Des dizaines de millions de travailleurs aux États-Unis et beaucoup plus ailleurs dans le monde ont été jetés au chômage à cause des mesures de confinement imposées par les gouvernements capitalistes, qui ont fermé des usines, les transports, des commerces de détail, les hôtels, les restaurants et plus encore. Le problème clé auquel les travailleurs font face aujourd’hui est le capitalisme, pas le « virus ».
Les travailleurs voient venir une dépression économique et une crise sociale sans précédent. Aux États-Unis, la dette publique grimpe à des niveaux jamais vus depuis la seconde guerre mondiale impérialiste : on imprime des milliers de milliards de dollars pour les verser dans les coffres des grandes entreprises dans l’espoir de réduire leur contraction économique.
Un déclin dévastateur frappe les travailleurs des pays moins développés d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine. Les devises fléchissent et les recettes d’exportation chutent, le tout exacerbé par la chute des prix du pétrole. Le fardeau de la dette aux banques impérialistes s’alourdit. Les protestations contre ces conditions se multiplient.
Une profonde crise menace les travailleurs au Nigeria, un pays de 200 millions d’habitants, la plus grande économie d’Afrique et le plus grand producteur de pétrole brut du continent. Le gouvernement a resserré le confinement le 23 avril, en particulier dans les deux plus grandes villes du pays. À Lagos, où la moitié des 21 millions d’habitants de la ville vivent de ce qu’ils peuvent gagner au jour le jour, les restrictions sont considérées comme une possible condamnation à mort. « Je suis à court de nourriture, » a indiqué à la presse Umar Usman, qui pousse un chariot pour livrer des marchandises.
Aux États-Unis, des millions de personnes n’ont aucune source de revenus, aucun moyen d’acheter de la nourriture. Au même moment, les agriculteurs sont obligés de tuer des porcs, des vaches et des poulets et d’enterrer leurs légumes parce que les dirigeants ont fermé les écoles et les restaurants qui les achetaient.
Le syndicat UNITE HERE, qui représente quelque 300 000 travailleurs, principalement des restaurants et des hôtels, affirme que 98 pour cent de ses membres sont sans emploi.
Alors qu’ils tentent de garder la tête hors de l’eau, les travailleurs sont inondés de dettes accumulées : les dettes sur les cartes de crédit, les prêts automobiles, les prêts hypothécaires, les outils de travail et plus encore.
Aux États-Unis, la polarisation des classes s’accentue : entre les patrons et les couches professionnelles méritocratiques qui les servent d’une part et les travailleurs, les agriculteurs et les autres petits propriétaires d’autre part. Une couche vit dans le confort, voire le luxe, « du travail à la maison, » tandis que les travailleurs sans emploi sont confrontés à une catastrophe, ceux qui sont au travail font face à une intensification du travail et à des attaques contre leurs salaires et leurs conditions de travail alors que leurs employeurs cherchent à augmenter leurs bénéfices. Les couches supérieures de la classe moyenne sont les plus bruyantes promotrices du confinement et des attaques contre les droits des travailleurs.
Les conditions de crise qui surgissent aujourd’hui ne sont que le début d’une dépression prolongée. Même les tentatives timides et partielles de certains patrons et gouvernements d’États pour redémarrer l’activité, quand ils voient leurs entreprises couler et leurs coffres se vider, ne commenceront pas à rendre la situation « normale ».
Les travailleurs doivent se battre pour des emplois. Ceux qui travaillent doivent empêcher les patrons de nous faire porter le fardeau de leur crise capitaliste.
Être au travail et se joindre aux luttes qui éclatent est la seule voie à suivre pour les travailleurs. Les travailleurs de nombreux magasins Walmart se sont organisés pour lutter contre les tentatives des patrons d’attaquer les conditions de travail et de modifier les horaires. Les cheminots cherchent des moyens de repousser les tentatives des patrons de réduire la taille des équipages.
Les protestations se multiplient et les conflits du travail augmentent
Des milliers de personnes ont manifesté à Madison, au Wisconsin, le 24 avril dernier, contre la décision du gouvernement de l’État de prolonger le confinement. Cette manifestation, comme d’autres actions similaires récentes dans de nombreuses autres capitales d’État, a été organisée par des groupes droitiers qui s’en prennent aux administrations dirigées par des gouverneurs du Parti démocrate. Mais le rassemblement a attiré un grand nombre de travailleurs, d’agriculteurs et de petits entrepreneurs écrasés par la crise.
Alors que des centaines de milliers de personnes « perdent leur emploi, leur entreprise, leur ferme, leurs économies, elles perdent également leur dignité et leur estime de soi, » a dit Charlie Jones, un producteur laitier de 28 ans, lors du rassemblement. Il a dénoncé « tous les gouverneurs qui ont impudemment paralysé notre économie, » créant ainsi un climat de « peur, d’anxiété et de désespoir. »
« Notre lait ne vaut plus rien, a-t-il dit, nos animaux ne valent plus rien, » car les usines de conditionnement de la viande « qui ne sont pas fermées sont submergées par le volume d’animaux qui s’y présentent. » Même « mes machines ne valent plus rien, » a-t-il ajouté, alors que les agriculteurs tentent « d’éviter une faillite quasi certaine. » Il a déclaré qu’il était d’accord sur le fait que les gens doivent prendre « des précautions, mais le faire au détriment d’un effondrement économique n’est pas la solution. »
Dans le monde entier, avec la fermeture des restaurants, la demande de fruits de mer s’est effondrée, en particulier pour les produits de luxe comme le homard et le crabe. Les chalutiers sont amarrés aux quais, aussi bien à Hawaï qu’au Massachusetts, et des milliers de pêcheurs sont jetés au chômage. Des générations de familles de pêcheurs et des communautés côtières entières sont dévastées.
Aux États-Unis, plus de 4,4 millions de travailleurs ont déposé une demande d’allocations de chômage au cours de la semaine qui s’est terminée le 18 avril. Au cours des cinq dernières semaines, 26,5 millions de personnes se sont retrouvées officiellement sans emploi. Un sondage indique que pour 10 travailleurs qui ont pu déposer une demande d’allocations de chômage, trois ou quatre autres ont essayé mais n’ont pas réussi, et deux autres n’ont même pas essayé.
Parmi les 30 millions de petits entrepreneurs du pays, beaucoup ont également été dévastés par les fermetures imposées par les autorités. Certains ont été scandalisés après avoir découvert qu’un fonds de secours fédéral supplémentaire de 350 milliards de dollars s’était vidé dans les minutes qui ont suivi son lancement.
En tête de file se trouvaient les grandes banques, de JP Morgan Chase à Bank of America et Wells Fargo, chargées par le gouvernement de verser les fonds. Elles ont au passage empoché près de 6 milliards de dollars en commissions.
La classe dirigeante, elle aussi, veut que cesse le confinement. Les patrons voient les profits du passé s’envoler et veulent relancer l’exploitation des travailleurs. Ils demandent au gouvernement de les protéger contre d’éventuelles poursuites judiciaires qui pourraient être intentées pour des questions de santé et de sécurité au travail. Les gouvernements des États sont en train de déterminer de nouvelles échéances pour la réouverture de la production et du commerce.
Lorsque les patrons redémarrent la production, ils s’attaquent aux salaires des travailleurs et accélèrent les cadences. Ford fait appel à des équipes squelettiques de « volontaires » pour se préparer à la pleine production. Un ouvrier de l’atelier de peinture de l’usine Ford de Dearborn Truck, qui a demandé à ne pas divulguer son nom, a dit au Detroit Free Press le 26 avril que « tous les postes ont été surchargés d’opérations de manière à réduire le nombre d’employés » et à maintenir la chaîne de production à un « rythme effréné. »
Des protestations de travailleurs qui exigent des emplois et la reprise de la production ont eu lieu dans de nombreux États ainsi qu’au Liban, en Pologne, en Argentine et ailleurs. Elles vont se multiplier, tout comme les luttes pour les conditions de travail.