jusqu’au renforcement de la solidarité avec les luttes syndicales en cours, comme la grève d’une semaine des employés de résidences pour personnes âgées qui réclament 15 dollars l’heure.
Jennifer Alves Nadeau, institutrice et militante syndicale, a assisté à la réunion et a confié au Militant que « ce que Joyce a fait de sa vie est très impressionnant et nous encourage à continuer à nous battre aujourd’hui. »
Une collecte destinée à financer le travail de la Ligue communiste a recueilli 1740 dollars.
À la réunion, on pouvait lire dans un livre relié les messages écrits par ceux de différents pays qui la connaissaient et qui avaient travaillé avec Joyce.
Après l’événement, de nombreux participants ont poursuivi la célébration dans un restaurant à proximité dans l’esprit de Joyce Meissenheimer, qui invitait souvent d’autres personnes chez elle pour prendre un bon repas, boire un peu et avoir des échanges politiques animés.