« Je ne sais pas, mais on dit que les poches de Galen sont cousues d’or. Je ne sais pas, mais on dit qu’il est temps pour les travailleurs d’avoir leur juste part, » scandaient des grévistes d’un magasin d’alimentation de la chaîne Dominion à Saint-Jean de Terre-Neuve, à l’occasion d’un rassemblement de solidarité diffusé en direct le 31 août depuis trois lignes de piquetage organisées par le syndicat Unifor dans cette province canadienne. Galen Weston est le propriétaire des chaînes de magasins Dominion et sa famille est la troisième famille la plus riche au Canada.
Le 22 août, quelque 1 400 membres de la section locale 597 d’Unifor de 11 magasins de Dominion à Terre-Neuve ont déclaré la grève. Les principaux enjeux sont les bas salaires et la réintégration de 60 emplois à temps plein supprimés en 2019. Carolyn Wrice, la présidente de la section locale 597 d’Unifor, a dit aux médias le 23 août que plus de 80 pour cent des travailleurs sont à temps partiel, avec un accès limité aux avantages sociaux, et ils n’ont pas reçu d’augmentation depuis le printemps 2018.
Les travailleurs ont commencé à appeler à une grève en juin, au milieu des négociations pour un nouveau contrat, lorsque la compagnie Loblaw, une compagnie appartenant à Weston, qui est elle-même propriétaire de Dominion, a mis fin à une augmentation de salaire de deux dollars canadiens de l’heure (1,52 $ US) accordée aux « travailleurs essentiels » pendant la pandémie de coronavirus pour qu’ils continuent à travailler. Les travailleurs ont rejeté le contrat proposé par l’entreprise, qui n’aurait restitué que la moitié de ces deux dollars canadiens sur toute la durée du contrat de trois ans.
Les travailleurs d’épiceries, de la vente au détail et d’autres magasins à travers l’Amérique du Nord font face à des coupures similaires. Des patrons, dont ceux de Walmart, Kroger et Amazon, ont éliminé les augmentations de salaire des « travailleurs essentiels » comme la direction de Dominion l’a fait.
Robert Peddle de Mount Pearl, qui travaille chez Dominion depuis 40 ans, a dit lors du rassemblement du 31 août, que l’année dernière l’entreprise avait éliminé son emploi à temps plein à la réception des livraisons, le jugeant superflu. « Je suis maintenant obligé de travailler à temps partiel à 25 heures par semaine, 15 heures de moins qu’avant, pour cinq dollars de moins de l’heure. » Le changement signifie également que ses prestations sont réduites.
« Nous vous demandons de nous soutenir dans notre lutte pour un contrat juste et décent, » a-t-il ajouté.
Le 27 août, des dizaines de représentants de syndicats et d’autres organisations, dont l’Association des employés des secteurs public et privé de Terre-Neuve-et-Labrador ; le syndicat des Teamsters ; le syndicat des Travailleurs de la pêche, de l’alimentation et des produits connexes ; le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes; le syndicat des Infirmières et infirmiers autorisés ; et la Lutte pour la justice et le 15 $, un groupe qui réclame un salaire horaire minimum de 15 $ CAN se sont joints à la ligne de piquetage à Saint-Jean.
VOCM Local News a rapporté le 29 août qu’un juge avait accordé aux patrons des magasins Dominion une injonction contre les lignes de piquetage bloquant les camions. Carolyn Wrice a expliqué que la société avait affirmé avoir besoin de l’injonction pour charger de la nourriture destinée aux banques alimentaires de la région. Mais le syndicat n’arrêtera jamais ces camions pour les banques alimentaires, a-t-elle répondu. En fait, les grévistes sont prêts à aider à charger ces camions afin que la nourriture ne soit pas gaspillée.
La directrice régionale d’Unifor pour l’Atlantique, Linda MacNeil, a clôturé le rassemblement en diffusant un message vidéo au chef de Loblaw, Galen Weston, montrant Cherie, une mère monoparentale qui travaille comme décoratrice de gâteaux. Elle y dit que pour les travailleurs cette augmentation de salaire de 2 $ représente la différence entre pouvoir ou non « emmener vos deux fils dîner à l’extérieur. »