Spring Hill, Tenn. — Quelque 49 000 membres des Travailleurs unis de l’automobile sont de retour au travail chez General Motors après avoir approuvé un nouveau contrat de quatre ans, par un vote de 57 pour cent contre 43 pour cent. Les travailleurs continuent de discuter ce qui a été accompli lors de la grève de 40 jours et la nécessité de lutter pour mettre fin aux échelles de salaires à plusieurs niveaux ; pour égaliser les salaires et les avantages des travailleurs dans les usines de montage, les usines de pièces et les centres de distribution ; et pour renforcer le syndicat.
La grève terminée et le contrat approuvé, les responsables des TUA ont entamé des pourparlers avec Ford, tout en prolongeant l’ancien contrat avec Fiat-Chrysler.
Les travailleurs de GM ont commencé la grève le 16 septembre dans 33 usines et 22 entrepôts de pièces. Les travailleurs cherchaient à regagner le terrain perdu au cours de la dernière décennie lorsque GM a profité d’une faillite soigneusement préparée et des effets de la crise financière capitaliste mondiale pour commencer à imposer des salaires plus bas aux nouveaux employés, à éliminer des usines « non rentables » et à créer différentes divisions offrant des salaires plus bas dans tous les domaines.
La grève a suscité un large soutien de la part d’autres travailleurs et de propriétaires de petites entreprises, qui klaxonnaient devant les piquets de grève et déposaient des vivres, des boissons, du bois pour les brûleurs et plus encore pour aider les travailleurs à rester forts pendant la grève. De nombreux autres travailleurs ont suivi la grève de près, tout en considérant comment ils peuvent utiliser les syndicats et la solidarité pour promouvoir leurs intérêts de classe.
En vertu de l’ancien contrat, les soi-disant anciens travailleurs, ceux embauchés dans les usines de montage avant 2008, percevaient le salaire maximum, environ 30 $ l’heure. Les travailleurs embauchés depuis 2007 débutaient à un peu plus de la moitié de cela et devaient « progresser » pendant huit ans avant d’atteindre leur taux le plus élevé, qui n’est pas tout à fait celui des anciens travailleurs.
Le nouveau contrat prévoit deux augmentations, deux paiements forfaitaires qui ne sont pas inclus dans les salaires des travailleurs et une prime à la signature.
Dans le cadre de la nouvelle entente, quelque 3 000 travailleurs de la filiale de fabrication de pièces de GM, GMHC, créée en 2009, atteignent 22,50 $ de l’heure. Dans une autre échelle de salaires pour les travailleurs dans les entrepôts de pièces GM, les échelons supérieurs sont de 25 $ pour ceux embauchés après 2015 et 31 $ pour ceux embauchés plus tôt.
GM sous-traite 850 tâches de nettoyage et de maintenance dans des usines d’Ohio et du Michigan à Aramark Corporation. Les travailleurs appartiennent également aux TUA et ont approuvé un contrat séparé.
Les grévistes ont clairement exprimé leur désir de se débarrasser des divisions. « Finis les échelons, » pouvait-on lire sur de nombreux panneaux sur les lignes de piquetage. « À travail égal, salaire égal ! Les vies des temporaires importent, » était un slogan populaire sur les t-shirts.
Certaines divisions ont été réduites avec le nouveau contrat. Les travailleurs temporaires des usines de montage, qui représentent sept pour cent du total, perçoivent un salaire inférieur et ont moins d’avantages. Ils pourraient devenir des travailleurs permanents au bout de trois ans. Tous les travailleurs permanents dans ces usines pourront atteindre le taux maximum en quatre ans au lieu de huit.
Bien que le contrat ait été adopté dans la plupart des usines de montage, les travailleurs des usines de pièces GMHC et de la plupart des entrepôts de pièces ont voté contre. Deux usines de montage majeures, l’une ici et l’autre à Bowling Green, au Kentucky, ont rejeté le contrat par des marges étroites. Le vote ici était de 51 à 49 pour cent.
« Aucune clause de sécurité d’emploi n’a été prévue, », a dit au Militant le 23 octobre, Lisa Carr qui travaille sur la ligne de freins à Spring Hill. Il s’agit de sa troisième usine GM, après avoir travaillé dans deux usines qui ont fermé.
« Il est temps que les travailleurs temporaires soient traités également. Nous travaillons tous très fort dans cette usine, » a ajouté Lisa Carr en soulignant qu’ils n’ont que 30 à 90 secondes pour effectuer la plupart des tâches.
Dwayne Klepper, qui est âgé de 53 ans, travaille ici depuis trois ans comme temporaire, mais comme tout licenciement de plus de 30 jours entraîne le redémarrage à zéro, GM calcule qu’il n’a qu’une année de service. « Le mot « temp » est un mauvais mot, a-t-il dit. Nous sommes tous des travailleurs. »
Gary Corr, qui était le chef de la ligne de piquetage, a dit à ce travailleur-correspondant qu’il a voté pour le contrat en raison des augmentations salariales. Il travaille à GM depuis quatre ans et demi. « La sécurité d’emploi est importante, mais vous ne pouvez jamais avoir de garantie à ce niveau, a-t-il dit. Ils peuvent promettre de ne pas fermer une usine et la fermer de toute façon. »
Ce que les patrons ont fait pendant l’ancien contrat, qui mentionnait pourtant qu’ils devaient avertir le syndicat en cas de fermetures d’usine, c’est qu’ils ont « désaffecté » les véhicules destinés à la production à Lordstown, en Ohio, et ainsi fermé l’usine.
Après avoir participé aux piquets de grève, plusieurs travailleurs ont indiqué qu’ils avaient appris à mieux connaître leurs compagnons de travail et ont ainsi gagné confiance en leur capacité de se battre ensemble. « Les gens étaient forts et n’ont pas eu peur dans une situation difficile, » a noté Gary Corr.
Les membres des TUA à l’usine de Corvettes de GM à Bowling Green, au Kentucky, ont également rejeté le contrat. Bill Mulligan, qui travaillait à l’usine de Lordstown quand elle a fermé, a dit au Bowling Green Daily News qu’il doutait de la promesse du nouveau contrat en ce qui concerne les travailleurs temporaires.
« J’ai été embauché comme temporaire, a-t-il dit. Tout ce qu’ils feront, c’est de les licencier avant la fin du délai fixé et ils devront recommencer à zéro. »
James Hawks, un autre membre des TUA, a déclaré au journal qu’il avait voté contre le contrat bien qu’il y ait « de bonnes choses, telles que l’assurance maladie. » Les patrons ont renoncé à demander que les travailleurs augmentent leur contribution pour l’assurance médicale.
Il est toujours un travailleur « en progression. » « J’ai voté non et je n’ai pas eu à y réfléchir à deux fois, a-t-il expliqué. Je ne peux pas juste penser à moi. Je dois m’occuper de mes collègues et me demander si c’est juste pour eux. Si cela ne nous aide pas tous, cela n’aide personne. »
« Je suis heureux » du contrat a dit au Detroit News David Parnell Jr., qui travaille à l’usine de montage de GM Flint. « Nous avons obtenu ce que nous pouvions de cette lutte et en 2023 (à l’expiration du contrat), ce sera une lutte différente. »