Les travailleurs de Dominion en grève pour les salaires et les emplois à plein temps retirés par les patrons

Beverly Bernardo
le 28 septembre 2020
Ligne de piquetage des travailleurs de Dominion, en grève depuis le 22 août, à Bay Roberts, à Terre-Neuve, le 13 septembre. La décision de la compagnie de mettre fin à la prime de risque de 2 $ l’heure « a été une claque dans la face, » a dit une gréviste.
UNIFORLigne de piquetage des travailleurs de Dominion, en grève depuis le 22 août, à Bay Roberts, à Terre-Neuve, le 13 septembre. La décision de la compagnie de mettre fin à la prime de risque de 2 $ l’heure « a été une claque dans la face, » a dit une gréviste.

« Nous avons passé une excellente journée sur la ligne de piquetage ici pour la fête du Travail avec quelque 100 personnes à chacune des onze épiceries de Dominion en grève, » a dit Carolyn Wrice, présidente de la section locale 597 d’Unifor, au Militant par téléphone le 8 septembre. Les 1 400 travailleurs, dont plus de 80 pour cent sont à temps partiel, en sont maintenant à leur quatrième semaine de grève pour obtenir des augmentations de salaires et un plus grand nombre d’emplois à temps plein.

La grève est la bataille syndicale la plus importante en Amérique du Nord aujourd’hui.

À l’une des lignes de piquetage à Saint-Jean de Terre-Neuve, Devon Mercer, dont l’emploi est classé comme un temps partiel bien qu’il travaille à temps plein, a indiqué à CBC News : « C’était une sorte de claque dans la face. » Lorsque le coronavirus a frappé, a-t-il dit, « ils avaient tellement besoin de nous, qu’ils nous ont donné toutes ces heures, ils ont embauché toutes ces personnes, ils nous ont donné [en plus] deux dollars de l’heure. Puis ils l’ont simplement retiré. » Donc, à l’heure actuelle, les gens auront « du mal » à « retourner sans que cette confiance ne soit reconstruite. »

Les membres de la section locale 597 des magasins Dominion de Terre-Neuve sont sortis en grève le 22 août pour obtenir un contrat avec des augmentations de salaires et le rétablissement de 60 emplois à temps plein supprimés en 2019. Les travailleurs à temps partiel, qui ont un accès limité aux avantages sociaux, n’ont pas reçu d’augmentation depuis 2018.

Les travailleurs ont commencé à appeler à une grève en juin après que la compagnie Loblaw, qui possède la chaîne Dominion a mis fin à une augmentation de salaire de deux dollars canadiens de l’heure (1,52 $US) accordée aux « travailleurs essentiels » pendant la pandémie de coronavirus. Le contrat proposé par l’entreprise, qui ne restituerait que la moitié de ces deux dollars sur l’ensemble du contrat de trois ans, a été rejeté à une écrasante majorité.

« Les travailleurs ici sont tellement déterminés, » a souligné Carolyn Wrice au Militant, car « cela fait 20 à 25 ans maintenant qu’ils ont été utilisés sans aucun respect et ils en ont assez. » Les travailleurs « veulent des salaires décents, des emplois à plein temps et de bons avantages sociaux. »

Il y a une longue histoire de lutte entre la section locale 597 et les patrons de Dominion. C’est la troisième grève des travailleurs de Dominion à Terre-Neuve depuis 1997.

Le 16 novembre 2003, les magasins Dominion ont mis en lock-out 1 600 membres syndiqués dans ses 15 magasins de la province, quand les travailleurs ont commencé à faire des grèves tournantes contre le gel des salaires. Après trois semaines sur la ligne de piquetage, les deux tiers des travailleurs ont voté pour ratifier un contrat de trois ans avec une augmentation de salaire de 1 $ pour tous les travailleurs.

« Le soutien que nous obtenons est formidable. Tout le monde suit ce qui arrive, parce que nous sommes les premiers à négocier avec Loblaw, » a poursuivi Carolyn Wrice. Les gens ne cessent de venir « à la ligne de piquetage pour apporter de la nourriture et des dons en espèces. »

Loblaw et Dominion appartiennent à Galen Weston, la troisième personne la plus riche du Canada.

Les travailleurs se battent également pour obtenir des congés de maladie payés pour tous les travailleurs des magasins Dominion. Depuis la pandémie, cette question des prestations de maladie a été reprise plus largement dans le mouvement ouvrier.

À Halifax, un contingent de plus de 100 travailleurs, partisans de « 15 $ et de l’équité, » des dirigeants syndicaux et d’autres ont défilé à l’occasion de la fête du Travail pour réclamer 10 jours de maladie payés pour tous.

Trois jours après que les travailleurs Dominion ont mis en place des lignes de piquetage, une autre grève a éclaté dans cette province maritime. Les capitaines des traversiers, représentés par la Guilde de la marine marchande du Canada, ont quitté leur poste le 25 août, après huit ans de négociations avec le gouvernement provincial qui n’ont pas permis d’obtenir une augmentation de salaire ou une nouvelle entente.

Les capitaines de traversiers n’ont pas obtenu l’augmentation de salaire que tous les autres travailleurs de traversiers, représentés par un autre syndicat, ont obtenu en vertu de leurs contrats.

La grève a un impact important sur les îles de la région. Cottel Island ne bénéficie désormais que d’un service d’urgence d’un aller-retour par jour. En raison de la réduction des traversées, la livraison de crabe et de morue à l’usine de transformation de Beothic Fish à Terre-Neuve est suspendue, ce qui pourrait affecter les 350 emplois syndiqués qui en dépendent.

« Les capitaines de traversiers veulent absolument éviter de nuire au public, mais à ce stade, après cette longue saga, ils ont le sentiment de ne pas avoir le choix », a expliqué l’avocat Andrew Nielsen.

Les messages de soutien et les dons à la grève des travailleurs de Dominion doivent être envoyés à la section locale 597 d’Unifor, au 301-55 Bond St., P.O. Box 922 Station C, St. John’s, NL A1C 5L7 et à info@unifor597.ca.