Le système électoral capitaliste à deux partis ne retrouvera pas sa stabilité

Terry Evans
le 9 mars 2020

Les profondes divisions au sein du Parti démocrate continuent de s’exacerber alors que Bernie Sanders, qui se dit socialiste démocratique, est en tête dans les premières primaires du parti. Ses opposants centristes cherchent désespérément à empêcher qu’il obtienne l’investiture et que ses partisans étendent leur influence dans un parti qui est un pilier de la domination capitaliste.

Beaucoup sont convaincus qu’aucun de ces candidats n’a de chance de détrôner le président Donald Trump et ils s’empressent de trouver quelque chose de nouveau pour l’évincer du pouvoir avant novembre.

Aussi bien les démocrates que les républicains veulent garder les travailleurs enchaînés au système électoral capitaliste, que ce soit avec deux, trois ou plusieurs partis qui défendent les intérêts des patrons. Ils veulent nous empêcher de nous organiser pour lutter ensemble afin de changer nos conditions et de défendre nos intérêts. Et ce faisant, de développer la confiance en soi, le courage et la conscience de classe. C’est la voie à suivre pour défendre nos salaires et nos conditions de travail contre les attaques des patrons aujourd’hui ; elle nous pousse vers l’action politique indépendante de la classe ouvrière.

Le ticket présidentiel du Parti socialiste des travailleurs en 2020, avec Alyson Kennedy pour la présidence et Malcolm Jarrett pour la vice-présidence, met de l’avant cette perspective de lutte résolue contre les patrons et leur gouvernement. Ce sont les seuls candidats qui agissent en tenant compte de la capacité de la classe ouvrière de défendre nos intérêts en construisant un mouvement capable de prendre le pouvoir politique entre nos mains et de mettre fin aux relations sociales d’exploitation engendrées par le capitalisme. Bernie Sanders et sa cohorte de socialistes mettent de l’avant une idéologie qui vise à réformer le régime capitaliste, où règne la loi de la jungle. Ça n’a rien à voir avec la construction d’un mouvement de millions d’entre nous qui luttons dans nos propres intérêts.

Les démocrates centristes travaillent d’arrache-pied pour attaquer Bernie Sanders. Ils craignent qu’il ne coûte au Parti démocrate non seulement la présidence, mais aussi toute chance de remporter une majorité à la Chambre et au Sénat. James Carville, cadre politique démocrate de longue date et ancien directeur de campagne de Bill Clinton, a affirmé que la victoire de Sanders aux primaires du Nevada signifiait que la course à l’investiture du parti « se déroulait très bien pour le président russe Vladimir Poutine. » C’est la même diffamation que les libéraux utilisent contre Donald Trump depuis trois ans.

Dans le Washington Post, pro-démocrate sans vergogne, la chroniqueuse Jennifer Rubin disqualifie Bernie Sanders en raison de son « idéologie extrême. » Elle demande que les autres candidats à l’investiture se mettent à l’écart et laissent le champ libre à Joe Biden. Elle affirme que Biden, dont le soutien s’effondre, peut renverser la tendance, remporter l’investiture et protéger le parti contre Bernie Sanders, à condition d’avoir une Américaine africaine « formidable » comme candidate à la vice-présidence.

Certains partisans du parti cherchent à utiliser les « super délégués » non élus pour barrer la route à Bernie Sanders lors du congrès du parti, comme ils l’ont fait en 2016.

Sanders dit que Cuba est « autoritaire »

Bernie Sanders est la cible d’attaques dans les médias et dans les débats pour avoir visité Cuba en 1989. Quand il a été questionné à ce sujet durant l’émission « 60 minutes » de la CBS, il a répondu : « Nous sommes complètement contre la nature autoritaire de Cuba, mais vous savez que c’est injuste de dire que tout y est mauvais. » Il a ajouté que Fidel Castro « a lancé un énorme programme d’alphabétisation. Est-ce une si mauvaise chose, même si c’est Fidel Castro qui l’a fait ? »

Les démocrates libéraux tout comme les républicains font constamment pression sur Bernie Sanders à ce sujet. Et celui-ci continue de dénoncer Cuba comme étant « autoritaire ».

Fidel Castro et le Mouvement du 26 juillet ont dirigé les travailleurs et agriculteurs cubains dans une lutte révolutionnaire pour renverser la dictature brutale de Batista appuyée par les États-Unis. Ils se sont transformés eux-mêmes en le faisant et ont pris le pouvoir dans leurs propres mains. Face à l’hostilité de Washington, ils ont défendu les intérêts des plus exploités et ont aboli la propriété capitaliste de la terre, des usines et des banques.

Et ils défendent ces conquêtes depuis lors, contre les attaques venant des deux partis à Washington. La politique des dirigeants des États-Unis, qui vise à renverser le gouvernement révolutionnaire cubain, restera la même, que Trump, Sanders, Biden ou tout autre démocrate ou républicain soit à la Maison Blanche, comme cela a été le cas depuis 60 ans.

La défense de la révolution socialiste à Cuba fait partie de la plateforme de campagne du SWP. Alyson Kennedy et Malcolm Jarrett sont allés à Cuba. Ils encouragent les travailleurs et les jeunes à se joindre à la brigade du 1er mai pour voir la révolution cubaine en direct.

La crise croissante des deux partis des patrons

Les conflits s’accentuent à mesure que les élections approchent. Certains experts craignent qu’ils n’endommagent le système politique capitaliste à deux partis. Dans le Wall Street Journal, Charles Lipson dit que ces confrontations sont « profondes et toxiques pour la démocratie » et il s’inquiète de voir que contrairement aux disputes précédentes, elles ne finiront pas, peu importe qui gagne en novembre. Les deux partis des patrons sont fracturés et ne seront plus jamais les mêmes.

La racine de la crise politique des partis démocrate et républicain réside dans le fait que les travailleurs prennent leur distance face à ces partis. Ces derniers n’ont pas levé le petit doigt contre les efforts incessants des patrons pour nous faire porter le fardeau de la crise de leur système. C’est pourquoi des millions de travailleurs ont aidé Donald Trump, qui n’était pas un politicien, à accéder à la Maison-Blanche en 2016, quand il a promis qu’il « drainerait le marécage » à Washington et travaillerait pour arrêter le carnage américain auquel les travailleurs font face. Cette année, l’aile socialiste des démocrates espère qu’elle pourra prendre le contrôle du parti et avoir le même succès. Les centristes croient que ceci mènerait à la mort de leur parti.

La crise des partis capitalistes et les conditions auxquelles les travailleurs font face aujourd’hui alimentent aussi un intérêt plus grand pour la campagne du Parti socialiste des travailleurs. Le parti fait campagne dans les villes, grandes et petites et dans les régions rurales, pour encourager les travailleurs à rompre avec les partis des patrons et à former notre propre parti, un parti des travailleurs, afin de trouver une voie en avant.