Un débat fait rage parmi les candidats capitalistes sur la question de savoir si les écoles devraient ouvrir cet automne ou si les étudiants devraient continuer « l’apprentissage à domicile, » un obstacle à la socialisation.
Mais la vraie question n’est pas de savoir si les écoles doivent ouvrir. La question est de savoir comment les écoles peuvent ouvrir de façon sécuritaire pour les travailleurs et les étudiants. La réponse, c’est que les enseignants et les autres travailleurs en milieu scolaire doivent utiliser leurs syndicats pour contrôler l’ouverture et la gestion des écoles afin qu’on puisse y travailler et étudier en toute sécurité.
Les enseignants ont récemment lutté contre les gouvernements locaux et les administrateurs pour améliorer leurs salaires et leurs conditions de travail. À partir de février 2018, l’une des grèves les plus importantes depuis des décennies a éclaté en Virginie-Occidentale, au cœur du pays du charbon. Quelque 35 000 enseignants, concierges, chauffeurs d’autobus, employés de cafétéria et autres employés des écoles publiques ont quitté leur travail et fermé toutes les écoles de l’État. Ils ont exigé que soient renversées les décisions gouvernementales qui, depuis des décennies, ont coupé les fonds pour les écoles et les travailleurs.
En comptant sur leur propre force, la force de leur nombre, et en marquant leurs syndicats de leur empreinte, ils ont fait des progrès. De façon encore plus importante, beaucoup ont dit qu’ils avaient vu ce dont ils étaient capables en s’organisant et ils ont pris confiance en eux-mêmes. Leur combat avait des aspects d’un vaste mouvement social, luttant pour les intérêts de toute la classe ouvrière.
À mesure que la nouvelle se répandait à travers le pays, les enseignants de l’Oklahoma, du Kentucky, de l’Arizona et d’ailleurs ont entrepris de suivre leur exemple. « Ne nous obligez pas à vous faire le coup de la Virginie-Occidentale ! » est devenu leur cri de guerre.
Aujourd’hui, les travailleurs en milieu scolaire peuvent s’appuyer sur ces batailles.
Comme l’ont montré les grévistes, on ne gagne rien en demandant au gouvernement, qu’il soit dirigé par des démocrates ou des républicains, de faire ce qui est nécessaire. Il faudra une lutte puissante de la classe ouvrière pour ouvrir et gérer des écoles qui soient sûres et bien approvisionnées, et où les travailleurs en milieu scolaire seront assurés d’avoir leur emploi et leur salaire.
Contrôle ouvrier sur les conditions dans les écoles
L’Association nationale de l’éducation, la Fédération américaine des enseignants et les autres syndicats de travailleurs en milieu scolaire doivent s’unir et se mobiliser, avec les parents, les étudiants et d’autres travailleurs, pour lutter afin que les travailleurs contrôlent les conditions dans les écoles et la façon dont elles sont gérées. Seuls les travailleurs savent à quoi ils sont vraiment confrontés : du danger du coronavirus dans les écoles au fléau du manque de personnel, de fournitures scolaires, d’infirmiers, de bibliothécaires et d’autres moyens nécessaires à leur travail.
C’est encore plus vrai dans les écoles que dans les mines, les moulins et les usines, où le même défi existe. Au moins dans ces lieux de travail, les patrons se soucient de la production, car la force de travail des travailleurs est la seule source des profits qu’ils recherchent. Les écoles ne produisent rien qui pourrait profiter aux patrons et à leurs gouvernements. Ces derniers ne perdent rien si les écoles sont fermées, peu importe les larmes de crocodile qu’ils versent pour les « pauvres petits écoliers. »
Comment réorganiser les bâtiments pour qu’il y ait suffisamment d’espace entre les étudiants, pour que les systèmes de chauffage et de climatisation soient reconstruits et que tous les autres changements nécessaires soient apportés pour assurer la sécurité ? Combien de travailleurs supplémentaires sont nécessaires pour avoir un ratio élève-enseignant viable et pour garantir que chaque école dispose d’infirmières, de bibliothécaires et d’autres travailleurs essentiels ? Comment réorganiser le travail dans les cafétérias, les bus scolaires, les événements sportifs ?
Les écoles peuvent ouvrir en toute sécurité si les travailleurs prennent le contrôle des conditions qui y prévalent. Mais pour y arriver, il faudra davantage d’établissements et un programme de construction d’urgence pour les bâtir. C’est une question de priorités sociales.
Ces mesures aideront des milliers de travailleurs qui ont perdu leur emploi en raison de la crise économique capitaliste, exacerbée par les fermetures gouvernementales de la production, du commerce et de la vente au détail au nom de la lutte contre l’épidémie de coronavirus. Un programme financé par le gouvernement pour reconstruire les écoles et en construire de nouvelles afin de permettre un plus grand espacement et davantage de programmes peut créer des emplois à salaires syndicaux, dont nous avons cruellement besoin et aider à unifier la classe ouvrière.
Cela exigera un combat sérieux, car cela va à l’encontre de comment fonctionnent les dirigeants capitalistes, qui agissent comme des loups qui se mangent entre eux et qui organisent la société sur la base d’une seule chose : le profit. Les dirigeants ne se soucient pas de « l’éducation ». Pour eux, l’enseignement varie selon les classes. Ils cherchent à convaincre les « gens instruits » qu’ils font partie du système et qu’ils sont différents des « déplorables » travailleurs.
L’éducation en régime capitaliste
Ce n’est tout simplement pas vrai que les dirigeants capitalistes ont besoin que les travailleurs soient éduqués. Ils ont besoin que nous soyons obéissants, pas éduqués. Plus que toute autre chose, ils veulent nous empêcher de découvrir que nous pouvons agir pour faire l’histoire.
Pour permettre aux travailleurs de gagner leur vie et de le faire dans un environnement sûr, il faudra une grande bataille de la classe ouvrière. C’est la seule voie à suivre. Comme l’ont montré les grèves des enseignants de 2018, les travailleurs scolaires et leurs syndicats peuvent s’organiser et lutter pour y parvenir. Nous ne devons pas commencer en demandant aux patrons et au gouvernement de le faire pour nous. Ils ne le feront pas. Il suffit de regarder comment ils ont réduit le financement des écoles.
Pour mener cette lutte, il faut en même temps rompre de manière radicale avec les deux partis de la domination capitaliste, les démocrates et les républicains, et organiser un parti politique indépendant de la classe ouvrière, un parti des travailleurs basé sur les syndicats, pour mobiliser des millions de personnes afin de lutter pour ce dont les travailleurs ont besoin.
Transformer l’apprentissage nécessite une puissante bataille de la classe ouvrière qu’on ne peut gagner qu’en transformant complètement la société.
Nous devons lutter pour prendre le pouvoir politique des mains de la classe capitaliste et de ses partisans, et mettre au pouvoir un gouvernement des travailleurs et des agriculteurs.