La voie lutte de classe vers l’émancipation des femmes

Éditorial
le 20 juillet 2020

La lutte pour défendre le droit des femmes de choisir d’avoir ou non un avortement est nécessaire à l’émancipation des femmes et à la ligne de marche de la classe ouvrière dans son ensemble. Le sentiment de la majorité des gens en faveur de ce droit, même après plusieurs décennies d’attaques, a été enregistré le 29 juin lorsque la Cour suprême des États-Unis a annulé une loi de la Louisiane qui aurait obligé ceux qui pratiquent des avortements à avoir la possibilité de faire hospitaliser des patients dans un hôpital du voisinage si nécessaire. Le vote de 5 contre 4 a également souligné l’importance pour les travailleurs de continuer à chercher des moyens de gagner et de mobiliser le soutien pour le droit de choisir.

Une loi similaire en vigueur au Texas pendant trois ans, avant d’être annulée, a obligé la moitié des cliniques de cet État à fermer. Si la loi de la Louisiane avait été maintenue, cet État serait devenu le septième à avoir une seule clinique offrant des avortements.

La décriminalisation de l’avortement est le produit du nombre croissant de luttes ouvrières dans les années 60 et au début des années 70. Cela comprend le mouvement prolétarien dirigé par les Noirs, qui a renversé la ségrégation de Jim Crow ; les mobilisations contre la guerre de Washington au Vietnam, qui ont changé les attitudes dans la classe ouvrière et dans les forces armées des États-Unis ; et le début de nouvelles luttes pour l’émancipation des femmes.

L’évolution des attitudes à l’égard des droits et contre la discrimination n’est pas le produit de la législation ou des décisions de neuf « juges » en robe noire, mais de l’unité forgée dans la lutte des travailleurs. C’est ainsi que tous les gains sociaux de la classe ouvrière ont été réalisés dans l’histoire de la lutte des classes.

La décision dans le cas de Roe contre Wade a été rendue alors que le débat politique sur le droit d’une femme de contrôler son propre corps, liée à la capacité des femmes d’entrer sur le marché du travail, n’avait pas encore eu lieu ni gagné de manière décisive. C’était un effort des libéraux, parmi les juges et au-delà, pour contourner cette lutte, au niveau légal et à d’autres niveaux, et faire eux-mêmes une nouvelle loi.

Ils l’ont fait en inventant un « droit à la vie privée » que vous ne trouverez pas dans la Constitution et en le liant à des critères dits médicaux, comme l’âge de viabilité fœtale et la nécessité du consentement d’un médecin après les premières semaines de grossesse. Dès le départ, les opposants aux droits des femmes ont profité de cette interruption du débat et de la décision du tribunal pour attaquer l’accès à l’avortement.

Au cours des 40 dernières années, les gouvernements des États ont adopté plus de 1 200 lois érigeant des obstacles au droit à l’avortement : restrictions d’âge, périodes d’attente plus longues, « conseils » obligatoires sur les « alternatives » et plus encore.

Les opposants au droit à l’avortement ont promulgué des règles d’État sur la taille des salles d’intervention, la largeur des couloirs des cliniques et d’autres exigences arbitraires. Celles-ci n’ont rien à voir avec une procédure sûre. Elles ont toutes le même but, qui est de créer des obstacles pour les femmes qui veulent se faire avorter.

Ces restrictions ont fait des ravages. Dans près de 90 pour cent des comtés aux États-Unis, avec près de 40 pour cent de la population féminine du pays, il n’y a pas de médecin ou de clinique procurant des avortements. Le fardeau pèse plus lourdement sur les femmes de la classe ouvrière et les femmes des zones rurales.

La réaction politique de certaines sections de la classe dirigeante contre la décriminalisation de l’avortement a été au centre des attaques contre les gains des femmes. Cela fait partie intégrante d’une bataille de classe plus large sur les droits et les conditions de vie de tous les travailleurs.

Roe contre Wade a décriminalisé l’avortement, mais n’a pas constitué une victoire pour le droit de choisir. Cette lutte politique est toujours devant nous. Cependant, depuis la décision de 1973, la direction petite-bourgeoise de la plupart des organisations qui défendent les droits des femmes a refusé de mobiliser le type de combat politique et éducatif nécessaire. Au lieu de cela, elles nous disent de nous concentrer sur l’élection de politiciens du Parti démocrate qui nous aideront. Cela a été un désastre absolu.

Nous pouvons gagner ce combat, mais cela prendra une orientation radicalement différente. La lutte pour l’émancipation des femmes est essentielle pour unifier notre classe selon une trajectoire ouvrière permettant de prendre le pouvoir politique entre nos mains.

Cela ouvrira la voie pour mettre fin à toutes les formes d’exploitation, de dégradation et d’intolérance inhérentes au capitalisme, ainsi que pour mettre fin à l’oppression des femmes héritée de millénaires de société divisée en classes.