Le confinement imposé par les gouvernements d’Amérique du Nord, d’Europe de l’Ouest, d’Ouganda, d’Argentine et d’ailleurs dans le monde est l’une des mesures clés des dirigeants pour essayer de défendre leur système capitaliste en période de crise économique et sociale profonde. Des millions de travailleurs se retrouvent ainsi sans emploi. Aujourd’hui, la plupart des travailleurs ont peu d’argent mis de côté et le chômage généralisé menace de se transformer en catastrophe.
Les décisions des dirigeants ont approfondi une crise déjà grave pour les producteurs laitiers et autres agriculteurs. Une dépression à grande échelle comme la plupart des travailleurs n’en ont jamais vu une pourrait bien se pointer à l’horizon.
L’Organisation internationale du travail a estimé le 7 avril que l’équivalent de près de 200 millions d’emplois à temps plein ont jusqu’à présent été perdus dans le monde.
C’est pourquoi le Parti socialiste des travailleurs appelle les travailleurs à se battre pour un vaste programme de travaux publics financé par le gouvernement pour créer des emplois à des salaires syndicaux afin de construire ce dont la société a besoin de toute urgence : des hôpitaux, garderies, écoles et pour remplacer les infrastructures qui s’effondrent. C’est essentiel pour défendre la classe ouvrière aujourd’hui. C’est vital, non seulement pour les dizaines de millions de chômeurs, mais pour tous les travailleurs et leurs alliés, qui sont atomisés et écrasés par la crise capitaliste en cours.
Le Parti socialiste des travailleurs appelle les travailleurs à se mobiliser pour exiger de toute urgence une aide gouvernementale pour tous les travailleurs, petits commerçants et autres travailleurs indépendants, ainsi que pour les agriculteurs, qui en ont besoin.
Les travailleurs toujours actifs qui s’organisent pour lutter contre les attaques des patrons contre les salaires et les conditions de travail sont le fondement sur lequel reposeront tous les progrès pour sortir de cette crise.
Des aciéries à Walmart, en passant par les chemins de fer et le camionnage à travers le pays, les travailleurs qui ont la chance de travailler dans des industries que les patrons considèrent comme « essentielles » au capitalisme sont confrontés à des cadences de travail infernales, à des conditions plus dangereuses et à d’autres attaques des employeurs, motivés par leur soif de profits. Celles-ci s’ajoutent à l’exploitation et à l’oppression « normales » du travail que les patrons utilisent pour extraire le plus de profits possibles des travailleurs. Aujourd’hui, plus que jamais, il est clair que les travailleurs sont les seuls à pouvoir produire ce dont la société a besoin.
Les patrons ne se soucient pas de ce qui se produit, mais seulement de savoir s’il rapporte un profit qu’ils peuvent s’approprier. C’est pourquoi ils exigent une livraison juste à temps des pièces et des matières premières, afin que leur capital ne soit pas immobilisé dans des entrepôts et qu’il ne génère ainsi aucun profit. C’est pourquoi il y avait une telle pénurie de lits d’hôpital, de ventilateurs, de masques et d’autres nécessités médicales qui sont devenues essentielles quand l’épidémie de coronavirus a frappé. Depuis 2003, les patrons ont fermé au moins 16 hôpitaux à New York seulement, où chaque mètre carré de biens immobiliers a un prix. Lorsque le centre médical catholique de Saint-Vincent a été fermé et démoli en 2012, les promoteurs ont construit des appartements et des condos avec terrasses dans un immeuble avec un jardin privé, un stationnement souterrain, une piscine de 24 mètres et un simulateur de golf.
Mépris pour la classe ouvrière
Par une série de décisions qui ont entraîné la fermeture d’établissements de santé, le gouvernement fédéral a aggravé la situation. Pendant des années, le département des Anciens Combattants a laissé un nombre croissant de postes vacants dans ses installations médicales. Il y en a plus de 43 000 aujourd’hui. Partout, les dirigeants capitalistes n’ont pas agi lorsque des tests de masse, une mise en quarantaine sélective, un traitement pour améliorer l’état des malades et un programme d’urgence pour développer un vaccin auraient pu contenir le virus avant qu’il ne devienne une pandémie mondiale. Ils méprisent les travailleurs, qu’ils considèrent comme des « déplorables » qu’il faut contrôler si on veut éviter qu’ils deviennent dangereux. La décision des dirigeants d’imposer le confinement à des millions de familles de travailleurs en découle. Tout comme leurs ordres de fermer les réunions des Alcooliques Anonymes, une bouée de sauvetage pour ceux qui se battent pour rester à l’abri de ce fléau.
Les médias alarmistes des dirigeants capitalistes cherchent à pousser les travailleurs à craindre leurs compagnes et compagnons de travail comme des « vecteurs » potentiels de virus. Les patrons et leurs porte-paroles dans les médias espèrent amener les travailleurs à se tourner les uns contre les autres.
Ils veulent essayer de briser notre solidarité et nous empêcher de nous unir pour résister au fardeau de leur crise.
Bill Gates, le propriétaire milliardaire de Microsoft et d’autres du même acabit, proposent un arrêt d’au moins 10 semaines. Et les dirigeants cherchent des méthodes plus fortes pour imposer l’isolement des travailleurs. Alors que le travail à domicile est acceptable pour les couches riches et professionnelles plus aisées, les travailleurs, voient leurs portefeuilles se vider sans aucune issue.
Des fonctionnaires du gouvernement augmentent les amendes pour être à l’extérieur ou brandissent des menaces de peines de prison. En Afrique du Sud, des flics armés de matraques battent des marchands ambulants qui tentent désespérément de gagner leur vie. Ils les menacent avec des armes à feu. Au Rhode Island, en Floride et ailleurs, des soldats de la Garde nationale sont postés à un nombre croissant de limites entre États pour empêcher les « étrangers » d’entrer.
Au Kentucky, un juge de Louisville a ordonné que toute personne qui ne se conforme pas à l’ordonnance du gouverneur Andy Beshear de rester à la maison soit forcée de porter un bracelet de cheville.
Les fermetures des dirigeants ont entraîné un arrêt sans précédent de la production et du commerce. Au moins le quart de l’économie américaine fonctionne au ralenti depuis la première semaine d’avril. La production quotidienne des États-Unis a chuté de près d’un tiers par rapport à la première semaine du mois dernier.
Le département du Travail a signalé que plus de 700 000 emplois ont été perdus en mars. Les patrons et les gouvernements ont ordonné la fermeture de restaurants, de bars, de points de vente au détail, d’usines automobiles, de chantiers de construction, de services sociaux du gouvernement et d’établissements soi-disant non urgents de soins de santé. Dans certains États, cela comprend l’interdiction du droit des femmes à un avortement.
Au cours de la première semaine d’avril, près d’un million de travailleurs du commerce de détail ont dû rester indéfiniment à la maison sans salaire. Quelque 60 000 magasins ont été fermés ces dernières semaines et la plupart des centres commerciaux sont vides.
Beaucoup de ces fermetures « temporaires » deviendront probablement permanentes et les propriétaires de petites entreprises en difficulté voient leurs économies disparaître. Les trois quarts de la population américaine dit avoir subi des pertes de revenus. Les travailleurs devront faire face à la saisie de leur maison, de leur voiture et de leur exploitation agricole s’ils accusent un retard dans le paiement de leurs dettes aux propriétaires et aux banques.
L’immoralité du capitalisme
Rien n’illustre mieux la faillite morale du capitalisme que la question de vie ou de mort de savoir quels patients gravement malades auront accès à des respirateurs, qui peuvent sauver des vies mais dont le nombre est limité en raison de l’inaction du gouvernement. Des patrons d’hôpitaux de la ville de New York aux « experts en éthique médicale, » la réponse immorale est « de donner la priorité aux patients plus jeunes et à ceux qui ont moins de maladies déjà existantes. »
Roger Severino, directeur du bureau des droits civils du ministère fédéral de la Santé, a répondu à cette immoralité de classe. « Nos lois sur les droits civils protègent la dignité égale de chaque vie humaine contre l’utilitarisme impitoyable, » a-t-il déclaré dans un communiqué de presse du 28 mars. « Les personnes handicapées, avec des compétences limitées en anglais et les personnes âgées ne devraient pas être mises à la fin de la file pour les soins de santé lors des urgences. » Et cela peu importe si elles ont des papiers d’immigration ou non.
La seule réponse décisive à la guerre de classe des patrons contre les travailleurs, les agriculteurs et tous ceux et celles qui sont exploités et opprimés par le capital est de construire un mouvement de millions de personnes pour arracher le pouvoir politique de leurs mains et le remplacer par un gouvernement des travailleurs et des agriculteurs. Les luttes d’aujourd’hui peuvent montrer la voie dans cette direction.