Le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui vise à porter atteinte à la lutte du peuple kurde pour ses droits nationaux, a lancé des frappes aériennes dans la région du nord-est de la Syrie contrôlée par les Kurdes. Le président Donald Trump a annoncé le 6 octobre le retrait de certaines troupes américaines de la zone frontalière de la Syrie avec la Turquie, affirmant que Washington ne s’opposerait pas à l’opération d’Ankara.
« Le Parti socialiste des travailleurs exige que les dirigeants turcs cessent leurs attaques contre les Kurdes en Syrie et retirent leurs forces de la frontière, » a déclaré Seth Galinsky, candidat du SWP au poste de défenseur du bien public de la ville de New York, le 9 octobre. « Les Kurdes ont droit à l’autodétermination. »
« Nous demandons également que Washington retire toutes ses troupes et ses armes du Moyen-Orient, » a ajouté Seth Galinsky. Recep Tayyip Erdogan cherche à forcer des centaines de milliers de réfugiés syriens en Turquie à se rendre dans la région du nord-est de la Syrie contrôlée par les Kurdes, une fois que ses militaires l’occuperont. Il espère que cette « arabisation » séparera les Kurdes de Turquie de leurs frères et sœurs de l’autre côté de la frontière syrienne et créera une base de soutien pour contrecarrer la lutte des Kurdes pour leur autodétermination. Les forces gouvernementales turques ont lancé des frappes aériennes sur les combattants kurdes à Ras al-Ain et dans d’autres villages frontaliers syriens le 9 octobre, trois jours après un appel téléphonique entre Donald Trump et Recep Tayyip Erdogan. Quelque 30 millions de Kurdes constituent une nationalité opprimée répartie entre l’Iran, l’Irak, la Syrie et la Turquie. Pendant des décennies, les dirigeants capitalistes ont réprimé la lutte des Kurdes pour leurs droits et une patrie, avec la complicité de Washington et d’autres puissances impérialistes. Les dirigeants américains ont tour à tour soutenu ou abandonné les Kurdes, selon leurs intérêts impérialistes du moment.
Après que des millions de travailleurs ont participé à un soulèvement contre la dictature de Bachar al-Assad en Syrie en 2001, les Kurdes ont réussi à se constituer une zone autonome. Cette région s’est étendue au fur et à mesure que les Forces démocratiques syriennes, dirigées par les Kurdes, aidaient à diriger les opérations terrestres pour mettre en échec le « califat » réactionnaire de l’État islamique. Cette zone couvre actuellement près de 25 pour cent du pays, y compris l’essentiel de son pétrole. La classe dirigeante turque regarde la zone contrôlée par les Kurdes en Syrie comme une menace à leurs efforts pour réprimer les Kurdes en Turquie qui, eux-aussi, se battent pour leurs droits nationaux.
Tandis que Trump dit qu’il veut « sortir de ces guerres ridicules et sans fin […] et rapatrier les soldats chez eux, » les mesures qu’a prises son administration se limitent à retirer de deux postes frontaliers une cinquantaine de soldats américains membres d’opérations spéciales.
Face à la critique bipartisane au Congrès selon laquelle il est en train d’abandonner un « allié » des États-Unis, Trump a répondu qu’il n’avait pas l’intention d’abandonner les Kurdes et a menacé « d’anéantir l’économie de la Turquie » si les forces militaires d’Ankara faisait quoi que ce soit qu’il jugerait « hors des limites. » La classe dirigeante américaine n’a demandé à aucun des 1 000 soldats qu’elle a déployés dans le nord-est de la Syrie de partir et la plupart stationnent encore dans des zones contrôlées par les Forces démocratiques syriennes.
Washington a été engagé dans une série de conflits avec Ankara, son partenaire au sein de l’OTAN, y compris en s’opposant à la décision du régime turc d’accepter un système antimissile de Moscou.
En réponse à la menace du gouvernement turc de repousser et punir les Kurdes syriens, les commandants des Unités de protection du peuple kurde (YPG) ont ordonné à leurs forces de se rapprocher de la frontière turque.
Les responsables kurdes de la région recherchent la protection du régime syrien et même possiblement du gouvernement russe pour « remplir le vide, » disent-ils, en cas de départ des forces américaines. Mais, de même que Washington, Damas et Moscou ont un long passé d’opposition à la lutte des Kurdes pour leurs droits nationaux. Assad affirme qu’il veut reprendre des Kurdes le contrôle du nord-est de la Syrie.