MONTRÉAL — Les travailleurs de deux usines de vêtement de Port-au-Prince, la capitale haïtienne, ont déclenché des arrêts de travail le 4 août, indignés suite à la mort de deux travailleurs à qui les autorités hospitalières avaient refusé des soins médicaux. Ils ont été refoulés parce que les patrons des usines où ils travaillaient ont conservé les retenues sur les salaires des travailleurs pour l’assurance maladie.
Des centaines de travailleurs se sont rendus aux funérailles de Sandra René le 31 juillet, défilant avec son cercueil pour protester devant les bureaux de l’OFATMA, la compagnie d’assurance maladie gouvernementale. Elle avait travaillé dix ans à l’usine de vêtements Palm Apparel.
« On nous a donné ce coup et cela nous a fait beaucoup mal, mais nous résistons, » ont-ils chanté en créole. Ce sont des paroles d’une chanson populaire souvent chantée lors des manifestations en Haïti. Beaucoup portaient des tee-shirts de Batay Ouvriye, une organisation collaborant avec les travailleurs du textile qui essaient d’organiser un syndicat.
Enceinte de six mois, Sandra René a été refoulée par l’hôpital Carrefour de Port-au-Prince. Les autorités ont justifié leur refus cruel de lui fournir les soins dont elle avait besoin par le fait que sa carte d’assurance n’avait pas été payée.
Les chefs d’entreprise ont conservé les retenues sur tous les salaires de leurs employés pendant des années au lieu de les payer à l’OFATMA. Sandra René est morte à son domicile quatre jours plus tard.
Le 3 août, Lunel Pierre, qui travaillait chez Sewing International S.A., est décédé dans des circonstances similaires après s’être vu refuser un traitement de dialyse.
« Nous poursuivons les entreprises pour détournement de fonds, l’OFATMA pour ne pas avoir récupéré l’argent que lui devaient les entreprises et l’hôpital Carrefour pour ne pas avoir fourni les soins humains de base qui étaient manifestement nécessaires, » a dit au Militant Evel Fanfan, avocat travaillant avec la famille de Sandra René, lors d’un entretien téléphonique le 28 août.
« Les travailleurs sont déterminés à ne pas laisser cela se reproduire », a expliqué au Militant Réginald Lafontant, du Groupement syndical des travailleuses et travailleurs du textile pour la réexportation d’assemblage.
Il y a 57 000 ouvriers du vêtement en Haïti, assemblant des vêtements pour des entreprises comme Walmart et Gildan, une entreprise basée à Montréal. Moins de 20 pour cent des grandes entreprises de vêtement en Haïti paient l’assurance à l’OFATMA qu’elles déduisent du salaire des travailleurs.